Ces dernières années, Marseille a affirmé son statut de place forte du stand-up. Dans un futur proche, elle pourrait bien être citée en exemple pour ses formations, qui attirent toujours plus de monde. En cette rentrée, « nous avons soixante demandes pour les premières années. À la même date l’an dernier, c’était une trentaine », compte Fabien Gaudioso, manager au Garage Comedy. « Une quarantaine de personnes sont venues à notre journée de présentation début septembre. Depuis, les demandes continuent », assure de son côté Sébastien Meï, à la tête du Marseille Comedy Club inauguré en avril, qui lance donc sa première promo.

Le chiffre le plus conséquent revient à l’Art Dû, avec 150 élèves, « assez proche de l’an dernier », décrit son directeur, Stan Brizay. Cette stabilité s’explique par la longévité du lieu, dont les premiers cours de stand-up ont été lancés pendant l’exercice 2018-2019. Faisant de l’Art Dû un pionnier en matière de formation organisée, avec un lieu dédié et un modèle pensé pour grandir.

« Avant nous, un artiste comme Briac donnait déjà des cours. On s’est engouffré dans une nouvelle direction en regroupant des gens motivés », raconte Stan Brizay. Socle économique pour faire vivre le théâtre de la rue Marengo, l’enseignement à grande échelle répondait aussi à une réalité épineuse : « À ce moment-là, on organisait un comédie club par semaine. Mais on voyait toujours les mêmes cinq-six artistes sur scène, Baba Rudy, Bedou, Chrystelle Canals, Briac… Les bons débuts s’essoufflaient un peu auprès du public. » Tandis que l’aventure du Garage, qui fête cette année sa cinquième rentrée au niveau des formations, démarrait à peine fin 2019.

« Plus de 600 élèves en stand-up sont passés par l’Art Dû »

Gabrielle Giraud, Dudley, Miss Augine, Julien Vinh, Lisa Mapola… Aujourd’hui, Marseille a perdu le compte de ses talents. Cet hiver, artistes, programmateurs et directeurs de salles estimaient, en moyenne, que la ville comptait environ 150 humoristes capables d’assurer, au minimum, un passage solide de quelques minutes sur scène. Les fruits d’années de travail : « Plus de 600 élèves en stand-up sont passés par l’Art Dû », assure avec fierté Stan Brizay. Chez qui la majorité des talents actuels marseillais sont passés. À l’Art Dû, trois niveaux sont aménagés : les débutants et les intermédiaires ont deux heures de cours chaque semaine. Une fois prêts, les premiers sont amenés à jouer 3-4 minutes en comédie club, contre 8-10 minutes pour les deuxièmes. L’atelier professionnalisant se veut plus sélectif, le but étant d’accompagner un artiste vers un show de trente minutes, voire une heure pour les meilleurs.

L’autre référence marseillaise, c’est le Garage Comedy, qui propose lui aussi deux heures de cours hebdomadaires avec des tauliers comme Dudley, Sandra Miso, tandis que le cofondateur Quentin Friburger assure des master class. Des stages avec des artistes internationaux comme Garihanna, issue de l’école nationale de l’humour de Montréal, font aussi partie du cursus.

« Les élèves font deux heures par semaine de septembre à juin, avec une scène garantie chaque mois. Avec cette émulation, on structure de nouveaux projets très costauds, des créations de collectifs d’artistes, c’est énorme tout ça ! Mais surtout, on est fiers de cultiver un esprit très familial, un peu dans l’esprit troupe du Jamel Comedy Club », sourit Fabien Gaudioso.

« Je peux vous le dire, il y a de beaux CV »

Si au Comédie Club Vieux-Port, le directeur Michel Nouader confie « avoir un projet pour lancer des formations » qui seraient notamment encadrées par le MC du lieu, Moustazou, de son côté, le Marseille Comedy Club affiche clairement ses ambitions. « On lance un cursus professionnalisant, dont Pascal Tino sera en charge, avec 6 à 8 heures de cours chaque semaine. Après les auditions de la semaine prochaine, on gardera un groupe d’une douzaine de personnes, qui auront les clés du club une à quatre fois par mois et un projet de grand gala en fin d’année. Et je peux vous le dire, il y a de beaux CV », annonce Sébastien Meï.

Dont le passé en école de commerce se reflète dans le contenu des formations : « Bien entendu, l’aspect scène et l’écriture seront au centre. Mais on va aussi travailler sur les contenus numériques, l’image sur les réseaux sociaux, comment gérer sa carrière, le volet psychologique, le marketing. On veut leur donner toutes les clés pour être des pros de l’humour. »

Illustration du dossier Idées sorties