“Le Congrès, organisé à Lyon du 17 au 19 septembre, devrait être un événement record, ne serait-ce qu’au regard des chiffres”. Temps fort des professionnels du chiffre et du droit franciliens, les Universités d’été ont permis à Damien Charrier, président du CNOEC, de glisser quelques mots à l’adresse de ses confrères, lors de l’assemblée générale de l’OEC Paris Île-de-France

Renforcer la marque experts-comptables

Accueilli par Virginie Roitman, présidente de cet ordre régional, l’élu normand a rappelé les axes forts de sa mandature, débutée en décembre 2024, à commencer par l’objectif de renforcer la marque des experts-comptables, “qui fera l’objet d’une annonce technologique la semaine prochaine”. Le CNOEC travaille aussi à renforcer la présence des experts-comptables vis-à-vis de l’ensemble de leurs interlocuteurs, “y compris dans le monde économique et politique”. La profession étant un tiers de confiance dans un certain nombre d’administrations, “connaître les contraintes des uns et des autres sur les circuits administratifs” et travailler à les alléger reste important. 

La nouvelle mandature s’est par ailleurs engagée à être utile aux professionnels “en prenant les sujets à bras-le-corps”, notamment en “traitant les irritants identifiés”. Ce point fera d’ailleurs l’objet de développements lors du Congrès de Lyon. “Nous travaillons également sur la trajectoire de développement de l’activité des cabinets et des compétences, un travail déjà bien initié lors de la précédente mandature avec les programmes de formation, initiale et continue”, a expliqué Damien Charrier. L’idée est d’ancrer la profession dans la modernité. 

Pour soutenir ces objectifs, de nouveaux secteurs ont été créés au sein du Conseil national, notamment le secteur d’influence et de simplification. Celui-ci traite les sujets comptables, sociaux, fiscaux, sous l’angle de la simplification continue.

La dynamique des territoires

Un autre secteur traite de la dynamique des territoires. Comme le président l’a rappelé, la profession compte 22 000 experts-comptables partout en France, en métropole et outre-mer. Il s’agit d’un “vrai réseau de proximité”, avec 190 000 collaborateurs qui accompagnent près de 3,5 millions d’entreprises au quotidien. “Nous avons cette capacité collective à faire avancer des projets structurants pour l’économie française”, a estimé Damien Charrier. 

A.P. – Virginie Roitman, présidente de l’OEC Paris Île-de-France (au centre), lors de l’intervention de Damien Charrier. 

Pour lui, l’action ne doit pas uniquement se décider au CNOEC, mais elle doit être déclinée et adaptée en fonction des dynamiques régionales, des tempéraments et des modes d’exercice. 

Virginie Roitman fait partie intégrante de cette dynamique, puisqu’un peu plus d’un quart des experts-comptables exerce en Île-de-France. C’est d’autant plus important qu’elle participe à ces sessions de travail”, a souligné le président du CNOEC. 

La durabilité du modèle économique des cabinets en question

Le troisième secteur mis en place par la nouvelle mandature se concentre sur le modèle économique durable des cabinets, “une innovation majeure”. Pour Damien Charrier, les experts-comptables doivent prendre conscience que la chaîne de valeur de la profession sera fortement impactée par les innovations technologiques comme l’IA, la facture électronique et la robotisation. “Chaque cabinet doit s’interroger sur ses compétences, ses missions et faire évoluer son modèle. C’est un engagement de long terme”, a-t-il alerté. 

Sur ce point, le congrès donnera la part belle à des témoignages de dirigeants de cabinets, qu’ils officient au sein de grandes ou de petites structures. Ils donneront leur point de vue sur les évolutions du marché, la chaîne de valeur et les mesures mises en place pour anticiper ces mutations. 

Le “grand projet” de la facture électronique

Sur un plan plus concret, la facture électronique fait partie des trois grands projets de la mandature. Damien Charrier a notamment évoqué le combat de la profession pour convaincre les parlementaires de ne pas revenir sur le calendrier initial. “Ce n’est pas uniquement une question française, mais un mouvement européen et mondial, avec une généralisation prévue à l’horizon 2030”, a-t-il poursuivi, avant de saluer l’action de toutes celles et ceux qui se sont impliqués sur le terrain dans ces efforts de lobbying politique. 

La journée dédiée à ce thème a permis de révéler la possibilité d’utiliser un mandat pour le compte de son client afin d’opérer le choix des plateformes agréées. Lors du congrès, le CNOEC dévoilera un guide dédié, afin de soutenir les professionnels dans les meilleurs choix en matière de fonctionnalités, de coût et de sécurité des données, toutes les plateformes ne proposant pas les mêmes garanties sur ce dernier point.

Le CNOEC tient par ailleurs à jour un centre de ressources, e-FAC expert, où se trouve toute la documentation sur la facture électronique. 

L’institution continuera aussi à dialoguer avec les fédérations professionnelles qui peuvent avoir des besoins spécifiques, par exemple dans le bâtiment ou l’hôtellerie-restauration, pour faire de la pédagogie et accompagner ces secteurs.

Sur la communication, une campagne est prévue – précédant de peu celle de l’administration fiscale – pour rappeler que la facture électronique est le sujet naturel de l’expert-comptable et qu’il faut prendre le temps de choisir (certaines plateformes n’étant pas bienveillantes à l’égard de la profession). 

Face à l’échéance de septembre 2026, le cabinets vont devoir se réorganiser, avec des ressources adaptées, soit en spécialisation, soit en mutualisation. “Le sujet, c’est qu’il faut faire adhérer tous nos clients durant la période fiscale”, a insisté Damien Charrier. 

Une identité numérique professionnelle en préparation

Un autre projet, qui sera approfondi lors du congrès, traite de la création d’une identité numérique professionnelle, la “brique centrale” de ce qui permettra demain aux professionnels de se connecter à un certain nombre de systèmes d’information. D’abord pour se mettre à jour en matière de cybersécurité. Selon une étude récente du CNOEC, c’est l’une des préoccupations principales des cabinets, qui sont clairement identifiés comme des cibles. “Il faut monter en niveau d’exigence sur le sujet”, a donc assuré Damien Charrier. À ce titre, le Comptexpert, la clé d’entrée sur l’ensemble des applications, sera mis à jour. 

Cette identité renforcera la marque d’expert-comptable, contribuant par ailleurs à lutter contre l’exercice illégal. “La technologie peut nous aider à prendre un virage décisif sur le sujet”, a estimé le président du CNOEC. 

Le dernier projet concerne les enseignements du premier Panorama des techs de la profession comptable, réalisé par l’Observatoire avec le soutien de l’Ordre. Cette étude, qui sera consultable sur le congrès, propose une cartographie inédite des technologies qui transforment les métiers du chiffre. 

“Chère Virginie Roitman, le congrès de 2026 se tiendra en Île-de-France, chez vous. Votre challenge sera de battre les effectifs lyonnais, soit 8200 personnes à date. Vous avez un réservoir important dans une région très dynamique, je suis sûr que vous relèverez ce challenge”, a conclu le président.

©AP – Virginie Roitman a rassemblé son équipe avec émotion pour sa dernière assemblée générale.