La Salle Colonne à PARIS affiche la dernière partition du violoniste et compositeur Léo Marillier : La parabole de Monsieur Tourbillon, fantaisie musicale, créée au dernier festival INVENTIO en juin 2025. L’action est portée par le personnage spécifique de la soprano, figure mixte entre Gustav Young et le professeur Tournesol…
Il permet la découverte des instruments de l’orchestre, au fur et à mesure des séquences de l’action : couleurs, timbres, association (facétieuse) d’instruments… du reste chaque instrument incarne chacun des patients de Tourbillon, et les différents sentiments des individus reçus par le professeur…
La création a eu lieu le 22 juin dernier, lors de la 10è édition du Festival INVENTIO, à la GALLERIA CONTINUA à Boissy le Châtel (77), ancienne papeterie, aujourd’hui écrin d’installations souvent spectaculaires et aussi salle de concerts comme pour cette production en création, sous la direction artistique de l’excellent Léo Marillier. Le spectacle en création, est repris à PARIS, Salle Colonne début décembre.
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PARIS, Salle Colonne
mardi 9 décembre 2025
« Une invention féérique ou la parabole de Monsieur Tourbillon »
Conte musical entre fantaisiste et sensationnel
Spectacle familial
ORCHESTRE SUR MESURE
Clara BARBIER-SERRANO,soprano
Flûte : Charlotte SCOHY
Hautbois : Guillaume RETAIL
Clarinette : Elodie ROUDET
Trombone : Geoffray PROYE
Basson : Helena ORTUNO
Violon : Leo MARILLIER
Alto : Camille COELLO
Violoncelle : E. ACURERO
Contrebasse : E. DERIVIERE
Percussions : François VALLET
Angélique NICLAS, direction musicale
Vincent MORIEUX, mise en scène
Création de La parabole de Monsieur Tourbillon de léo Marillier (juin 2025, 10ème Festival Inventio )
CRITIQUE… Dès l’introduction, très vivante, au spectre instrumental, libre, décomplexé (belle exposition des instruments solistes dont chant de la flûte, du basson – lequel cite Summertime au passage, entre autres clins d’yeux…), l’écriture favorise une multiplicité de séquences très finement caractérisées… avant que la soprano ne prenne la parole et le chant : son récit imaginatif voire surréaliste avec solo délirant (trombone), évoque un jeu permanent entre rêve et réalité, frontières poreuses que ne cessent d’explorer les instruments, chacun selon sa propre tessiture : solo baroque du hautbois quand paraît le détective ; chant délirant, radical de l’alto solo…
Le romantisme le plus exalté, surnaturel et fantastique… celui de Schubert précisément (Die Stadt) s’invite aussi dans ce bal fantasque, grâce à l’intervention du chœur.
Connaissez vous le « PGV », personnage à grande vitesse, invention inouïe, dans le sillon tracé par Lewis Caroll et ses héros non moins extravagants… que le solo de flûte (et bol tibétain) synthétise, quintessence de l’air et du désir de voler, avant que le violon n’exprime un autre délire, celui de la Baronne… dont la mort du caniche permet d’intégrer une autre séquence … boulézienne celle-là (!).
En définitive le rêve et sa matière musicale, libère, épanouit, décille, amplifie l’invention et la pluralité des séquences poétiques. En funambule astucieux, Léo Marillier jongle avec les styles, les écritures, dans une conception fragmentaire, syncopée, où percent avec profondeur des saillies d’une grande sincérité poétique (solo du basson, son monologue « touchant »).
Le compositeur dramaturge mêle les registres d’une narration qui interroge ses propres limites, et les présupposés de sa forme continue. Dans une apparente et fausse déconstruction, le rêve qui se déroule, opère une lente et inéluctable immersion dans les tréfonds de la psyché ; une immersion de plus en plus intime et profonde dont la voix de la soprano dévoile peu à peu chaque jalon décisif ; où tout ce qui est dit, proféré, tient sa place et au final fait sens : « Ce qui est perdu ne peut être détruit » précise le choeur dans une formule lapidaire et très juste. C’est notre mémoire qui rétrospectivement recompose et retrace le fil.
Jusqu’au dernier mot qui résonne comme l’inexorable fin : « partir ». Ce qui donne le sens c’est bien l’inéluctable finalité, et auparavant, dans ce passage préparant cet avènement, l’expérience permet parfois d’entrevoir la lumière de la nuit, ainsi que l’envisage la dernière phrase du livret : « écrire, c’est éclairer son ombre ».
A la fin la soprano quitte la scène avec son colis et tous ses mystères. L’étrange a surgi et permet de conclure. Est-elle prête elle aussi à passer chaque épreuve du rêve ?
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