Elle ne le quitte jamais. Il est toujours là, dans un coin de son sac. Comme un prolongement d’elle-même. Son petit carnet de dessin, c’est son totem. Ses pages sont maculées de lieux bourguignons, magnifiquement dessinés à l’aquarelle : la place emblématique du Bareuzai, des vignes, le village de Châteauneuf…

Car Dagmar Cyrulla, une peintre australienne de 59 ans, a posé ses valises à Dijon pour quelques semaines, le temps d’exposer une cinquantaine de ses œuvres à la galerie de la Source, à Fontaine-lès-Dijon, jusqu’au 28 septembre. Un retour en Côte-d’Or, 10 ans après avoir investi la galerie dijonnaise Notre-Dame.

Un regard doux et bienveillant sur les femmes

Entrer dans l’exposition de la peintre, c’est pénétrer dans l’intimité des femmes, dans leur quotidien, leurs relations, leurs choix, leur charge mentale et parfois leur solitude… Avec une douceur et une bienveillance infinies pour ces mères, ces épouses, ces filles, peintes à l’huile sur des grands formats, au rez-de-chaussée de la galerie. Elles sont escortées par une de ses sculptures, représentant bien évidemment une femme. « J’aime les dessiner, surtout les Françaises, je les trouve très belles. »

Dagmar réussit le tour de force de magnifier les femmes dans leur intimité : une salle de bain, une chambre, un salon. Les femmes sont parfois de dos, souvent la tête baissée, comme pour signifier le poids qu’elles portent souvent sur leurs épaules. Avec une maîtrise impressionnante des couleurs. Il faut dire que l’Australienne dessine depuis l’enfance, et dispose d’un CV bien plus long qu’une feuille A4.

Du figuratif saupoudré à l’impressionnisme

Diplômée, entre autres, en arts visuels de l’université de Western Sydney, de l’école d’art Julian Ashton de Sydney mais également d’un master en beaux-arts à l’université Monash, la quinquagénaire expose depuis 1988, et a remporté de nombreux prix.

Son travail reflète ses influences : Eric Fischl, Walter Sickert, Degas, Cezanne. Du figuratif saupoudré à l’impressionnisme. Avec ce supplément d’âme qui caractérise le style de Dagmar : l’émotion intelligemment distillée dans sa peinture.

Des tableaux qui racontent tous une histoire

Car l’Australienne se définit comme une « conteuse ». Ses tableaux se contemplent et s’apprivoisent : plus on s’avance, et plus on remarque certains détails qui complètent une histoire. Un reflet, un autre personnage, une perspective. Des toiles saisissantes qui rappellent le travail d’Edward Hopper.

À l’étage, Dagmar a également exposé certains dessins, des petits formats qui nuancent son travail avec des paysages, des ponts ou encore des tournesols. Comme elle nous ouvre une porte sur l’intimité des femmes, Dagmar dévoile des pages de son carnet, qu’elle ne quitte jamais.

Jusqu’au 28 septembre, à la galerie de la Source, 11 rue Saint-Bernard, à Fontaine-lès-Dijon. Horaires : Du mercredi au vendredi de 15 h 30 à 18 h 30, et les samedis et dimanches de 15 heures à 18 h 30.



Dagmar Cyrulla peint à aussi à l’aquarelle. On reconnaît aisément la place du Bareuzai.  Photo J. M.

Une Australienne à Dijon

Dagmar Cyrulla et son mari sont littéralement tombés amoureux de Dijon il y a une dizaine d’années. À tel point que le couple a acheté un appartement dans la cité des ducs. « On a toujours beaucoup voyagé, notamment en France, et quand on a découvert Dijon, ça a été un vrai coup de cœur », raconte Dagmar, qui tente parfois de s’exprimer en français. Lorsqu’elle vient dans la capitale bourguignonne, l’Australienne immortalise des lieux emblématiques de la région, qu’elle garde précieusement dans son carnet. Toute l’année, la peintre vit à Melbourne avec son époux.