L’intrusion de 19 drones présumés russes en territoire polonais dans la nuit du 9 au mercredi 10 septembre renforce l’escalade militaire en Europe. Interrogé jeudi sur cet incident diplomatique majeur, Donald Trump a, comme à son habitude, partagé son mécontentement.
Le président états-unien a sous-entendu que cette incursion « a pu être une erreur ». « Nous aussi, nous préférerions que l’attaque de drones contre la Pologne soit une erreur. Mais ce n’en est pas une. Et nous le savons », lui a répondu le premier ministre polonais, Donald Tusk, sur X.
Paris convoque l’ambassadeur de Russie en France
Bien que Moscou ait rejeté toute responsabilité, les autorités polonaises excluent l’hypothèse d’une déviation accidentelle des drones jusque sur leur sol, qui aurait par exemple pu découler du brouillage électronique de la défense antiaérienne ukrainienne. Elles ont déclaré avoir récupéré 17 drones ou débris de drones de facture russe, sans que leur chute n’engendre de dégâts matériels importants, ni de blessés.
Face à la gravité de la situation, le ministre démissionnaire des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, a convoqué l’ambassadeur de Russie en France vendredi 12 septembre pour tenter d’obtenir des explications. « Nous allons lui dire (…) que nous ne nous laisserons pas intimider, a-t-il prévenu sur France Inter. Intentionnel ou non, accidentel ou non (…) Tout cela est absolument inacceptable. Tout cela vient s’ajouter aux innombrables provocations de Vladimir Poutine ».
Ces derniers jours, la Pologne, la Suède, les Pays-Bas, la République tchèque, la Roumanie, la Belgique et l’Espagne ont eux aussi convoqué les ambassadeurs de Russie ou les chargés d’affaires des représentations diplomatiques russes.
Macron envoie trois Rafale pour protéger l’espace aérien polonais
Le chef de la diplomatie française sortante a également indiqué que la France avait « immédiatement marqué sa disponibilité pour contribuer davantage encore au renforcement de la protection de ce qu’on appelle le flanc Est de l’OTAN (est de l’Europe) ».
De quoi s’inscrire une fois de plus dans la fuite en avant militariste du continent promue du premier chef par la Commission européenne et son hyperprésidente Ursula von der Leyen. Le président Emmanuel Macron suit également le mouvement puisqu’il a annoncé jeudi soir que la France déploierait trois chasseurs Rafale « pour contribuer à la protection de l’espace aérien polonais ».
En déplacement à Kiev ce vendredi, le ministre des affaires étrangères polonais, Radoslaw Sikorski, doit rencontrer son homologue ukrainien, Andrii Sybiha.
« Nous tiendrons aujourd’hui des discussions substantielles sur notre sécurité commune, l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et à l’OTAN, ainsi que sur la pression à exercer sur Moscou », a affirmé ce dernier. De son côté, Varsovie a établi une zone d’exclusion aérienne à la frontière entre la Biélorussie – allié privilégié du Kremlin – et l’Ukraine, mesure censée être en vigueur jusqu’au 9 décembre.
Des exercices militaires conjoints entre la Russie et la Biélorussie
Dès mardi 9 septembre, décision a été prise de fermer la frontière avec la Biélorussie en raison des manœuvres militaires conjointes entre Minsk et Moscou prévues du 12 au 16 septembre au Bélarus, en Russie, ainsi qu’en mer de Barents et en mer Baltique.
Ces exercices d’ampleur, baptisés Zapad-2025 (Ouest-2025), sont les premiers à se dérouler depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022.
« Nous appelons Varsovie à réfléchir aux conséquences de telles mesures contreproductives (…) Il est évident que les mesures de confrontation prises par les dirigeants polonais ne suivent qu’un seul objectif : justifier une politique d’escalade des tensions dans le centre de l’Europe », a signalé la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, en marge de ces exercices militaires.
Pendant ce temps, la « guerre des drones » se poursuit : d’après les autorités ukrainiennes, Moscou a lancé 40 engins sur Kiev cette nuit, dont trente-trois ont été abattus ou neutralisés. C’étaient 458 drones et missiles lancés dans la nuit du 9 au 10 septembre. Suite à la violation de l’espace aérien de la Pologne au même moment, le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunit en urgence, ce vendredi, à la demande de Varsovie.
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