Des visiteurs peu pressés déambulent dans les longs couloirs recouverts d’une moquette surannée de cette bâtisse datant de la fin du XIX e siècle, actuellement fermée pour travaux. Cahier à la main, ils passent de chambre en chambre – exceptionnellement ouvertes pour l’occasion –, inspectant minutieusement le mobilier.
Dans la chambre 201, une commode en bois naturel attire l’œil. À l’étage supérieur, dans celle portant le numéro 322, les regards se posent sur une table basse signée Giovanni Banci. Trois portes plus loin, des curieux s’arrêtent devant un miroir à cadre en bois sculpté et mouluré doré, accroché au mur tapissé de papier peint vert à motifs roses.
520 lots à vendre
Une multitude d’objets se laissent découvrir au gré de la déambulation. L’intégralité du mobilier du Château de l’Île – soit 520 lots, des chaises aux meubles de jardin en passant par les couverts – est exposée dans les différentes pièces de ce lieu chargé d’histoire, à la veille de la vente aux enchères organisée par Alexandre Landre, commissaire-priseur à Strasbourg.
Cette exposition permet aux potentiels acquéreurs, collectionneurs ou simples passionnés, de repérer les biens qu’ils souhaiteraient acquérir. Parmi eux, Marianne, de Fegersheim, est à la recherche d’une commode pour meubler son domicile. Jean-Claude Wolf arpente les chambres en quête de tableaux, mais sans grand succès : « Il y en a très peu », regrette-t-il. Les époux Muller, quant à eux, espèrent dénicher des chaises de qualité.
Au-delà de l’aspect commercial, l’exposition offre une ultime occasion de mettre en lumière « ce mobilier de style transition entre Louis XV et Louis XVI, de belle qualité », dans l’écrin qui l’a accueilli durant de nombreuses années, souligne Julien Mijalski, clerc de Maître Landre. Et une opportunité de visiter une dernière fois le château « dans son jus », de se remémorer des moments passés dans l’ambiance feutrée de cet ancien hôtel cinq étoiles – qui n’en comptait plus que trois, faute d’investissements et de rénovations –, avant sa transformation à venir.
Le nouveau propriétaire, Best Mont-Blanc (groupe Sofival), qui a acquis le domaine en juillet 2024, prévoit d’importants travaux de restructuration pour redonner à l’établissement son prestige d’antan. Cette vente s’inscrit donc dans une phase de transition entre passé et avenir. « Elle clôt un chapitre et en ouvre un nouveau », conclut Julien Mijalski.
Parmi les visiteurs du jour, certains sont davantage mus par la curiosité. « On passe souvent devant, mais nous ne sommes jamais entrés. C’est l’occasion », confient Isabelle et Dominique. Le couple d’Illkirch apprécie la découverte de ce « lieu chargé d’histoire », mais regrette de le voir tomber en désuétude. « Un mélange de luxe et d’ancien qui n’est plus au goût du jour », assènent-ils.
Un lieux chargé d’histoire
Entre deux évaluations de tableaux, Jean-Claude Wolf contemple les lieux, qu’il connaît sans les avoir vraiment fréquentés. Bien qu’il ait fêté un anniversaire de mariage ici, et que l’un de ses petits-fils y ait travaillé comme barman, cet habitant d’Ostwald, domicilié depuis 1974 à seulement 200 mètres de l’hôtel, avoue n’avoir « jamais mis les pieds dans les chambres ».
De retour plusieurs années après une nuit passée dans l’une des suites, Pierre et Cathy replongent dans leurs souvenirs : « Ça n’a pas changé », s’exclament-ils, reconnaissant même le mobilier qui décorait leur chambre à l’époque.
La vente aux enchères se tiendra samedi 13 septembre à 14 h, au 4, place du Marché-aux-Poissons.
Un vide-hôtel est organisé les 19 et 20 septembre, de 10 h à 17 h, au Château de l’Île, 4, quai Heydt à Ostwald.