Par

Jean-Marc Aubert

Publié le

12 sept. 2025 à 9h19
; mis à jour le 12 sept. 2025 à 10h05

Un étudiant en journalisme, Samuel Clauzier en alternance chez le média Rue89 accuse un policier de l’avoir molesté lors de la manifestation de « Bloquons tout », ce mercredi 10 septembre 2025, dans les rues de Montpellier. Que s’est-il réellement passé ? Va t-il y avoir une suite judiciaire, car le journaliste indique vouloir déposer plainte ? Samuel Clauzier a filmé la scène sur la place de la Comédie, une vidéo en ligne sur les réseaux sociaux, qui sera versée à la procédure judiciaire s’il porte plainte.

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« Alors que je filme une interpellation, un policier de la compagnie d’intervention me prend à partie et m’agresse à plusieurs reprises : étranglement, coups dans mon smartphone. Nombreuses entraves au travail de la presse depuis le début de la journée à Montpellier », a écrit Samuel Clauziel sur son compte X.

Dans un communiqué, l’École supérieure de journalisme -SNJ Pro Campus installée dans la Cité créative à Montpellier « condamne fermement les violences dont a été victime l’un de ses étudiants en journalisme, en reportage dans le cadre d’un cours, lors de la manifestation du 10 septembre à Montpellier.
Cet étudiant, en alternance chez Rue89, était clairement identifié : titulaire d’une carte de presse, porteur d’un brassard «presse» et d’un casque estampillé « presse ». Il s’est également présenté verbalement comme tel aux forces de l’ordre. Malgré ces éléments, il a été violemment pris à partie par des agents censés garantir la sécurité publique ».

Sophie Merle, directrice de l’ESJ Pro Campus ajoute que, « agressé physiquement, l’étudiant, dont une partie du matériel a été cassé, était en situation pédagogique, encadré par notre établissement, et remplissait pleinement sa mission d’observation et de reportage ». Elle rappelle que, « l’exercice du métier de journaliste, y compris en formation, doit pouvoir se faire dans des conditions de sécurité et de respect. Ce type d’agression est
non seulement inadmissible, mais aussi profondément inquiétant pour la liberté de la
presse et pour la formation des futurs professionnels de l’information ».

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Et Sophie Merle de préciser : « L’ESJ Pro Campus apporte tout son soutien à l’étudiant concerné et reste mobilisée pour défendre les droits et la sécurité de ses élèves dans l’exercice de leur mission d’information ». L’ESJ Pro est une filiale du groupe Centre France – La Montagne qui soutient une presse libre, et indépendante ».

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Ce jeudi soir, sur X, le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch a publié une longue mise au point, dénonçant notamment des rumeurs relatives à un tir de LBD -Lanceur de balle de défense- sur des manifestants rassemblés dans le rond-point des Près d’Arènes.

Sollicitée dans l’a foulée par Métropolitain sur les accusations qui journalistela préfecture de l’Hérault réagit : « il  s’avère que les consignes de port du Rio et des caméras piétons  ont été rappelées avant la manifestation, ainsi que les règles principales du schéma national du maintien de l’ordre, le Snmo ».

C’est quoi le Rio dans la police ? Le Référentiel des identités et de l’organisation -Rio- est un numéro d’identification individuel que doivent porter de manière visible sur leur uniforme les policiers et les gendarmes.

Et le Snmo ? Le schéma national du maintien de l’ordre -Snmo– est, en France, un document publié par le ministère de l’Intérieur, qui vise à établir les modalités opérationnelles du maintien de l’ordre par l’ensemble des forces de sécurité intérieures, la police nationale et la gendarmerie nationale). Publié en septembre 2020 par le ministre Gérald Darmanin, le Snmo trouve son origine dans le mouvement des Gilets jaunes, durant lequel les forces de l’ordre ont été débordées en plusieurs occasions ; en juin 2019, le ministre de l’Intérieur d’alors, Christophe Castaner, ouvrait ainsi une réflexion sur l’évolution de la doctrine du maintien de l’ordre. Il fait l’objet de vives critiques des organisations représentatives des journalistes et des associations de défense des droits de l’homme et plusieurs de ses dispositions ont été annulées par le Conseil d’État.

« Un engagement long et difficile »

La préfecture confirme que, « l’engagement des policiers a été extrêmement long et difficile. Certains effectifs ont été engagés de 6h à 17h non stop, de Prés-d’Arènes, au coeur de Montpellier. La vidéo -partielle- diffusée est immédiatement postérieure à un bond offensif d’une unité de la DIPN 34, au bas de la rue de la loge et au pied de l’Opéra Comédie et avait pour fond le fait que le policier aurait été empêché de réaliser les interpellations, par ailleurs demandées en salle opérationnelle, d’où a été donné le feu vert ».

« Pour mémoire le Snmo autorise la presse à effectuer son travail, y compris après les sommations. Pour autant, la presse ne peut s’opposer à la force publique et aux interpellations. Juste avant ces faits, les policiers étaient aux prises de quelques centaines d’individus lançant des projectiles sur les forces de l’ordre et les invectivant. C’est d’ailleurs à ce titre que la majeure partie des interpellations ont été réalisées. Le préfet de l’Hérault dit son attachement à appliquer le Snmo et son attention à ce que chaque partie le fasse », souligne la préfecture de l’Hérault. 

Manifestation illégale

Cette scène d’un policier national molestant le journaliste a eu de nombreux témoins directs, dont un policier en civil de la brigade anti-criminalité -Bac- du commissariat central, accouru pour calmer la situation.

Le préfet de l’Hérault rappelle que cette manifestation de jeudi était illégale, car aucune de demande d’autorisation n’a été déposée en amont, contrairement à la mobilisation prévue jeudi 18 septembre en France, avec un défilé à Montpellier qui s’annonce important, car des syndicats absents dans le cortège ce jeudi, comme les salariés de TaM 3M et de la SNCF annoncent leur présence.

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