Par
Amandine Vachez
Publié le
12 sept. 2025 à 7h56
Le dispositif est impressionnant, autant par sa taille que par sa performance. À Lesquin (Nord), ville de la métropole de Lille, une station de bornes de recharge électrique XXL, à destination de camions, est en service depuis quelques semaines. Avec ce point d’ancrage stratégique et une autre station similaire à Grande-Synthe dans l’agglo de Dunkerque, le réseau de recharge pour véhicules utilitaires lourds Milence assied son autorité dans des lieux stratégiques.
Bientôt 10 sites en France et 30 en Europe
L’histoire de Milence est ce que l’on appelle une « join adventure ». Créée en juillet 2022, cette coentreprise a été lancée par plusieurs gros actionnaires : Daimler Truck, le groupe Traton et le groupe Volvo. L’objectif : construire et opérer 1 700 points de recharge publics de haute performance en Europe d’ici 2027.
Le site de Lesquin est le 9e en France. Un 10e ouvrira d’ici la fin d’année, et au niveau européen, le réseau annonce 30 stations d’ici décembre, contre 25 actuellement.
Lesquin, un « hub » stratégique
Comme sur le Dunkerquois, Lesquin est un lieu stratégique pour Milence. « Nous sommes juste à côté du CRT et près de l’autoroute A1. L’A1, ce sont 30 000 poids lourds qui passent chaque jour », appuie Alexandre Hélibert, chargé de relations publiques pour Milence. « C’est un ‘hub’ clé pour nous. Nous voulons renforcer notre maillage sur le territoire pour offrir une solution aux transporteurs », et ainsi favoriser l’achat d’une flotte électrique.
Des bornes de recharge électrique XXL pour camions sont en service près de Lille : il s’agit de la 9e station Milence de ce type en France, 30 au total seront en service en Europe d’ici la fin d’année. #etrucks #milence #innovation #lille
45 minutes pour recharger, 500 km d’autonomie
Sur une station comme celle de Lesquin, où les bornes, au nombre de 5, offrent une recharge de 400 kW, il faut peu de temps pour faire plafonner la batterie d’un camion. « Pour la plus grosse batterie, la charge complète, qu’on ne fait jamais car les camions n’arrivent pas à plat, nécessite 1 h 20 ». On est plus sur une durée de 45 minutes, pour une recharge à 80 %. Et à terme, un équipement encore plus performant permettra de charger encore plus vite, annonce l’entreprise spécialisée. « Ce qu’il faut garder en tête, c’est que les technologies des camions évoluent à une vitesse folle », appuie Tony Silva, chargé de vente pour Milence. « Aujourd’hui, un poids lourd fait 500, voire 600 km complètement chargé ».
Avec une batterie à 100 %, les poids-lourds de 2025 peuvent faire 500, voire 600 km, chargés. ©Amandine Vachez
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Un argument de vente de taille pour Patrick Daquin notamment, directeur des ventes sur le secteur pour Man, qui est fier de présenter sur place le modèle dernier cri de la marque : « Nous faisons tout nous-mêmes. Même nos batteries. À 100 %, nos camions ont plus de 500 km d’autonomie, chargés. »
L’électrique, c’est l’avenir du transport. Avec cette masse de technologie, on passe un cap. On a de quoi convaincre les transporteurs.
Patrick Daquin, directeur des ventes chez Man.
S’adapter aux besoins des transporteurs et des chauffeurs pour séduire
Dans une station Milence, tout est pensé pour le confort des transporteurs et des chauffeurs. « Tout est adapté à la pause obligatoire de 45 minutes », annonce Tony Silva. Les sites sont fermés, surveillés, et offrent le nécessaire pour les chauffeurs : un bloc sanitaire, avec toilettes et douches, ainsi qu’un espace de pique-nique et une connexion wi-fi. L’accès se fait sur plaque d’immatriculation et plusieurs moyens de paiement sont possibles (CB, carte Milence ou d’entreprise).
Les sites de Milence, comme celui de Lesquin (Nord), sont sécurisés. Sur place, les chauffeurs d’utilitaires et de poids-lourds électriques ont tout le nécessaire pour une pause, le temps de la recharge du véhicule. ©Amandine Vachez
Milence se vante d’être « à un tarif très attractif en Europe », soit 0,399 euro HT au kWh. De quoi aider à convaincre les entreprises de se mettre à l’électrique, d’autant que « d’ici 2030, le TCO [‘Total Cost of Ownership’, soit ‘Coût total de possession’, ndlr] sur 7 ans d’un camion sera égal ou inférieur au diesel », déclare Tony Silva.
« Bon pour l’environnement et pour les habitants »
Dans cet ambitieux plan de déploiement, Milence trouve chez les pouvoirs publics français une vraie écoute. « Pour le voir à l’échelle européenne, on constate qu’en France, on favorise la démarche. Quand on demande un permis de construire, les choses se font relativement vite », confie le chargé de relations publiques à Lille actu.
Pour Lesquin, avoir un tel équipement sur la commune est un plus. « C’est un réel investissement pour l’avenir », souligne le maire Jean-Marc Ambroziewicz. « C’est bon pour l’environnement et pour les habitants de Lesquin [et des villes voisines], gênés par le trafic extrêmement important et polluant de l’A1. »
Le député Sébastien Huyghe (Ensemble) insiste de son côté sur le positionnement de la Région, précurseure en matière de transition écologique sur les véhicules. « Xavier Bertrand a voulu faire de la région la ‘vallée de la batterie’, avec les gigafactories notamment. »
Même si la planète continue de brûler*, vous faites partie de ceux qui prennent le problème à bras-le-corps pour trouver des solutions.
Sébastien Huyghe, député du Nord.
Que ce soit dans la région ou au-delà, Milence voit déjà loin pour la suite. Pour les détails, il faudra attendre un peu.
*L’élu fait référence au discours de Jacques Chirac au sommet de la Terre de Johannesburg de 2002, lors duquel il a déclaré « notre planète brûle et nous regardons ailleurs ».
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