L’instabilité politique au niveau national n’est pas sans conséquence au niveau local et impacte notamment des institutions comme l’école Mines Saint-Étienne. « Sans budget voté, nous n’avons pas d’éléments de cadrage », confie Jacques Fayolle, directeur de l’établissement.
« C’est très compliqué. Aujourd’hui, commence à se poser la question de certains emplois en CDD qui pourraient ne pas être reconduits à cause de ce manque de visibilité. »
« En 2025, l’État a réduit notre dotation de 8 % »
L’école stéphanoise doit également répondre à une demande contradictoire du gouvernement de former plus d’ingénieurs avec moins de moyens. « En 2025, l’État a réduit notre dotation de 8 %, ce qui représente 2,4 millions d’euros. » Cela sur un budget global de 48 millions d’euros, dont 18 millions d’euros de ressources propres.
Pour pallier la baisse récurrente des dotations, l’établissement travaille justement sur le développement de ses ressources propres, que ce soit via des contrats avec des entreprises ou au niveau européen. « La France sous-consomme son budget européen sur nos sujets. Mines Saint-Étienne a remporté trois projets récemment. Cela représente une hausse 17 % de ressources propres sur l’Europe en 2025. »
Inverser la balance entre financements publics et privés
La balance tend ainsi à s’équilibrer : « Actuellement, nous sommes à 60 % de financements publics contre 40 % de privés. L’objectif est d’inverser peu à peu ces proportions. Nous sommes dans une forme de transfert avec une hausse de 7 millions d’euros de ressources propres en 2025. Mais il faut gérer ce transfert dans la longueur, car les financements privés sont plus volatils. »
« Une équipe est mobilisée sur ce nouveau paradigme »
Pour équilibrer la balance, l’établissement active différents leviers comme l’optimisation des charges, mais aussi une hausse de la facturation de ses actions de formation et recherche : « Quand on travaille avec des entreprises, nous allons, à partir du 1er janvier, facturer nos prestations au juste prix, en englobant toutes nos charges, ce qui n’était pas le cas. Cela représente une hausse d’environ 10 % que nous allons argumenter. »
Pour travailler sur ces nouveaux leviers, l’école a créé, début septembre, une direction du développement. « Une équipe d’une dizaine de personnes est mobilisée pour travailler sur ce nouveau paradigme. On se donne les moyens. Quand l’État réduit son budget, soit on réduit la voilure et on rentre dans un cercle vicieux avec moins de projets, ou alors, on prend le taureau par les cornes. On a des besoins, des compétences… Il faut trouver le modèle », explique Jacques Fayolle.
L’inversion de la balance ne doit pas changer la ligne de l’institution : « Le jour où nous aurons plus de financements privés que publics, nous resterons une école de service public. Nous faisons attention de ne pas mettre le doigt dans certains contrats avec le privé… Les valeurs du public sont consubstantielles à notre fonctionnement. »
De 1 500 à 2 800 élèves en dix ans
La baisse de dotations n’a pas empêché Mines Saint-Étienne prévoit de « doubler notre effectif en passant de 1 500 élèves en 2008 à 2 800 élèves en 2028 ». Et cela en améliorant son classement national puisque l’école est 11ᵉ au classement de L’Étudiant en 2025, contre 19ᵉ en 2021.
« Depuis 2023, nous sommes dans une stabilisation intéressante. L’objectif est de franchir le cap de cette baisse de dotation et poursuivre notre croissance. Cette trajectoire répond à un besoin de former des ingénieurs. Un besoin des entreprises est repris et accentué avec la loi pour l’industrie verte en France qui a été votée en octobre 2023. »
« La crise climatique ne va pas s’arrêter parce que Trump est élu »
L’école stéphanoise est alignée sur cette dynamique avec trois axes majeurs : climat, environnement et biodiversité ; numérique et industrie du futur ; santé et ingénieur de la santé.
Un positionnement en réponse à la crise climatique qui est moins audible ces derniers mois : « Avec l’actualité géopolitique, d’autres sujets ont pris le pas sur la crise écologique en termes de communication. Sur les chiffres, la crise climatique ne va pas s’arrêter parce que Donald Trump est élu. Il faut continuer de travailler dans cette direction parce que les répercussions vont nous revenir comme un boomerang. »
C’est aussi pour cela que Mines Saint-Étienne travaille sur une rénovation de son campus à hauteur de 36 millions d’euros, à horizon 2030.