«Résister à l’ignorance. Résister aux mensonges ou aux vérités alternatives. Résister à l’aveuglement ou l’indifférence. Résister au désespoir aussi. Alors que la réalité, les faits et la science se heurtent aux diktats idéologiques, alors que les crises climatiques, sociales et politiques se multiplient et s’amplifient, il est essentiel de résister», souligne la présidente du conseil d’administration (CA) de l’événement, Mélanie Noël.

«On est moins dans le résister contre que le résister pour», enchaîne-t-elle aussitôt. «Résister pour plus de justice sociale. Résister pour plus d’ouverture, de diversité et d’inclusion. Résister pour une plus grande solidarité sociale.»

«Qui résiste s’affirme, prend position, se tient debout, prend racine, construit des alliances, fait appel à son entourage, fait du rire et de la joie une attitude gagnante. Parce que résister décuple les forces quand on agit ensemble.»

—  Mélanie Noël, présidente du CA du Salon du livre de l’Estrie

Bernard Gilbert, Mélanie Noël et Véronique Marcotte.

Quand résister se conjugue au féminin

Vous l’aurez compris, dans un monde de plus en plus polarisé, l’événement prend position avec une programmation des plus politiques à haute teneur féminine et féministe.

Ainsi, 100 % des invitées d’honneur du Salon sont des femmes: Annie Bacon, Virginie Chaloux-Gendron, Isabelle Picard et Andrée A. Michaud.

À cela, il faut ajouter le choix de Louise Dupré comme présidente d’honneur, cette année. La Sherbrookoise d’origine est connue pour avoir publié une vingtaine de livres. Elle présentera d’ailleurs son plus récent roman, L’Homme au camion, tandis qu’elle célébrera également la réimpression de son premier ouvrage, La peau familière, paru en 1983.

«C’est une figure majeure de la littérature québécoise contemporaine, une voix influente du féminisme littéraire. Elle est poète, romancière, dramaturge, essayiste. Elle a consacré une grande partie de son œuvre à explorer l’identité féminine, la mémoire, le corps et les injustices sociales.»

—  Véronique Marcotte, coordonnatrice de la programmation

À l’aube de leur cinquantième anniversaire, Les Éditions du Remue-ménage seront aussi à l’honneur et entameront les célébrations jubilaires à Sherbrooke pour l’occasion.

Fondée en 1976 dans le sillon de l’Année internationale de la femme (1975), la maison d’édition s’est donné comme mission de publier des ouvrages féministes écrits par et pour des femmes.

La présidente d'honneur, Louise Dupré.

«En 1975, des féministes se réunissent et décident de fonder une maison d’édition qui veut donner accès à la parole et à l’histoire des femmes. C’est un projet audacieux qui veut rejoindre différents groupes, notamment les ménagères, d’où le nom de la maison», relate Ariane Gibeau éditrice chez Remue-ménage.

«Dans le fond, ce qu’on veut, c’est tout changer», cette phrase issue du premier livre publié par la maison d’édition, Môman travaille pas, a trop d’ouvrage!, résume bien la mission de l’entreprise, selon Mme Gibeau. «On a toujours voulu être à l’avant-garde des paroles et des pensées, toujours à l’avant-garde des nouvelles problématiques», ajoute-t-elle.

Cette approche féministe du Salon s’est un peu imposée d’elle-même, selon la programmatrice, Véronique Marcotte. «Le mouvement #MeToo a commencé à se faire voir et à se faire sentir à travers la littérature québécoise. On ne parle plus juste d’agressions sexuelles, on parle d’abus au sens large, on décline sur la charge mentale des femmes, on se rebelle sur la violence encore beaucoup trop présente et on nomme le silence qui est imposé tant dans les sphères sociales que politiques.»

«Ça paraît dans nos livres», ajoute-t-elle. «Quand on a commencé à recevoir, cette année, les différents titres à paraître, toute l’équipe a vraiment vite constaté l’importance de la prise de parole féminine. Les autrices ont été vraiment prolifiques. On ne pouvait pas passer à côté, c’était gros comme un truck de dix roues.»

Beaucoup de choix

Les amateurs de littérature en tous genres seront servis, puisque la programmation regorge d’activités pour enfants, d’animations, de grandes entrevues, de lectures publiques et d’ateliers, y compris dans le réseau scolaire et à l’extérieur du Centre de foires.

Ariane Gibeau, Bernard Gilbert et Louise Dupré.

«Le Salon, cette année, va faire le plein d’auteurs, d’autrices et d’éditeurs. On parle de 90 maisons d’édition qui ont confirmé leur présence. C’est une édition des plus réussies à ce chapitre. En fait, le Centre de foires, en termes d’exposants et d’éditeurs, va être comme à guichets fermés, parce qu’il n’y a plus de place», révèle Bernard Gilbert, directeur général de l’événement.

«On va accueillir plus de 500 auteurs et autrices, dont une forte proportion de l’Estrie. On parle de plus de 160 activités au Salon, en Virée scolaire et hors les murs, du mardi 14 au dimanche 19 octobre.»

—  Bernard Gilbert, directeur général

«Au rythme où vont les réservations, on pourrait atteindre le chiffre de 1500 séances de dédicaces, ce qui d’après mes recherches, ne serait pas loin d’un record», s’enthousiasme l’homme.

Parmi les écrivains ayant déjà confirmé leur présence, on retrouve plusieurs grands noms, comme Agnès Gruda, Geneviève Everell, Nicholas Dawson, Alain Crevier, Alexandra Diaz, Alexandre Dumas, Jérémie McEwen, le rappeur KNLO et bien d’autres.

Parmi les représentants de la région, il sera possible de croiser Geneviève Rioux, Michèle Plomer, Natalie Plaat, Jean-François Nadeau, Akim Gagnon, Nicholas Giguère et plusieurs autres, évidemment.

C’est notamment le cas de l’autrice, chercheuse et chroniqueuse Maïka Sondarjee, qui agira comme essayiste en résidence tout au long du Salon. La native de Sherbrooke écrira chaque jour un court texte qu’elle ira partager avec le public et qui sera également publié par La Tribune.

Le 47e Salon du livre de l’Estrie se tiendra du 16 au 19 octobre 2025 au Centre de foires de Sherbrooke. Des activités sont aussi prévues au Café 440 et à La Petite Boîte Noire.

L'affiche officielle de l'événement.