Les engagements du géant américain du logiciel « répondent aux inquiétudes soulevées par la Commission en raison des liens entre Microsoft Teams et les applications de bureautique très populaires Word, Excel, PowerPoint, Outlook, inclus dans les suites logicielles destinées aux clients professionnels, Office 365 et Microsoft 365 », a expliqué la Commission européenne dans un communiqué. Selon ces promesses rendues publiques au printemps, le géant américain des logiciels va non seulement « proposer des versions de ses suites logicielles qui ne comprennent pas Teams, et à prix réduit », mais il va aussi permettre aux clients qui ont déjà souscrit à des licences de passer à des versions sans Teams. En outre, le groupe va faciliter le fonctionnement d’applications concurrentes de Teams dans Windows, et permettra aux clients de transférer leurs données de Teams vers celles-ci.
Pour la commissaire à la Concurrence Teresa Ribera, les engagements du groupe vont « mettre fin à ses pratiques qui pouvaient empêcher ses rivaux de concurrencer Teams », dans un secteur qui joue un rôle crucial pour de nombreuses entreprises et organisations, avec l’essor du télétravail provoqué par la crise du Covid-19. « Nous apprécions le dialogue avec la Commission qui a débouché sur cet accord, et nous allons désormais appliquer ces nouvelles obligations rapidement et pleinement », a réagi dans une déclaration transmise à l’AFP Nanna-Louise Linde, une des responsables des affaires publiques de Microsoft en Europe.
Cette conclusion à l’amiable de l’enquête visant Microsoft, déjà sanctionné à plusieurs reprises par Bruxelles par le passé, lui évite une lourde amende, potentiellement jusqu’à 10% de son chiffre d’affaires mondial.
L’affaire concernant Teams avait débuté en juillet 2020 par une plainte de la start-up américaine Slack, entre-temps rachetée par Salesforce. Confrontée à des pertes de parts de marché dans le domaine des messageries d’entreprise, Slack avait attaqué Microsoft pour concurrence déloyale auprès de la Commission européenne. Dans la foulée, la Commission avait ouvert en juillet 2023 une enquête pour pratique anticoncurrentielle contre Microsoft. Lors de la présentation, en mai, de ses engagements renforcés pour remédier aux abus constatés par l’UE, Microsoft avait assuré qu’ils « représentent une solution claire et complète aux problèmes soulevés par (les) concurrents et qu’ils offriront plus de choix aux clients européens ». L’an dernier, Microsoft avait déjà annoncé qu’il dissociait Teams de ses suites Office 365 et Microsoft 365 qui incluent également Powerpoint et Outlook. Le groupe avait alors souligné que ses clients pouvaient désormais acquérir ces logiciels sans l’application de visioconférence, à un prix inférieur. Mais la Commission avait jugé ces changements insuffisants pour répondre à ses préoccupations, conduisant le groupe à muscler ses engagements au mois de mai.