Vingt-quatre ans après la disparition de Gilbert Bécaud, une de ses filles, détentrice du droit moral lié à l’exploitation de l’œuvre de son père depuis deux ans, alerte sur l’oubli dans lequel tombe l’un des géants de la chanson française.

Vingt-quatre ans après la disparition de Gilbert Bécaud, une de ses filles Emily pousse un cri du cœur. Dans un long message publié sur Facebook, elle exprime sa douleur face au silence des médias autour de l’interprète de Nathalie ou Et maintenant, figure majeure de la chanson française surnommée «Monsieur 100.000 Volts».

«Je regrette, comme beaucoup, qu’on ne l’entende plus à la radio, qu’on ne le voie plus à la télévision», écrit Emily Bécaud. Et d’ajouter : «Papa n’a pas la place qu’il mérite au Panthéon de la chanson française. Je ne comprends pas et je n’ai pas de réponse à ces questions.»


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Emily rappelle pourtant l’ampleur de l’héritage laissé par son père. Ses chansons ont été reprises par les plus grands artistes mondiaux – Frank Sinatra, Elvis Presley, Nina Simone, Bob Dylan, Neil Diamond ou encore Shirley Bassey – et demeurent des standards du répertoire américain (What Now My Love, Let It Be Me, Love on the Rocks…).

En France aussi, l’écho est encore vif : Anne Sila, Catherine Ringer, Vianney, Florent Pagny ou Lara Fabian l’ont récemment interprété, tandis que le cinéma a remis sa musique à l’honneur dans L’Amour ouf et Monsieur Aznavour . À l’étranger, des artistes comme Jeff Beck et Johnny Depp, la Libanaise Fayrouz ou le Canadien Mario Pelchat lui ont rendu hommage.

Je ne programme pas les radios ni les télévisions. Chaque fois qu’on me sollicite, je réponds présente

Emily Bécaud

Si elle se dit comblée par les nombreux témoignages de soutien des fans sur sa page Facebook, Emily tient à clarifier : «Je suis blessée. Souvent, trop souvent, vous nous interpellez pour nous demander “pourquoi on ne l’entend plus à la radio ?”, “pourquoi on ne le voit jamais à la télé ?”. Je ne programme ni les émissions de radio ni les émissions de télé. Chaque fois qu’on me sollicite, je réponds présente.»

Depuis deux ans, elle est seule détentrice du droit moral lié à l’exploitation de l’œuvre de son père, conformément à son testament. Une mission qu’elle décrit comme «un devoir plus qu’un droit», épaulée par sa mère, son fils Max et une petite équipe. «Je ne programme ni les émissions de radio ni les émissions de télé. Chaque fois qu’on me sollicite, je réponds présente. Mon équipe composée de mon attachée de presse Cécile Laligan, du créateur de contenus web, mon fils Max, du musicien Thomas Février, du gestionnaire de notre société Laurent Balandras et de maman, sa compagne durant 36 ans, m’aide à soulever des montagnes d’un travail qui a été sabordé pendant plus de 20 ans», déplore-t-elle, promettant de «soulever des montagnes» pour réparer cet oubli.

Le centenaire en ligne de mire

Emily Bécaud appelle désormais au soutien du public pour interpeller les décideurs des radios notamment. «C’est à eux qu’il faut demander pourquoi on ne l’entend plus», insiste-t-elle. Car deux anniversaires approchent : en 2026, les 25 ans de sa disparition, puis en 2027, le centenaire de sa naissance. «Je veux qu’il retrouve la place qu’il mérite», conclut-elle, déterminée à préparer «le plus beau des centenaires».