Par
Juliette Voisin
Publié le
14 sept. 2025 à 18h12
Les voitures à moteur thermique neuves, à essence ou diesel, hybrides compris, seront interdites à la vente en 2035, en théorie. En théorie, car les constructeurs automobiles européens ont demandé à repousser l’échéance.
Le secteur fait face à une concurrence chinoise rude, à l’image de BYD, qui multiplie les implantations dans l’Hexagone. À Cherbourg-en-Cotentin (Manche), un point de vente éphémère de la marque a d’abord été installé rue des Industries en avril 2025, puis le groupe Bodemer a ouvert une concession en août, rue des Métiers.
Un leader mondial aux prix « agressifs »
Baptiste Marcellin, anciennement commercial chez Aubert Automobiles, relève le défi de gérer cette nouvelle agence. Il a d’abord été fasciné par le parcours du fondateur du BYD Wang Chuanfu, dont la société est devenue une des plus grandes fabricantes de batteries de téléphones portables au monde. Sa fortune s’élève aujourd’hui 22,4 milliards de dollars.
Aujourd’hui, BYD rivalise avec l’américain Tesla, maîtrise l’ensemble de la chaîne de production, des batteries aux véhicules, et propose des citadines au SUV haut de gamme, à des prix allant de 19 000 à 50 000 euros. L’entreprise a multiplié par six son chiffre d’affaires en France en 2024. Malgré cette croissance fulgurante, sa filiale reste déficitaire.
Des modèles circulent déjà sur nos routes : « Nous commençons à livrer les véhicules que l’on a vendus. Nous avons la chance de proposer des voitures bien finies et compétitives en termes de prix. À équipements équivalents, nous sommes les moins chers », assure Baptiste Marcellin.
« BYD fait une bonne percée sur Cherbourg avec des prix agressifs », confirme un concurrent. Mais pas de quoi affoler les vendeurs.
Vidéos : en ce moment sur ActuDes aides à l’achat pour rivaliser
Renault, par exemple, rivalise avec une large gamme électrique, avec des modèles historiques revisités comme la Scénic, la Mégane ou la R4, produites sur le territoire français.
« Nous avons de moins en moins de modèles thermiques, quatre modèles (hors utilitaire) sur treize. On garde un avantage grâce aux aides à l’achat qui ne s’appliquent qu’aux véhicules produits en Europe, donc pas sur les ventes de véhicules asiatiques », défend Paul Robineau, conseiller commercial véhicule neuf. Chez Renault, ces aides vont de 3 620 à 4 770 euros, un argument non négligeable qui penche dans la balance au moment d’acheter.
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La concurrence chinoise n’est pas seulement la seule difficulté à laquelle fait face le secteur. Les constructeurs sont confrontés à des ventes de modèles électriques qui patinent, aux droits de douane américains et à la chute des bénéfices mondiaux.
Convaincre les défenseurs du diesel
De plus, l’électrique ne convainc pas tout le monde, à l’image de Thierry et Jocelyne, d’Octeville, défenseurs du diesel. « Nous sommes pour le thermique, c’est économique quand on fait beaucoup de route. Avec l’électrique, il y a le problème du recyclage des batteries, des voitures qui prennent feu et des prix énormes. »
Face à ces problématiques, les industriels, qui ont déjà obtenu il y a quelques mois le report d’une norme d’émissions de CO2, espèrent un assouplissement de l’interdiction des véhicules à moteur thermique en 2035.
Lors d’une réunion, vendredi 12 septembre 2025, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a accepté de réexaminer la clause de revoyure « le plus tôt possible ». « Ensemble, nous ferons en sorte que l’Europe reste au premier plan de l’innovation en matière automobile », a promis la dirigeante de l’exécutif européen.
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