L’Allemagne envisage d’abandonner les contrats à long terme à prix fixe pour l’achat d’électricité issue de nouvelles installations d’énergies renouvelables, conformément aux recommandations de l’Union européenne. Le ministère de l’Économie a toutefois assuré lundi que le secteur continuerait de bénéficier d’un soutien public.
Les détracteurs des tarifs d’achat garantis, dits « feed-in tariffs », estiment qu’ils représentent un coût trop élevé pour les gouvernements et les consommateurs d’énergie, arguant que l’industrie des renouvelables est désormais suffisamment mature pour être soumise aux lois du marché.
Présentant les conclusions d’une étude de suivi de la transition énergétique, le ministère de l’Économie a indiqué qu’il examinerait des modèles de financement alternatifs. Parmi eux figurent les « contrats pour différence » : dans ce système, le producteur est rémunéré si les prix du marché tombent sous un seuil convenu, mais il doit reverser la différence si les prix dépassent ce seuil. D’autres mécanismes pourraient également permettre de récupérer les revenus excédant certains plafonds.
« Nous avons désormais besoin d’une évaluation honnête de la situation actuelle. La transition énergétique ne pourra réussir qu’avec plus de pragmatisme et de réalisme », a déclaré la ministre de l’Économie, Katherina Reiche, dans un communiqué présentant un plan en dix points destiné à maintenir l’Allemagne sur la voie de la neutralité climatique sans sacrifier sa compétitivité.
L’Allemagne est confrontée depuis plusieurs années à une économie en berne, situation que l’industrie attribue en partie à la cherté de l’énergie et au coût des politiques climatiques du pays.
L’étude, réalisée par les instituts de recherche EWI et BET, révèle que si les sources renouvelables représentent désormais près de 60 % de l’approvisionnement électrique allemand, elles entraînent encore une surproduction lors des périodes très ensoleillées ou venteuses, ainsi que des pénuries lors des accalmies, tout en demeurant coûteuses.
Le rapport recommande de remplacer les tarifs d’achat garantis par des mécanismes fondés sur le marché. Le ministère n’a toutefois pas précisé d’échéance pour cette transition.
Le ministère propose également une expansion coordonnée du réseau électrique, des capacités renouvelables et du stockage, avec des incitations telles que des primes régionales. Il évoque aussi la mise en place de redevances de réseau basées sur la capacité et le regroupement des câbles.
Les nouvelles installations renouvelables pourraient aussi faire face à des coûts plus élevés dans les régions où le réseau est saturé, tandis que les projets situés dans des zones moins bien desservies bénéficieraient de raccordements plus rapides et moins onéreux, précise le ministère.
Le gouvernement souhaite en outre donner la priorité à la production de secours flexible, notamment via des centrales à gaz convertibles à l’hydrogène, grâce à un nouveau marché de capacité ouvert à toutes les technologies, qui devrait voir le jour d’ici 2027.
(Rédaction : Friederike Heine
Reportage : Riham Alkousaa
Édition : Ludwig Burger et Mark Potter)