[Article publié le 16 septembre 2025 à 7 h 30, mis à jour à 10 h 05]

Le Royaume-Uni déroule le tapis rouge pour Donald Trump. Six ans après avoir été reçu par la reine Élisabeth II à Buckingham Palace en 2019, le président américain est attendu mercredi et jeudi pour sa deuxième visite d’État dans le pays. Cortège en carrosse au côté du roi Charles III, défilé aérien, dîner royal au château de Windsor : la monarchie britannique sort le grand jeu pour flatter ce grand admirateur de la famille royale et amateur de pompe monarchique.

Le gouvernement britannique espère que le soft power de la famille royale séduira Trump, alors qu’il cherche à resserrer ses liens avec Washington en matière de défense, de sécurité et d’énergie, après avoir déjà obtenu un accord tarifaire favorable. Keir Starmer cherchera notamment à capitaliser sur le fait que le Royaume-Uni a été un des premiers pays à conclure un accord commercial avec Washington et à éviter ainsi de pires droits de douane imposés par Donald Trump.

Accords sur la technologie et le nucléaire

Le président américain se rendra jeudi dans la résidence de campagne du Premier ministre britannique, Chequers Court, accompagné par une délégation de dirigeants d’entreprises américaines. Les deux leaders devraient y conclure « un partenariat technologique de pointe » et « un accord majeur sur le nucléaire civil ».

➡️ Londres et Washington vont signer un accord pour accélérer les délais d’autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays, a précisé le gouvernement britannique dans un communiqué ce lundi. Cet accord « permettra aux entreprises de construire plus vite de nouvelles centrales nucléaires, par exemple en réduisant la durée moyenne d’obtention d’une licence de trois ou quatre ans à environ deux », est-il expliqué dans le communiqué.

➡️ Le partenariat prévoit aussi des programmes expérimentaux renforcés sur la fusion nucléaire, une technologie différente de la fission utilisée dans les centrales actuelles, qui vise à fournir une énergie présentée comme sûre et sans déchets.

➡️ Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, cité dans le communiqué, entend ainsi bâtir « un âge d’or du nucléaire » avec les États-Unis. Le partenariat, baptisé « Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy », prévoit « d’éliminer toute dépendance restante au combustible nucléaire russe d’ici à la fin de 2028, excluant ainsi davantage Poutine du marché de l’énergie », selon le communiqué.

➡️ Le gouvernement britannique a dévoilé lundi, dans son communiqué, un projet de construction allant « jusqu’à 12 réacteurs modulaires avancés à Hartlepool », dans le nord-est de l’Angleterre, par l’américain X-Energy et le britannique Centrica. L’américain Holtec, le français EDF et le britannique Tritax doivent pour leur part lancer un projet de data centers alimentés par de petits réacteurs modulaires dans le Nottinghamshire.

Les investissements déjà annoncés

➡️ Avant l’arrivée de Trump, le Royaume-Uni a déjà annoncé samedi plus de 1,25 milliard de livres (1,70 milliard de dollars) d’investissements américains de la part de PayPalBank of America et d’autres, tandis que Nvidia et OpenAI devraient annoncer des contrats d’investissement dans le cadre de l’accord technologique. Le PDG de Nvidia, Jensen Huang, prévoit de s’engager à soutenir des milliards de dollars d’investissements dans les centres de données britanniques au cours de son voyage, a rapporté Bloomberg News jeudi.

➡️ CoreWeave, un fournisseur américain de cloud computing, a également déclaré qu’il annoncerait des investissements au Royaume-Uni cette semaine.

➡️ BlackRock prévoit par ailleurs d’investir 500 millions de livres (680 millions de dollars) dans l’infrastructure des centres de données britanniques, a rapporté Sky News samedi. BlackRock et Downing Street n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires de Reuters sur le rapport, qui indiquait que BlackRock investirait à travers une nouvelle entreprise avec Digital Gravity Partners.

➡️ Google a annoncé ce mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d’euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l’intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d’Etat de Donald Trump dans le pays. Cette somme financera « les dépenses d’investissement, de recherche et développement » de l’entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d’IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Droits de douane sur l’acier et l’aluminium

Dans le cadre de cette visite, les États-Unis ont par ailleurs annoncé leur intention de réduire les droits de douane sur les importations de voitures, d’aluminium et d’acier. Si les détails concernant les droits de douane sur les voitures ont été convenus en juin, l’accord sur l’acier et l’aluminium n’est pas encore finalisé. « En ce qui concerne l’acier, nous veillerons à faire une annonce dès que possible », a déclaré dimanche à la BBC le ministre britannique au Commerce et aux Entreprises, Peter Kyle.

L’Ukraine au cœur des discussions

Au cœur des discussions également, l’Ukraine. Keir Starmer fait partie des dirigeants européens qui œuvrent en faveur de la poursuite du soutien au pays envahi par la Russie en 2022, alors que Trump a réintégré Vladimir Poutine sur la scène internationale.

Limogeage de l’ambassadeur britannique aux États-Unis

Toutes ces discussions seront compliquées par la décision de Keir Starmer la semaine dernière de renvoyer Peter Mandelson, son ambassadeur aux États-Unis, en raison de ses liens avec le défunt délinquant sexuel américain Jeffrey Epstein. Ce limogeage est profondément embarrassant pour Starmer, qui l’a nommé au poste diplomatique le plus convoité du Royaume-Uni il y a moins d’un an.