« Ce n’est pas le tout d’avoir des dons, il faut surtout être efficace ». Sans le nommer, ce vieux monsieur de 91 ans vient de jeter une pierre dans le jardin d’Emmanuel Macron. Celui qui a assisté à la constitution de la Ve République s’avoue en phase avec la jeunesse du mouvement « Bloquons tout ».

S’il n’a pas participé, avec une cinquantaine de personnes, à la manifestation du samedi matin destinée perturber la circulation sur le rond-point de Monthieu, à Saint-Étienne, il a apporté son soutien au rendez-vous de l’après-midi, sur le parvis de l’hôtel de ville.

Moins d’une centaine de personnes se sont retrouvées sur les marches devant la mairie. Des troupes clairsemées avec une contestation qui se cherche. Ce samedi après-midi, il n’y a pas de leader, pas de prise de parole et le mouvement s’étiole. Le défilé, qui emprunte la rue Alsace-Lorraine, bloque un tram une dizaine de minutes place du Peuple.

« La lame de fond contre l’exécutif » manque de tranchant

Les slogans sont les mêmes : « Démission Macron, Perdriau à La Talau, Free Palestine, ou Bayrou on t’a eu ». Un second tram a été ralenti vers la Bourse du travail, puis ce famélique cortège a poursuivi son retour en centre-ville.

Les jeunes s’interrogent encore comment donner de la visibilité à leur action, eux qui ne veulent pas de récupération politique ni syndicale. « On ne veut pas d’eux dans les défilés car ils n’ont plus de légitimité à nos yeux » souligne, Romain, 23 ans, qui essaye de structurer un peu la troupe. « Et en plus, ils tentent de s’agréger à un mouvement qu’ils n’ont pas initié ».

Ce n’était pas le cas ce samedi, où aucun corps intermédiaire n’a rejoint cette marche. Le mouvement « Bloquons tout », qui cherche encore sa voie et espère devenir « une lame de fond de la contestation pour l’exécutif », toujours selon Romain, devra adopter rapidement une stratégie pour ne pas que le souffle retombe aussi vite qu’il est monté.