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Un casting pour une série documentaire sur France 3 a déclenché une vive émotion à Agen. La raison : une évocation visuelle de Marion Wagon, fillette disparue en 1996, sans que sa famille en ait été informée. Face à la polémique, Thierry Fournet, co-réalisateur, s’explique et tente d’apaiser les tensions.
L’annonce a enflammé les réseaux sociaux dès sa diffusion. La société de production Amda, basée à Villeneuve-lès-Avignon, a lancé un casting pour une « série documentaire France 3 », intitulée provisoirement « Zones d’ombre », avec une évocation visuelle d’une fillette de 10 ans. Très vite, les éléments décrits – cheveux châtains, coupe au carré avec frange, chemisier à carreaux, bandeau – ont semé le trouble : la ressemblance avec Marion Wagon, disparue à Agen en 1996, était flagrante.
Une image, vraisemblablement générée par intelligence artificielle et inspirée des célèbres avis de recherche diffusés à l’époque sur les briques de lait, a achevé de provoquer la stupeur. Mais ce qui a mis le feu aux poudres, c’est l’absence totale d’information donnée à la famille. « C’est moi qui ai dû l’annoncer aux parents », s’est indignée Annie Gourgue, présidente de l’association La Mouette. « Michel, le père de Marion, n’était même pas au courant. Franchement, c’est plus que choquant. »
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Sur les réseaux, les commentaires ont fusé : « Votre post est trop flou, il ouvre la porte à toutes les interprétations », a reproché un internaute. Une autre s’insurge : « Il faudrait éviter qu’elle ressemble à Marion. Tous les Agenais vous le diront. » Face à l’ampleur de la polémique, Thierry Fournet, co-réalisateur de la série, sort du silence. Il revient longuement sur les intentions du projet, prévu pour une diffusion sur France Télévisions en novembre 2026 : « Ce sera une série documentaire en six épisodes de 40 minutes. On parlera de plusieurs disparitions non élucidées, dont celle de Marion Wagon, pour coïncider avec les 30 ans de sa disparition. »
Le cas Marion est confié à la co-réalisatrice Lise David, en lien avec Maître Catala, l’avocat de la famille : « Il nous a demandé d’attendre la rentrée pour contacter les parents. Nous avons respecté sa demande. Il avait validé le principe du projet. »
La fameuse image numérique ? « Un outil interne, destiné à nous aider à trouver une figurante. Il ne devait jamais être diffusé seul, ni interprété. On voulait seulement tourner une scène muette, sans visage reconnaissable, où une fillette marche dans la rue où Marion a disparu. Une simple évocation, pas une reconstitution. »
« On veut faire les choses bien, avec respect »
Mais la douleur reste vive à Agen. « Nous venons de l’extérieur, et cela a pu créer un décalage. Nous pensions agir avec respect », reconnaît Thierry Fournet. Avant de lâcher : « Nous sommes désolés d’avoir choqué Agen. « Le réalisateur assure que le tournage n’est pas imminent : « Il est prévu pour novembre 2025. Nous sommes encore dans la phase préparatoire. Le travail est long, méticuleux. On veut faire les choses bien, avec respect. »
« Zones d’ombre » n’a pas vocation à faire de l’audience facile : « On est loin des reconstitutions à sensation. Ce qu’on cherche, c’est l’émotion juste, pas le choc. On veut parler de la douleur, mais avec pudeur. Dire l’attente, l’incertitude, l’absence, sans bruit. Ce n’est pas qu’un projet de télévision : c’est une tentative de mémoire. »