Avez-vous conscience de la fidélité du public, surtout en concert ?
Je considère la scène comme un espace de jeu, je m’amuse comme une enfant. Bien sûr je profite un maximum de l’accueil de l’album et de la joie présente depuis le début de la tournée mais je reste vigilante et concentrée. Cet album a joui d’une grande fluidité, je n’avais à convaincre personne si ce n’est moi sous le regard bienveillant de Benjamin, nous avons enregistré dans un manoir en pleine nature au fond des Landes. Quand j’ai écrit le titre « Jean », je me suis dit que je tenais mon album, le ton était donné.
Jean Dujardin de nouveau à bruxelles: « Dans mon métier, être élu le meilleur ne signifie rien »
Une chanson que vous reconnaissez adresser à Jean Dujardin. Mais on peut projeter le Jean qu’on veut ! Pour ma part, j’ai pensé à Jean Rochefort.
Ça aurait pu être lui. Nous avons tous notre Jean, il est de l’ordre du fantasme, de l’inaccessible ou de l’admiration totale. J’avais envie de déclarer ma flamme à Jean Dujardin à travers une chanson. Il fallait aussi que ce soit un personnage chaleureux et je le sentais en mesure d’accueillir un tel texte. Il m’a fait savoir qu’il s’est bien marré en l’écoutant.
guillement
Le moment était venu de vivre une introspection heureuse.
La douceur que l’on ressent chez vous depuis vos débuts vous constitue-t-elle ?
Je pense en effet que ça me ressemble, je ne suis pas du genre à crier poing levé. J’aborde volontiers des sujets de société, parfois lourds, mais avec pudeur, notamment en privilégiant des musiques plus légères. Dans « La vie est trop courte », le texte peut paraître brutal mais il m’était impossible de le proposer aux gens avec une musique trop cash. J’aborde aussi la femme dans tous ses états, sans mettre les hommes de côté, ils se posent aujourd’hui des questions comme jamais auparavant et ça fait un bien fou.
Le titre « Foutue » pourrait être défini, chez nous, comme étant un slow crapuleux !
Oh, c’est beau, ça veut tout dire, j’adore cette expression. On manque de slows non ? Il s’agit d’une chanson d’amour très classique dans des codes très précis, j’aime beaucoup créer dans la contrainte. Je déteste qu’on me laisse carte blanche. De la contrainte naît la liberté.
Mais à qui vous adressez-vous ?
Votre fils ou votre amoureux ? Moi-même, je ne suis pas sûre d’avoir la clé, ça dépend des jours. Une dame a pensé que je parlais de mon chien !
Vous venez d’une famille de musiciens mais d’où est venue l’étincelle quant au piano ?
De l’album « Sheller en solitaire » de William Sheller, je devais avoir 12 ou 13 ans. L’association piano-voix m’a transportée. J’ai un rapport à l’instrument très fort mais il m’a fallu du temps pour que je considère également ma voix comme un instrument, non seulement porteuse de sens mais aussi de sensations.
Si transmission il y a, avez-vous communiqué le goût de la musique comme de l’humour ?
L’un comme l’autre définissent une manière d’être au monde. J’ai un fils de 10 ans. Il n’est pas attiré par la pratique musicale mais il est présent à beaucoup de mes concerts. Je l’ai emmené en tournée alors qu’il n’avait que quatre mois, pour lui c’est la norme. Je ne le force à rien mais je sens qu’il est musicien dans l’âme.
Cet album correspond-il à une période heureuse ?
Je n’écris jamais au fond du trou, même si je peux écrire à son propos. Je ne crois pas à la création dans la douleur. Et aujourd’hui plus que jamais, je veux m’amuser et amuser le public.
Disque : Jeanne Cherhal, Jeanne, Les Éditions Tibia / Décibels Productions. En concert au WHALLL à Bruxelles le 8 avril 2026.