Professeur de danse retraitée et syndicaliste, Tarlan a toujours pris soin de Zara depuis que celle-ci a perdu sa mère biologique, il y a des années de cela. Si bien que Zara a suivi son exemple et est devenue, à son tour, professeur dans la même école. Un jour, découvrant que sa protégée est battue par son époux Solat, un homme riche et puissant, la vieille femme tente vainement de raisonner celui-ci et aperçoit très vaguement, au domicile du couple, un corps inanimé. Solat affirme qu’il s’agit d’un homme, d’un amant de Zara. Incrédule, Tarlan comprend très vite que la pauvre femme a été tuée par son mari. La syndicaliste va alors chercher à obtenir justice pour son amie et se heurter à la mauvaise volonté des autorités ainsi qu’à diverses tentatives d’intimidation…
La jeunesse iranienne, porteuse d’espoir
Réalisé par Nader Saeivar, mais scénarisé et monté par le cinéaste dissident Jafar Panahi, La femme qui en savait trop s’inscrit dans ce sillon du cinéma iranien qui, depuis le mouvement « Femme, Vie, Liberté » en 2022, a décidé de tirer à boulets rouges sur le régime des mollahs – on pense aux récents Tatami, Les Nuits de Mashhad, Les Graines du figuier sauvage, Lire Lolita à Téhéran et 7 jours.
Comme ses prédécesseurs, le film de Saeivar nous dépeint une société iranienne au bord de l’implosion, où les injustices accumulées depuis la révolution de 1979 ont nourri une vive colère dans la population que la simple répression par le pouvoir en place ne parvient plus à endiguer. En atteste cette séquence finale éloquente qui nous montre que si les puissants n’ont toujours pas de comptes à rendre, la jeunesse iranienne, porteuse d’espoir, aura le fin mot.
Un poil décevant mais courageux
Affublé, en France, d’un titre hitchcockien, suggérant à tort une intrigue chargée de tension, de mystères et de fausses pistes, La femme qui en savait trop risque bien de se mettre à dos une partie des spectateurs, déçus de découvrir un film politique plus prosaïque qu’il ne le laisse imaginer. Une fois de plus, le distributeur a mal fait son travail. Shahed, dans son titre original (qui signifie simplement « le témoin »), n’ambitionne nullement le grand spectacle. On eût d’ailleurs apprécié – nous le confessons volontiers – plus de tension dans l’écriture et dans le montage.
D’une qualité moindre que les films cités précédemment, celui-ci n’est pourtant pas déméritant. Prix du public au festival de Venise, dans la section « Orizzonti », La femme qui en savait trop a été tourné clandestinement en Iran avant que le cinéaste ne s’exile pour Berlin. Il faut dire, aussi, que son choix de confier le rôle principal à Maryam Boubani, l’une des premières comédiennes à avoir retiré leur voile après la mort de Mahsa Jîna Amini en 2022, laissait peu de doute quant aux intentions du film…
3 étoiles sur 5
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