Thomas Legrand, ici au micro de France Inter, au mois d’avril 2025.

Capture d’écran France Inter

Thomas Legrand, ici au micro de France Inter, au mois d’avril 2025.

MÉDIAS – « Quand c’est filmé, et que c’est monté : ça crée le “Coucou Gate”. » Ces mots, ce sont ceux de Thomas Legrand qui, ce vendredi 12 septembre, s’est exprimé de vive voix pour la premier fois à l’antenne de France Inter pour établir sa vérité concernant la polémique l’entourant lui et Patrick Cohen, accusés d’avoir manqué de neutralité journalistique.

« On ne peut prendre aucune décision ou jugement avec ce qui a été diffusé. C’est un montage, a martelé le journaliste. Sur une des minutes qui a été diffusée, il y a onze points de montage. Je ne sais même pas si le début correspond à la fin. Tout est tronqué. Je demande aux auditeurs de ne prendre aucune décision en fonction de ce qui est un montage ou une manipulation. »

Dans une séquence mise en ligne par le média d’extrême droite L’Incorrect tout début septembre, Thomas Legrand et son confrère Patrick Cohen sont aperçus en train d’échanger avec Pierre Jouvet, secrétaire général du PS, et Luc Broussy, président du conseil national du même parti.

Au cours de leur discussion, où est aussi évoquée la stratégie de la gauche en vue de la présidentielle de 2027, Thomas Legrand déclare notamment : « nous avons fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick et moi. » Des propos qui lui ont valu d’être accusé d’avoir pris parti contre la ministre sortante de la Culture.

L’invitation au Coucou

Dans un message publié sur X, cette dernière, investie comme candidate des Républicains à la mairie de Paris, a demandé que des mesures soient prises envers les deux chroniqueurs, dénonçant des « propos graves et contraires à la déontologie ».

« Complot », « infiltration », « mafia »… Très rapidement, les critiques ont fusé envers les deux journalistes, aussi bien du côté des Républicains, que du Rassemblement national et de La France insoumise. Si Patrick Cohen a été maintenu chez France Inter, Thomas Legrand a pour sa part renoncé à animer l’émission de débat qu’il devait présenter chaque dimanche.

Ce vendredi, il en dit plus. « Ce rendez-vous au café Le Coucou, dans le 7e arrondissement de Paris, m’a été demandé par un socialiste que je connais. Il voulait me présenter Pierre Jouvet, que je ne connaissais pas. » Surtout, précise-t-il, « ils voulaient que je leur présente Patrick Cohen parce qu’ils n’étaient pas contents de l’édito qu’il avait fait chez France Inter, et du mien dans Libération. »

Patrick Cohen était là au titre de France Inter, radio du service public pour laquelle il est éditorialiste depuis cette saison. Thomas Legrand, celui de Libération. En aucun cas pour ses émissions En quête de politique, qu’il animait chaque semaine sur la première radio de France jusqu’au mois de juin dernier.

Sibyle Veil et Delphine Ernotte à l’Arcom

« Le début de notre conversation était un petit peu tendu, parce qu’ils n’étaient pas contents. C’était une explication de gravure. Et c’est normal. En tant qu’éditorialiste, je commente. Je leur dois des explications quand ils ne sont pas contents », précise Thomas Legrand.

Avant d’ajouter : « Je fais des analyses. Et tout ce que j’ai dit dans ce restaurant, je l’ai écrit dans Libération. Je sais que c’est très compliqué à comprendre pour les auditeurs, mais on doit rencontrer des hommes politiques. Ça se passe bien, ça se passe mal… Et quand ça se passe mal, on essaye d’avoir l’air plus sympa avec eux. »

Un point de vue partagé par Patrick Cohen qui, à l’antenne de C à vous, a alerté sur « les bouts de phrase » de leur discussion pris au hasard et dénoncé le caractère « complètement manipulatoire ». Tandis que les deux hommes ont annoncé vouloir porter plainte, le PS s’est, lui, défendu en assurant qu’« aucune collusion n’existait » entre le parti et les journalistes.

Une problématique à laquelle les deux cheffes de France Télévisions et Radio France, Delphine Ernotte et Sibyle Veil, devront de leurs côtés répondre prochainement dans le cadre d’une audition à huis clos à l’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel. Le comité d’éthique de France TV a estimé pour sa part que Patrick Cohen n’est pas en faute.