Restaurant en rooftop, piscine extérieure, salle de séminaire ou encore espace bien-être. Avec 55 chambres, dont plus de la moitié avec balcon et vue sur la Méditerranée, le futur établissement « quatre étoiles supérieur » imaginé de part et d’autre du boulevard Toucas, à la place de l’ancien Hôtel de la Mer, promettait d’en mettre plein les yeux. Et ce, dès 2026. Sauf que, d’après nos informations, le fameux projet, dont la réalisation sur les hauteurs du Mourillon devait être assurée par Eiffage immobilier, ne verra pas le jour.

Contactée, l’entreprise ne nous a pas répondu. Du côté de la mairie, on se contente de glisser que le permis déposé il y a deux ans n’a pas été retiré. Une chose est sûre: aucun engin de chantier n’a pointé le bout de sa pelle ces deniers mois au pied de cette ruine Art déco. Le seul changement visible est intervenu avant l’été: les accès de l’immeuble abandonné ont été condamnés par la Ville, histoire de stopper les intrusions qui pourrissaient la vie des habitants du quartier

Deux maisons en bas…

Mais c’est fin août que l’événement le plus important, finalement, s’est produit. En contrebas de la grande façade blanche, de l’autre côté de la rue, un panneau discret a été installé. Il indique la création, sur cette parcelle, de « deux lots à bâtir », là où devait pousser un édifice en R + 2 avec 14 chambres et un parking couvert de 16 places. « C’est une déclaration préalable de division de terrain, qui précède une demande de permis de construire », nous éclaire Mohamed Mahali, élu en charge de l’urbanisme.

« On peut deviner la création de deux maisons individuelles à cet endroit », poursuit-il. À la baguette: la société Suprana, qui a donc négocié directement avec les propriétaires de l’ex-Hôtel de la Mer. Mais quid de la partie du haut, où trône justement l’ancien établissement construit en 1926, et qui a fermé ses portes il y a vingt ans? « Pour l’instant, officiellement, il n’y a rien de nouveau », glisse encore l’adjoint au maire, qui évite soigneusement de trop s’épancher sur la question.

Il faut dire que le sujet est pour le moins sensible, tant les projets divers et variés se sont succédé ces dernières années. Chaque fois balayés par un propriétaire insatisfait, des investisseurs frileux, une mairie dubitative ou des riverains franchement hostiles. L’an dernier, les voisins s’étaient ainsi constitués en collectif pour dire tout le mal qu’ils pensaient de la perspective d’accueillir une nouvelle enseigne dans les parages, si cossue soit-elle, avec son lot de possibles nuisances qui vont avec.

« Il y avait cette histoire de rooftop qui nous promettait quelques nuits blanches », récapitule l’un d’eux « Sans parler de la circulation… » Un des initiateurs de ce mouvement de grogne, Bertrand Adelus, ne cache pas qu’il a accueilli l’affichage du panneau d’urbanisme avec une certaine satisfaction. « Des maisons individuelles plutôt que de l’hôtellerie: ça nous convient très bien. Même si on est très étonné de ce revirement ».

… et onze appartements en haut?

Certains évoquent déjà à demi-mot « la conjoncture économique », qui ne serait pas très porteuse « depuis le Covid ». Et qui aurait empêché Eiffage de trouver un opérateur aux reins suffisamment solides pour parvenir à empiler les nuitées.

À la place de l’ex-Hôtel de la mer, sur la parcelle du haut donc, l’ancien président du CIL du Mourillon, François Bordes, dit avoir entendu parler de onze appartements. Bien informé, un résident du boulevard Jules-Michelet précise: « Ça sera des logements très haut de gamme ». Deux villas en bas, un immeuble de luxe en haut? Mohamed Mahali refuse de confirmer. Un connaisseur du dossier glisse toutefois que, « cette fois, c’est sûr, c’est un projet qui contentera tout le monde. »