À 26 ans seulement, Camille Yembé a déjà fait du chemin dans la musique : après avoir écrit pour plusieurs artistes (Stefi Celma, Tiakola ou encore Eva), elle est actuellement en tournée, en première partie d’Adèle Castillon. Son 1er EP, Plastique, sorti avant l’été chez Wagram, expose toutes les facettes de la jeune artiste : sa voix unique mélangée à des sonorités soul, électroniques ou encore rock, fruit de ses inspirations plurielles.

De la précarité au sommet, l’odyssée d’une artiste qui refuse les cases

Dans une industrie musicale souvent formatée, certains parcours détonnent par leur authenticité brute. Celui de Camille Yemée, révélée par son titre « Plastique », fascine par sa singularité : d’un call center bruxellois aux studios parisiens, cette jeune femme a su transformer ses blessures en art universel. Entre vulnérabilité assumée et détermination farouche, elle incarne une nouvelle génération d’artistes qui osent être différents. Son témoignage, livré sans filtre, révèle les coulisses d’une ascension qui n’a rien du conte de fées, mais tout de la révolution artistique.

L’art de chérir l’entre-deux : quand la réussite se dessine

« Je chéris ce moment un petit peu où les gens s’intéressent, mais à la fois ça n’a pas encore totalement… ça n’a pas pété quoi », confie Camille Yembe en évoquant cette période charnière de sa carrière. Cette phase d’inconfort créatif, elle la vit comme un privilège rare dans le parcours d’un artiste. « Je suis dans une situation que j’appelle d’inconfortable, dans le sens où tu fais du son, les gens t’ont peu remarquée, mais il faut encore que ça prenne ».

Cette lucidité sur son propre parcours révèle une maturité artistique surprenante. Loin de l’impatience que pourraient ressentir d’autres artistes émergents, elle savoure cette période d’incertitude, consciente qu’elle représente un moment unique. « Quand t’arrives loin de ta carrière, tu dis ‘j’aimerais trop revenir à ce moment-là’ », analyse-t-elle avec une perspicacité saisissante sur la nostalgie qui accompagne souvent le succès.

Cette philosophie de l’instant présent teinte toute son approche artistique, où chaque étape est vécue pleinement, sans brûler celles-ci ni céder à la précipitation du milieu musical actuel.

Des karaokés familiaux à Aznavour : la naissance d’une passion

« En fait, ma maman était très passionnée de musique, de manière très populaire et non intellectuelle si je puis dire », raconte Camille en remontant aux sources de sa vocation. Cette transmission musicale, loin des conservatoires et des méthodes traditionnelles, s’est faite naturellement, entre karaokés improvisés et découvertes radiophoniques. Sa passion naissante s’est cristallisée autour des émissions de télé crochet : « J’étais fan de X Factor, de Nouvelles Stars France, je faisais ma culture musicale grâce à ces concours ». Cette approche peu orthodoxe de l’apprentissage musical révèle déjà une personnalité qui refuse les chemins tout tracés.

Le déclic définitif viendra à 17 ans, avec la découverte de « La Bohème » de Charles Aznavour sur YouTube : « J’ai été très impressionnée par son interprétation, son jeu qui était hyper juste. Je me rappelle avoir pleuré ». Cette révélation marquera sa réconciliation avec la langue française et l’abandon progressif de ses tentatives de chant en anglais approximatif.

Du call center aux studios : le grand saut vers l’inconnu

« J’avais l’impression que je n’allais jamais sortir de là et surtout, je trouvais ça injuste que je ne puisse pas juste prendre une année pour faire d’autres choses », se souvient amèrement Camille de ses années de labeur dans un call center bruxellois. Cette période sombre, marquée par la dépression et le sentiment d’injustice sociale, constituera paradoxalement le terreau de sa future créativité.

Une résidence avec des artistes reconnus comme Damso devient alors une épiphanie artistique qui la pousse finalement à démissionner : « À un moment donné, j’ai dit stop, donne-toi une chance, personne ne le fera pour toi ». Un acte de foi envers elle-même qui transformera radicalement sa trajectoire.

L’alchimie créative : quand l’écriture devient thérapie

L’évolution de Camille Yembé vers l’écriture ne s’est pas faite naturellement : « J’avais ce truc dans lequel j’avais l’impression que c’était vraiment réservé à une élite intellectuelle et littéraire », explique-t-elle, révélant les barrières sociales qu’elle s’imposait inconsciemment. La rencontre avec Gandhi, rappeur belge influent, sera déterminante : « Il me dit, mais comment ça se fait qu’avec cette vie-là, tu ne chantes pas des chansons à toi, je ne comprends pas comment ça fait que tu n’écris pas ».

Cette collaboration avec des artistes reconnus comme Eva Queen, Tiakola ou encore Damso lui permet de se forger une réputation d’auteure talentueuse.  Sa plume trouve alors sa voie dans cette capacité à traduire les émotions universelles avec une acuité particulière, transformant ses propres blessures en matériau artistique précieux.

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Une artiste hors cases : l’assomption de la singularité

« J’ai construit ma culture musicale et mon amour pour la musique de manière très aléatoire », assume Camille Yembe, revendiquant un parcours atypique qui fait aujourd’hui sa force. Cette absence de formatage traditionnel lui permet d’embrasser tous les genres, de « Hey Ya » d’OutKast à « Hier encore » d’Aznavour, sans complexe ni hiérarchisation.

Sa réflexion sur l’époque actuelle révèle une conscience aiguë des enjeux de diversité : « Je pense vraiment qu’on est dans cette époque-là, heureusement, sinon je ne pourrais pas exister ». Cette lucidité sur sa propre différence, loin d’être un handicap, devient son atout majeur dans une industrie en quête d’authenticité.

Son titre « Plastique », véritable manifeste artistique sur la quête d’identité et les masques sociaux, synthétise parfaitement cette philosophie de l’acceptation de soi : « J’aime le fait qu’aujourd’hui, on va vers un truc de ‘sans concession’, j’ai l’impression qu’il y a moyen de trouver sa place dans ça », conclut-elle, incarnant cette nouvelle génération d’artistes qui osent être eux-mêmes.

Pour en savoir plus, écoutez l’émission…