L’ancien premier ministre a réagi sur X à la décision de Fitch de dégrader la note souveraine française de AA- à A+, ce vendredi.
«Un pays que ses « élites » conduisent à refuser la vérité est condamné à en payer le prix.» C’est avec ces mots que François Bayrou a réagi ce vendredi soir à la dégradation de la note de la France par l’agence américaine Fitch Ratings, qui fait passer le pays de AA- à A+. Une décision prise dans un contexte de crise budgétaire et politique sans précédent, après la chute du gouvernement le 16 janvier.
Aussitôt posté, aussitôt commenté. Le tweet de l’ancien premier ministre a, en effet, immédiatement déclenché une avalanche de réactions. «Vous êtes responsable. Vous nous manquerez pas (sic)», lui rétorque un internaute. «Le culot», renchérit un autre. De son côté, Charles-Henri Gallois, conseiller économique de Jordan Bardella, ne mâche pas ses mots : «Vous avez soutenu tous les budgets macronistes depuis 8 ans. Votre budget augmentait la dépense publique de 30 milliards d’euros et pratiquait un racket fiscal de 20 milliards d’euros. Ayez au moins un peu de décence.»
«Instabilité»
La dégradation de la note, qui mesure la capacité de la France à rembourser sa dette colossale, marque un tournant pour le pays. En lui attribuant l’équivalent d’un 16/20, Fitch fait basculer la France dans la catégorie inférieure, de qualité «moyenne supérieure», contre «bonne ou haute» jusqu’ici. Ce qui pourrait conduire des investisseurs à vendre leurs titres de dette pour des placements moins risqués et entraîner des hausses de taux. Cela alourdirait encore plus les intérêts payés par la France pour rembourser sa dette, estimés à environ 55 milliards d’euros en 2025, alors que depuis la dissolution en juin 2024, la dette française se négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l’espace d’une journée, mardi, celui de l’Italie.
Cet abaissement est le deuxième de la note française par Fitch depuis avril 2023, l’agence ayant alors invoqué les fortes tensions sociales liées à la réforme des retraites. Mais l’agence américaine sanctionne aussi l’incapacité des quatre gouvernements qui se sont succédé en un an à réduire le déficit public. Après un pic à 5,8% du PIB en 2024, le solde budgétaire devrait théoriquement atteindre -5,4% cette année.
«La chute du gouvernement lors d’un vote de confiance illustre la fragmentation et la polarisation croissante de la politique intérieure», a indiqué Fitch dans son communiqué. Puis d’ajouter : «Cette instabilité affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre une consolidation budgétaire d’ampleur.» L’agence estime désormais improbable que la France ramène son déficit sous la barre des 3% du PIB en 2029, comme l’ambitionnait le gouvernement Bayrou avant sa chute.
Alors que François Bayrou visait un retour à -4,6% du déficit en 2026 grâce à un effort de 44 milliards d’euros, la plupart des prévisionnistes tablent désormais sur un budget à l’ambition réduite de moitié. Au mieux, le déficit ne reviendrait qu’à -5%. Un constat qui sonne comme un désaveu pour l’exécutif et l’ancien premier ministre.