L’étude de l’IFOP montre également que 75% des Français soutiennent des «garanties de sécurité fortes» et que 72% d’entre eux considèrent la Russie comme une menace.
Une petite moitié. 47% des Français «souhaitent que la France fasse partie des pays volontaires chargés de faire respecter le cessez-le-feu», selon un sondage de l’Institut français d’opinion publique (IFOP), paru ce vendredi 12 septembre. Dans le même temps, 36% s’y opposent et 17% ne savent pas. Cette «coalition des volontaires», portée par Paris et Londres, a été créé en mars 2025 regroupe vingt-six pays, principalement européens. Emmanuel Macron, au cours d’une visite de Volodymyr Zelensky le 4 septembre, a annoncé que les états-majors de ces pays se «coordonnent» pour «déployer des garanties de sécurité pour l’Ukraine» dès «le cessez-le-feu».
«Je ne donnerai pas le détail des forces de réassurance pour ne pas nous découvrir. C’est notre ligne de défense et celle de l’Ukraine. Nous n’allons pas montrer notre plan à la Russie de Monsieur Poutine», avait justifié le président de la République. En mars dernier, un précédent sondage de l’IFOP montrait que 36% seulement des Français étaient favorables à «l’envoi de troupes européennes en Ukraine dans le cadre d’une intervention militaire terrestre». «La tendance semble positive quant à l’envoi de troupes. Toutefois, il faut préciser que la question n’était pas absolument
identique», précise aujourd’hui l’IFOP.
Le Rassemblement national se distingue en étant le seul parti largement défavorable à cette participation avec 35% de ses sympathisants qui s’y opposent. Renaissance et les Républicains y sont respectivement favorables à 75% et 70%. À gauche, la majorité est faible avec 60% pour les écologistes et le Parti socialiste et 57% pour les proches de La France Insoumise. Plus généralement, la fracture est moins politique que professionnelle. Les catégories sociales les plus favorisées soutiennent davantage l’initiative que celles défavorisées. «Plus le revenu est faible, plus on craint pour soi-même et moins on est favorable à ce qui s’apparente à un risque», analyse l’IFP.
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75% des Français soutiennent des «garanties de sécurité fortes» pour qu’un éventuel cessez-le-feu soit respecté. Tous les partis politiques, à l’exception du Rassemblement national (67%), les jugent nécessaires à plus de 80%. Toutefois, la forme que pourraient prendre celles-ci est différente. 61% des sondés souhaitent que l’Ukraine «intègre progressivement l’Otan», 59% que se poursuive la fourniture «d’armes et d’équipements militaires pour assurer sa sécurité», 56% qu’elle «intègre progressivement l’Union européenne». En revanche, une majorité (53%) rejette «l’envoi de troupes occidentales ou européennes en Ukraine comme l’ont fait les États-Unis en Corée du Sud».
La Russie considérée comme une menace pour la souveraineté des états de l’Union européenne
Pour l’heure, aucune chancellerie n’a formulé précisément la forme que pourraient prendre des garanties de sécurité à l’issue du conflit. Emmanuel Macron avait provoqué une bronca en février 2024 en affirmant «qu’il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu». D’autant que l’Ukraine avait déjà reçu des garanties de sécurité en 1994. La Russie s’était engagée, via le mémorandum de Budapest, à respecter les frontières ukrainiennes en échange du désarmement nucléaire de Kiev. Le Royaume-Uni et les États-Unis étaient garants de l’accord. Ce qui n’a pas empêché Vladimir Poutine de conquérir 20% de l’Ukraine vingt ans plus tard.
Les Français, d’après le sondage de l’IFOP, considère à 72% la Russie comme «une menace pour la souveraineté des États de l’Union européenne». Un taux qui s’élève à 90% pour les électeurs du Parti socialiste, mais à 54% au Rassemblement national. «La Russie est un grand compétiteur qui a ouvertement désigné la France comme son premier adversaire en Europe», avait alerté, mi-juillet, l’ancien chef d’état-major des Armées, le général Thierry Burkhard. «C’est assumé : la Russie est construite sur son système de force et qui y consacre aujourd’hui encore des efforts colossaux, qu’on a du mal à imaginer», avait-il ajouté.
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Dans la nuit de mardi à mercredi, Emmanuel Macron a dénoncé «l’incursion de drones russes dans l’espace aérien polonais au cours d’une attaque conduite par la Russie contre l’Ukraine est tout simplement inacceptable». Dix-neuf violations de l’espace aérien polonais, fervent soutien de l’Ukraine, ont été enregistrées. La Pologne, membre de l’Otan et de l’Union européenne, a demandé à l’Otan d’activer l’Article 4 du traité Atlantique qui prévoit des consultations entre alliés en cas de menace contre l’un de ses membres.