Par
Glenn Gillet
Publié le
14 sept. 2025 à 8h40
Il ne louperait pour rien au monde son passage hebdomadaire au marché ou ses emplettes chez le fromager du coin, mais il a délaissé son boucher au profit d’une alimentation plus végétarienne et chérit ses passages au restaurant. Lui, c’est le cliché du Parisien et de ses habitudes de consommation considérées comme relevant d’un mode de vie « bobo ». Mais ce personnage stéréotypé peut-il être rattaché à une certaine réalité ? Une étude publiée en ce mois de septembre 2025 par l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) permet d’y voir un peu plus clair dans les pratiques alimentaires non seulement dans la capitale mais aussi en Île-de-France.
13 % de produits carnés en moins en 10 ans, développement du bio…
Les Franciliens se démarquent notamment du reste de la France dans le type d’aliments qu’ils consomment. En effet, « la consommation de produits carnés a diminué de 13 % en Île-de-France » entre 2009 et 2019 contre une baisse de seulement 5 % en moyenne ailleurs pour l’Hexagone. À ce titre, l’Île-de-France est la seule région où la consommation a diminué pour tous les principaux types de viande (viandes de boucherie fraîche, volailles et lapins frais, jambon, charcuterie, viandes et volailles surgelées…) avec des baisses notables d’environ 25 % pour les consommations de viande de boucherie, et de viandes et volailles surgelées.
Les Franciliens consomment également plus de produits issus de l’agriculture biologique qu’ailleurs : en 2024, 75 % des Franciliens assuraient avoir acheté un ou des produits biologiques au cours des quatre dernières semaines contre 68 % dans le reste de l’Hexagone et « 34 % des Franciliens consomment du bio au moins une fois par semaine contre 24 % à l’échelle nationale », selon l’Apur. Les habitants de la région ont d’ailleurs deux fois plus tendance (8 %) à acheter un ou deux produits biologiques « presque tous les jours » qu’ailleurs en France métropolitaine.
Cet attrait pour le bio semble s’être principalement développé au cours des 20 dernières années, avec une accélération sur la dernière décennie : à titre d’exemple, la capitale comptait 48 épiceries bio et durables en 2003, 88 en 2017 et 446 en 2023, « avec une diversification des enseignes et une forte pénétration des rayons bio et durables dans les grandes surfaces », précise l’Apur.
Des Franciliens qui mangent beaucoup dehors
Sur le plan des dépenses, l’étude montre d’abord que les ménages franciliens dépensent en moyenne plus d’argent pour les achats alimentaires que les habitants des autres régions : « le montant annuel des dépenses des ménages liées à l’alimentation a augmenté de près de 500 euros en 10 ans, atteignant plus de 7 600 euros en 2017 », soit 24 % du budget annuel total moyen, contre des budgets se situant entre environ 5 900 et 6 700 euros annuels pour les ménages des autres régions.
Ce budget alimentaire plus élevé qu’ailleurs (+23% en moyenne) s’explique notamment par le fait que les produits alimentaires coûtent en moyenne 7,2 % plus cher en Île-de-France que dans le reste de l’Hexagone, selon des chiffres de 2022.
Mais une autre donnée permet de comprendre pourquoi le budget alimentaire des Franciliens et plus élevé que la moyenne nationale : ils dépensent davantage d’argent en restauration. « Le budget lié à la restauration représente 7,8 % des dépenses annuelles moyennes des ménages de la région Île-de-France en 2017, et environ 2 500 €, tandis qu’il représente en moyenne 5,5 % des dépenses et 1 250 € au sein des autres régions », précise l’étude.
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L’Apur identifie deux facteurs principaux d’explication aux dépenses accrues en restauration : la profusion de restaurants, notamment à Paris, et l’habitude plus prégnante qu’ailleurs de manger en dehors de son domicile. « 59 % des individus résidant en agglomération parisienne prennent leur déjeuner en dehors du domicile, tandis que cela ne représente qu’environ 30 % des individus vivant dans d’autres agglomérations », note l’étude.
À noter que comme partout en France, la part du budget des ménages allouée à la restauration a augmenté en Île-de-France au cours des dernières années, alors que le montant du budget des ménages a quant à lui eu tendance à baisser. L’alimentation représente donc une part de plus en plus important du budget des ménages en France.
Conséquence : la précarité alimentaire augmente dans le pays. En 2021, 35 % des ménages de l’agglomération parisienne se déclaraient « dans l’impossibilité de manger les aliments souhaités ». Ils étaient 42 % seulement deux ans plus tard, en 2023. Une tendance certes à la hausse mais avec une proportion qui reste inférieure aux 51 % de la moyenne nationale et aux 57 % pour les ménages ruraux.
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