L’individu de 22 ans abattu par balles mercredi dans le centre-ville lyonnais aurait été le bourreau du suspect avant d’être sa victime. Le passage à l’acte aurait ainsi été motivé par des mois de brimades, de menaces et d’intimidations.

Trois jours après qu’un jeune homme de 22 ans a été abattu par balles en plein centre-ville de Lyon (Rhône), les avocats du suspect, qui s’est livré de son plein gré aux autorités dès le lendemain des faits et qui a depuis été mis en examen et placé en détention provisoire, assurent que la victime aurait fait de la vie de leur client «un véritable enfer» ces quatre derniers mois. Par voie de communiqué, Me Joshua Kafil et Me Jean-Christophe Basson-Larbi entendent mettre fin à la circulation d’«informations erronées» sur ce dossier.

Entre le 1er mai et le 10 septembre (jour du crime), le mis en cause, un lycéen de 19 ans, aurait été «la victime quotidienne d’agissements criminels et délictuels de la victime et d’un certain nombre de coauteurs et complices parce que la victime avait décidé de l’accuser à tort d’un vol de scooter dont il était innocent et qu’il a donc refusé de reconnaître», développe la défense. À partir de cet évènement, la vie jusqu’ici sans histoire du lycéen aurait «basculé dans l’horreur d’une sujétion permanente et d’une pression incessante par laquelle le défunt a fait de lui sa chose et son souffre-douleur».


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Une dette imaginaire

Toujours selon les avocats, la victime des tirs, un jeune caïd du quartier connu son implication dans le narcotrafic, n’aurait pas accepté «qu’un plus petit que lui conteste son autorité». Il l’aurait donc contraint à reconnaître qu’il était son débiteur et à payer «une dette imaginaire» en fomentant une série de crimes et de délits avec l’aide de différents complices et coauteurs. Des actes criminels comprenant des violences avec armes, des enlèvements, des passages à tabac et de l’extorsion. Or, plutôt que d’en avertir quiconque, le lycéen aurait préféré l’isolement le plus total «car il ne voulait pas inquiéter ses parents et ses frères et sœurs», selon ses conseils.

La dette prétendue aurait augmenté au bon vouloir de la victime qui a fini par réduire le futur tireur «en esclavage», l’obligeant à réaliser gratuitement des livraisons de stupéfiants pour son compte pendant un mois pour rembourser une partie de ladite dette. Et Maîtres Kafil et Basson-Larbi de poursuivre : «Même en vacances à l’étranger en famille, le jeune tireur subissait la pression du défunt et les menaces de tuer ses proches…» Le point de non-retour a été atteint le mercredi, lorsque la victime a séquestré le petit frère de 16 ans du lycéen, allant jusqu’à menacer de le tuer ainsi que sa famille s’il n’était pas payé avant 17h00.

«Notre client, qui a tenté sans succès de mettre fin à ses jours avec son arme, a alors perdu la raison et, voulant protéger sa famille, a commis l’irréparable sans jamais vouloir donner la mort à son bourreau mais simplement mettre un coup d’arrêt à une situation insupportable, invivable et inextricable devenue sans issue», poursuivent les avocats. Ces éléments de contexte ont conduit la défense à déposer le 12 septembre une plainte criminelle contre X entre les mains du doyen des juges d’instruction du Tribunal judiciaire de Lyon des chefs de ces différents crimes et délits en demandant la jonction future des deux procédures d’instruction criminelle.

«Cette affaire est symptomatique de la déliquescence du vivre-ensemble et des dérives parfois mortelles de la loi de petits caïds de quartiers qui s’en prennent impunément à des plus jeunes avec un sentiment de toute-puissance et pour seule limite leur imagination», achève la défense.