Le mouvement « Bloquons-tout » s’organise sur les réseaux sociaux, les boucles internet du type Télégram ou encore dans des comités locaux. Mais les assemblées générales sont aussi un passage quasi obligé. Une façon d’élargir les cercles. Comment fonctionnent-elles ? Nous avons assisté à quelques-unes d’entre elles, à Nantes, à Saint-Nazaire, à Clisson, Ancenis.

Ultra-gauche, citoyens lambda…

À Nantes, elles se déroulent en plein air dans des lieux publics, ouverts par nature à tous. Mais les caméras ou les appareils photos ne sont pas les bienvenus.

En théorie, tous les citoyens peuvent y venir. Évidemment, il vaut mieux partager certaines valeurs. « Nous sommes le peuple », rappelle un tact. « Les ultra-riches se gavent, les populations souffrent. La planète suffoque. Les puissants jouissent des guerres. Alors, qu’attendons-nous pour tout changer ? » L’anticapitalisme, le soutien aux sans toit, aux plus faibles, sont aussi de puissants fédérateurs. Dans ces assemblées, Il flotte comme un air de Nuit debout, de soulèvement de la Terre, ou de Gilets jaunes. Des citoyens lambda et pacifiques, parfois engagés dans des associations, de tous âges (beaucoup de jeunes mais aussi des cheveux gris), apportent leur pierre à l’édifice. Pour renverser la table.

La participation ? Elle est très variable. Plus d’un millier de personnes mercredi à Nantes, plusieurs centaines jeudi. De quelques dizaines à quelques centaines dans les autres lieux, Saint-Nazaire, Blain, Clisson, Châteaubriant, Ancenis.

Syndicats discrets

Les syndicalistes sont souvent présents, mais se font discrets, voire très précautionneux quand ils s’expriment. Cela était particulièrement visible à Saint-Nazaire, où l’AG se déroulait dans une salle municipale, située dans la maison des syndicats, un lieu controversé pour ce type d’assemblée citoyenne.

Les autonomes, l’ultra gauche, bien présents, sont critiques vis-à-vis des syndicats et leurs modes d’actions jugés « trop plan-plan. » Mais les premiers s’appuient sur la puissance de rassemblement des seconds. Ils participeront donc, à leur manière, jeudi 18 septembre dès le matin, aux mobilisations mises sur pied par les organisations syndicales.

Les prises de parole, les votes

Chacun peut prendre le micro. Mais certaines personnes, souvent des femmes (à Nantes) très pragmatiques, sont attentives au temps de parole. Quand on est d’accord, on agite les mains ou on les lève pour les votes, en revanche les manifestations (applaudissements) trop bruyantes sont proscrites.

L’ennemi, les forces de l’ordre

Au-delà des actions à mener, les stratégies pour contrer les forces de l’ordre reviennent inlassablement dans les discussions. Place Graslin, à Nantes, jeudi soir, une feuille distribuée portait ce message : « De la rue aux tribunaux, organisons-nous ». Elle donnait des conseils « face à la répression », posant ces principes : « Pour nous, la police et la justice sont les principaux adversaires du mouvement social […]. Nous devons réaffirmer des pratiques collectives fortes. […] Les propager, c’est participer à la construction d’un mouvement révolutionnaire victorieux. »