La ministre allemande de l’Économie Katharina Reiche a appelé lundi à une politique énergétique « plus flexible » avec moins de subventions aux énergies renouvelables, une césure avec le précédent gouvernement tout en préservant les objectifs climatiques du pays. « La transition énergétique est à un tournant», a déclaré la ministre conservatrice (CDU) à Berlin, en présentant un rapport de suivi commandé par son ministère et réalisé par les instituts BET et EWI.

Promesse du contrat de coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates, cet audit avait suscité pendant l’été des craintes d’un retour en arrière sur le climat au nom de la compétitivité de l’économie allemande en crise. Katharina Reiche a martelé que l’Allemagne maintiendrait ses objectifs climatiques, notamment porter de 60% à 80% d’ici 2030 la part des renouvelables dans la consommation électrique.


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Mais le rapport souligne que le système actuel comporte des « risques économiques énormes » et que l’approvisionnement en électricité pourrait être compromis. Actuellement, l’électricité renouvelable est trop subventionnée, selon la ministre, et le système manque de flexibilité. Le rapport pointe que les énergies renouvelables fournissent souvent plus d’électricité que nécessaire, mais trop peu pendant les périodes de faible ensoleillement et de vent. Ce fossé est alors comblé avec des combustibles fossiles ou des importations.

Rupture nette avec l’ancien ministre de l’Économie et de l’Énergie

Parmi les pistes de réformes proposées, supprimer une rémunération fixe aux exploitants d’installations photovoltaïques et limiter les subventions aux seuls besoins essentiels, surtout «pour les entreprises énergivores», a souligné Katharina Reiche. Il s’agit d’une rupture nette avec l’héritage de son prédécesseur, l’écologiste Robert Habeck (2021-2025), qui a fortement développé le renouvelable à l’aide de subventions. La ministre a pointé en outre l’excès de réglementation et le manque de numérisation du système électrique allemand. La fédération industrielle BDI a salué le rapport comme une base pour des améliorations « significatives », permettant de «concilier financement, compétitivité industrielle et neutralité climatique».

Par ailleurs, la demande en électricité en Allemagne sera comprise entre 600 et 700 térawattheures d’ici 2030 d’après le rapport, moins que ce qu’attendent d’autres experts. Cela pourrait justifier, selon la ministre, de réduire le rythme de construction d’installations renouvelables sans compromettre les objectifs climatiques. Elle a mentionné l’éolien offshore comme exemple de secteur peinant à optimiser sa production. L’ONG de gauche Campact a accusé la ministre, anciennement cadre du secteur de l’énergie, «d’interpréter le rapport de manière qui convient au lobby des énergies fossiles, son ancien employeur».