Vous étiez passés entre les mailles de l’engouement pour le marathon sur les réseaux mais cette année, c’est un nouveau concept qui fait parler. Si vous êtes plus fêtard que sportif alors vous avez sûrement déjà entendu parler des barathons. Le concept, souvent destiné aux étudiants, consiste à enchaîner les verres, payants et offerts, dans plusieurs bars d’une même ville dans un esprit « festif ».
Les 16 et 17 octobre, la « tournée des bars nantaise », comme se définit l’événement sur son site Internet, promet une soirée « années 2000 » dans 18 établissements de la cité des ducs. Si l’ambiance s’annonce bon enfant, les élus locaux et plusieurs collectifs voient rouge.
Consommation d’alcool
Dans un communiqué cosigné et publié le 8 septembre, plusieurs adjoints à la maire de Nantes, des représentants de l’université de la ville ainsi que plusieurs organismes de l’hôtellerie et de la restauration dans la région accusent les organisateurs du barathon de « promouvoir une tournée des bars auprès d’un public majoritairement jeune, en mettant en avant une consommation d’alcool à des tarifs attractif, dans un format festif et incitatif ».
« Nous nous étions déjà opposés à la première édition du barathon à Nantes », rappelle Gildas Salaün, adjoint à la maire de Nantes en charge du centre-ville, des commerces et de la ville de nuit. Mais l’événement se déroulant dans des établissements privés, la mairie ne peut en interdire son organisation. « Au cours de cette soirée, quatre jeunes en état d’ébriété ont été interpellés, dont un pour agression sexuelle », avance l’élu. Pour lui, les conditions de l’événement vont à l’encontre des messages de prévention mis en place par la mairie : « nous ne sommes pas contre les soirées étudiantes mais elles doivent se dérouler dans un cadre qui permet la sécurité de tout le monde et d’assurer le respect du voisinage et les règles collectives ».
« Si un client est ivre, je ne le sers pas »
Contactés par les services de la ville, les bars partenaires ont souligné « l’importance de ces festivités pour leur activité ». « La rentrée se déroule dans un contexte compliqué pour tout le monde », nuance le dirigeant d’un des 18 établissements concernés, « nous sommes là pour faire en sorte que les jeunes passent un bon moment ».
A la tête d’un bar emblématique de Nantes depuis plusieurs années, le patron se dit conscient des dangers qu’un tel concept peut engendrer. « Nous ne pouvons pas servir n’importe qui n’importe comment sous prétexte que nous sommes dans le cadre d’un barathon, appuie-t-il, si un client est ivre, je ne le sers pas. » Pour lui le principe est simple : si la fête vire au fiasco, « on arrête le service ». S’il entend les réticences de la mairie, ce responsable assure que l’événement sera bien encadré. « Je ne vois pas l’intérêt d’une telle interdiction, des agents de sécurité seront présents pour gérer les possibles débordements », continue ce dernier.
Pourtant, la mairie pointe du doigt le manque de responsabilité des organisateurs de l’événement à l’échelle nationale. A ce jour, « il apparaît difficile d’identifier le ou les responsables […] de l’organisation du grand barathon, dénonce le communiqué, or, toute initiative de cette ampleur doit s’appuyer sur un responsable dûment identifié et en capacité d’assurer la responsabilité juridique et opérationnelle de l’événement ».
N’étant pas en mesure d’interdire le programme, la mairie indique mobiliser la police municipale sur les lieux afin d’éviter que la fête vire au drame.