En août, Dorna Sports a annoncé via Dan Rossomondo le
lancement de la chaîne MotoGP, une plateforme gratuite disponible
24h/24 sur des services comme Prime Video, LG Channels, FireTV,
FuboTV, Plex et Sling Freestream. Pas besoin d’abonnement : le
modèle est financé par la publicité, via la technologie de C15
Studio, déjà derrière la F1. Un pari audacieux ou coup de génie
?
Dan Rossomondo, directeur commercial de
Dorna commente ainsi cette offensive dans le
streaming gratuit aux États-Unis : « de nos jours, il est rare
de s’installer confortablement avec sa télécommande et de
réfléchir à ce que l’on veut regarder aujourd’hui. Il est
donc essentiel de diffuser son contenu dans tous les lieux
possibles. »
Le constat est simple : les habitudes de consommation changent,
surtout chez les jeunes. Le MotoGP doit aller chercher de nouveaux
fans là où ils sont : sur le streaming gratuit.
Le MotoGP ne mise pas tout sur le gratuit. Aux États-Unis, trois
offres cohabitent : FOX Sports pour les courses phares (diffusion
massive, prestige). VideoPass MotoGP.com avec l’offre premium
payante, pour les fans hardcore qui veulent tout voir (essais,
archives, temps, statistiques). Et donc la Chaîne FAST MotoGP qui
est l’appât pour les curieux, une porte d’entrée sans
barrière de prix.
Rossomondo résume ainsi : « avec la chaîne FAST, nous
cherchons à toucher un nouveau public qui consomme beaucoup de
contenu de cette manière. C’est une expérience, une
expérience bien fondée. »
Les raisons stratégiques sont ainsi identifiées et ça
commence avec un besoin de visibilité : aux USA,
la F1 a explosé grâce à Drive to Survive et une stratégie média
agressive. Le MotoGP, qui n’a pas ce même relais culturel, doit se
rendre accessible pour se faire découvrir.

Dan Rossomondo :
« nous avons 22 Grand Prix par saison mais il reste 280
autres jours supplémentaires par an où nous devons être
pertinents »
Dan Rossomondo fait ce constat sur
Speedweek : « nous devons être pertinents
partout. Nous avons 22 courses par saison, 44 si
l’on compte les sprints. […] Cela peut paraître beaucoup, mais il
reste 280 autres jours supplémentaires par an où nous devons être
pertinents. »
Il s’agit ensuite de s’inviter dans le marché
colossal de la pub TV reste puissante aux
États-Unis. En rejoignant le modèle FAST, Dorna
espère capter des revenus additionnels tout en élargissant son
audience.
Enfin on assume une synergie
Liberty Media : depuis que Liberty a racheté
Dorna, le MotoGP est poussé à copier certaines
recettes de la F1, dont la diversification des canaux de
diffusion et l’insistance sur le storytelling.
Les impacts possibles sont ceux de la plus grande visibilité
pour les pilotes et le championnat. Une base de fans élargie,
au-delà du cercle des passionnés déjà acquis. Un meilleur terrain
pour vendre du sponsoring global, grâce à des audiences plus larges
et mesurables.
Mais Il y a aussi des risques : cannibalisation partielle
du VideoPass si certains fans se contentent du gratuit. Le marché
américain est aussi spécifique et difficile à répliquer ailleurs,
car l’Europe reste verrouillée par les contrats payants avec Sky,
Canal+ ou DAZN. Enfin, on ne peut écarter une dépendance
accrue aux annonceurs, ce qui pourrait influencer le ton
et la stratégie médiatique.
Rossomondo lui-même insiste : «
nous devons raconter de meilleures
histoires… Les consommateurs souhaitent que nous
soyons présents sur des plateformes comme YouTube, pour relever les
visières et raconter les histoires des pilotes. »
En clair : le
FAST n’est pas la fin, mais un levier de
croissance. Il sert à capter des millions de curieux, qui pourront
ensuite être convertis en abonnés, en spectateurs de Grand Prix ou
en consommateurs de contenu premium.
Le MotoGP joue ici un pari risqué mais nécessaire : si la F1 a
transformé son image aux États-Unis en moins de dix ans, le
championnat de moto espère surfer sur cette vague et devenir le
deuxième grand spectacle motorisé US, derrière la NASCAR.
