Par

Anthony Soudani

Publié le

12 sept. 2025 à 16h48

Cinq parlementaires du Rhône, dont trois de la France insoumise et deux des Écologistes, sont allés visiter les cellules de garde à vue du commissariat de police de Lyon 8e, situé rue Bataille, juste après la manifestation qui a débordé mercredi 10 septembre. 
À savoir que la loi du 15 juin 2000, visant à renforcer la protection de la présomption d’innocence et les droits des victimes, leur autorise ce type de déplacement.
Une initiative qui fait polémique. Pierre Oliver, élu lyonnais de droite, critique vivement ces visites qu’il qualifie de « scandaleuses », tandis que Gabriel Amard, député insoumis de la 6e circonscription du Rhône, s’explique sur ce choix.

« Les députés écologistes vont voir ceux qui ont cassé »

Les parlementaires ont donc pu entrer au sein du commissariat où se trouve la cellule judiciaire mise en place pour traiter les procédures liées aux manifestations du 10 septembre. Dans ces lieux se trouvaient 25 personnes arrêtées, suspectées de violences durant le rassemblement. 

Visualiser le contenu sur Instagram

Cette visite provoque aujourd’hui la colère de leurs opposants politiques. Pierre Oliver, maire LR du 2e arrondissement et candidat rangé derrière Jean-Michel Aulas, « trouve ça scandaleux ». L’élu pointe du doigt le comportant des députés rhodaniens. « On a le maire écologiste de Lyon qui vient à la rencontre des commerçants vandalisés rue Victor-Hugo et, dans le même temps, les députés écologistes vont voir ceux qui ont cassé. Il y a un double discours. »

Pierre Oliver : « Je trouve ça odieux »

Il l’affirme : « Pour avoir assisté à une partie de la manifestation dans le 2e arrondissement, les policiers attrapent les plus violents. Ils vont voir les délinquants alors qu’on a des victimes en ville (NDLR les commerçants). Ils étaient au chevet des casseurs, je trouve ça odieux. »

Le restaurant McDonald's a été attaqué par des casseurs rue Victor Hugo.
Le restaurant McDonald’s a été dégradé par des casseurs rue Victor-Hugo, à Lyon, le 10 septembre. (©Julien Damboise/ actu Lyon)

Pierre Oliver, principal opposant des Écologistes à Lyon, en rajoute une couche : « Je trouve ces visites insupportables, surtout quand on sait la complicité indirecte de la Métropole écologiste qui a laissé tous les chantiers en plan, sans les vider. Par amateurisme, ils n’ont même pas demandé à faire débarrasser les chantiers. Mercredi, nous avons eu des dégâts qu’on aurait pu éviter si chacun avait pris ses responsabilités. »

Gabriel Amard (LFI) venu soutenir un militant syndiqué interpellé la veille

À noter la présence en cellule d’un leader de la lutte syndicale, arrêté la veille du rassemblement à son domicile. Il est suspecté d’être proche de l’ultra-gauche et d’avoir déposé une bouteille contenant du matériel de mise à feu sur le lieu de la manifestation du 10 septembre, du côté de Perrache.

Votre région, votre actu !

Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.

S’incrire

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Gabriel Amard, député LFI, s’est rendu dans les locaux de garde à vue du commissariat de Lyon 8e. 

« Ce qui a été le fait déclencheur pour moi, c’est que la veille du 10 septembre, un syndicaliste a été arrêté à son domicile, puisqu’il était considéré comme un mis en cause par le parquet de Lyon. Il a été perquisitionné alors qu’il n’a jamais été sur le site de la manifestation, soutient l’élu insoumis. Quand j’ai essayé de comprendre, on a refusé de me répondre. Je suis donc allé m’assurer si ces conditions de détention étaient normales. »

« S’assurer que tout se passe bien ne veut pas dire cautionner la violence et la casse »

Gabriel Amard n’a pas pu communiquer avec lui. « Avec mes camarades, nous avons montré que nous étions attentifs par notre présence. Nous en avons profité pour nous assurer que l’ensemble des ‘gardés à vue’ étaient correctement traités selon les lois de la République. D’ailleurs, le commissaire présent a tout fait pour faciliter cette visite. »

Vivement critiqué par Pierre Oliver, le parlementaire insoumis affirme que « s’assurer que tout se passe bien ne veut pas dire cautionner la violence et la casse ». Il insiste : « Je ne suis pas d’accord avec cette approche caricaturale. »

Avant de poursuivre : « Je vais répondre comme Jean-Luc Mélenchon a répondu au 20h de France 2. Casser ne mène à rien. La violence se retourne toujours contre l’idée même d’un mouvement. Là, il s’agit de se mobiliser contre l’austérité budgétaire, un autoritarisme d’État qui ne respecte ni les élections et le mouvement social. Casser nuit à la mobilisation qui doit être pacifique, surtout si on veut que la diversité du peuple de France s’y retrouve. Je ne suis pas d’accord avec les actes de vandalisme. Je n’excuse pas mais j’entends que cela révèle la souffrance de la jeunesse de notre pays. »

Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.