Par
Gaelle Kabongo
Publié le
15 sept. 2025 à 8h06
Les dos d’ânes. Installés à des endroits stratégiques dans les villes, ils sont censés faire ralentir l’allure des automobilistes. Mais pour les chauffeurs de bus du Pays de Meaux (Seine-et-Marne), traverser certains dos d’âne constituent un véritable calvaire. « J’ai des cervicales en souffrance à cause de ça. C’est un vrai sujet pour nous, les conducteurs de bus », avance Franck Piedallu, représentant du syndicat CGT des conducteurs de bus de l’entreprise Transdev, exploiteur pour Île-de-France Mobilités sur le Pays de Meaux et de l’Ourcq.
Des dos d’ânes trop haut
Depuis l’été 2025, le syndicat CGT de Transdev est en discussion avec la Ville de Meaux. Les raisons ? Plusieurs problèmes : des dos d’âne non conformes aux réglementations et pas adaptés au passage de bus. En cause, la hauteur de ces ralentisseurs qui peuvent atteindre jusqu’à 16 centimètres, contre 10 maximum selon la loi en vigueur. « Le soufflet du bus racle le sol. Quand le bus redescend, il y a une sensation de choc. On fait tout pour minimiser le désagrément pour les passagers, d’autant plus que sur certaines lignes, on a un public fragile. Mais les voyageurs ne voient pas ça. Ils se disent que le chauffeur conduit trop vite alors que c’est le dos d’âne qui n’est pas adapté », explique Franck Piedallu.
Dégradation des bus, selon les syndicats
Selon le syndicat, la hauteur des dos d’âne précipite la dégradation des bus. « On a des câbles en dessous des véhicules qui se détachent. On a des bus avec articule qui ont à peine 20 000 km au compteur qui sont déjà en révision. C’est un coût supplémentaire pour l’entreprise, qui peut être évité. » Ils estiment aussi que les voyageurs sont lésés par cette situation. « Si on a moins de véhicules avec articule, pouvant transporter jusqu’à 180 voyageurs, on utilise les standards, 80 voyageurs environ. On a des gens qui restent à quai et qui se plaignent auprès du conducteur. »
La ligne de bus A est la plus fréquentée d’Île-de-France, au moins 13 000 voyageurs par jour l’empruntent.
« Trop de dos d’ânes »
Aussi, les conducteurs de bus se plaignent aussi d’un nombre important de ralentisseurs sur certaines lignes de bus. La ligne A, B mais surtout la ligne H, toutes au départ de la gare de Meaux qui desservent respectivement la zone industrielle, sur l’avenue de la Victoire, et l’hôpital de Meaux sont les principales concernées. « On a compté le nombre de dos d’âne qu’il y a sur la ligne H : 27 sur l’aller-retour ! On peut faire la boucle au moins six fois d’affilée. À la fin de la journée, on a des douleurs. On aime cette ligne, la clientèle est agréable mais on la fait à reculons », explique Patrice Jules, représentant CGT de Transdev.
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Le syndicat demande donc un réaménagement des ralentisseurs sur la commune. « On ne demande pas leur suppression. On comprend bien que pour assurer la sécurité, les dos d’ânes sont nécessaires. Mais il faut les faire en concertation avec les conducteurs de bus », suggère Franck Piedallu.
Audits en cours de réalisation
Les représentants CGT ont rencontré une première le maire de Meaux, Jean-François Copé, le 25 juillet 2025 pour aborder cette problématique. Ils ont conclu à une expérimentation pour identifier les ralentisseurs concernés. Rendez-vous qui s’est déroulé le 4 septembre 2025 avec les services techniques de la Ville de Meaux. Au total, une dizaine de dos d’âne ont été relevés. Parmi eux, celui de la Verrière et celui près du Musée de la Grande Guerre.
La Ville de Meaux discute avec les chauffeurs de bus depuis plusieurs mois concernant cette problématique de dos d’âne. ©Gaëlle Kabongo
La Ville a donc lancé un audit des 155 ralentisseurs de la commune. « On est en train de créer une fiche d’identité pour chaque ralentisseur en reprenant toutes les mesures pour derrière permettre de les réajuster », annonce Julien Leloup, adjoint au maire de Meaux chargé de la Voirie. La Ville a également intégré les véhicules de secours à l’audit des dos d’âne. « Nous devons concilier la sécurité des piétons, le confort des chauffeurs de bus et de leurs voyageurs et des services de secours. Nous serions heureux si on pouvait enlever tous les dos d’âne. Mais force est de constater qu’une minorité de conducteurs ne respectent pas les limitations de vitesse », affirme l’élu.
De son côté, Transdev va aussi réalisé un audit. La fin de l’étude est prévue pour fin 2025. Alors, les deux parties se reverront début 2026 pour sélectionner lesdits dos d’âne à réajuster.
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