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À l’image de son festival Tapages, le théâtre du Grand Rond espère se faire entendre et pouvoir continuer à défendre la culture pour tous à Toulouse au cours d’une saison compliquée mais festive.

C’est la saison de tous les dangers mais aussi de tous les espoirs pour le théâtre du Grand Rond. Ce sera aussi la saison de toutes les envies pour les nombreux artistes qui ont décidé d’apporter leur soutien à la salle de spectacle toulousaine qui alerte depuis plusieurs mois sur les difficultés à boucler son budget.

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« La programmation de cette nouvelle saison est encore plus dense grâce à l’implication des artistes et de l’équipe mais tout cela est provisoire », prévient Céline Lemaire, présidente de l’association du théâtre du Grand Rond. « On ne demande pas la charité mais les moyens de continuer à servir l’intérêt général ».

Créé en 2003

Des propos étayés par Eric Vanelle, cofondateur du lieu qui a ouvert en 2003 dans la rue des Potiers, entre la Halle aux Grains et le Jardin des Plantes, après avoir failli disparaître. « Le théâtre du Grand Rond est né de la volonté de la Ville de Toulouse pour échapper à la démolition, grâce à la ténacité de René Bouscatel et de Marie Déqué », rappelle Eric Vanelle. Les adjoints au maire délégués à la culture de l’époque avaient été jusqu’au ministère à Paris pour stopper la méthode agressive d’un promoteur immobilier… « La Ville de Toulouse est notre soutien le plus ancien et le plus fidèle », ajoute le cofondateur du Grand Rond. « Mais depuis 2014, le Département et l’État ont multiplié leur soutien par deux, la Région Occitanie par 1,6, alors que l’aide de la Ville de Toulouse n’a pas bougé ce qui veut dire que si on prend en compte l’inflation, elle a baissé de 20 %. Pour continuer à exister, on aurait besoin de ce que coûte un abribus. Il ne s’agit donc pas d’un problème budgétaire mais d’un choix politique ».

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Une première alerte date de 2019 mais la situation n’a pas évolué alors que le Grand Rond constate un faible financement public par rapport à d’autres lieux complémentaires à Toulouse. La salle de spectacle qui fonctionne déjà avec 70 % de recettes propres se dit au maximum de ses capacités d’autofinancement. En cette période préélectorale, le cas du Grand Rond mais aussi d’autres modestes salles toulousaines du Fil à Plomb au Pont-Neuf, en passant par la Violette, pourrait devenir un enjeu politique…

Une saison intense

En attendant, la saison qui s’annonce va être explosive. « Ce sera un feu d’artifice », annoncent Sophie Sciabica et Appoline Saint-André, chargée de présenter la programmation. « Il y aura plein de fêtes et d’anniversaires. Nous allons célébrer les 30 ans de la Compagnie Rouge les Anges, les 20 ans du spectacle ‘Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne’ de Corinne Mariotto… ». La comédienne sera aussi à l’affiche avec un autre spectacle passionnant : « Veil/Badinter ou du courage et de la conviction en politique », un titre qui en dit long dans le contexte actuel.

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Le festival Tapages revient avec un deuxième opus du 2 au 22 mars. Plus de 40 spectacles donneront la parole aux jeunes compagnies régionales pour montre la vitalité de la scène en Occitanie.

Cette saison particulière se déroulera aussi hors les murs avec neuf soirées de soutien chez des partenaires. Les deux premières ont rassemblé 450 personnes à la Cave Poésie et 250 au théâtre de la Cité. Les suivantes auront lieu au Bijou, à l’American Cosmograph, au Taquin, au théâtre Garonne, sous le chapiteau de l’Agit, au théâtre des Mazades et à l’Escale à Tournefeuille jusqu’à la fin du mois de mai.

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Culture sourde

La programmation de spectacles accessibles aux personnes sourdes fait partie des priorités du lieu qui a toujours donné des pièces signées. Suite à l’accueil d’ateliers en langue des signes et face à des problèmes financiers, l’École de théâtre universel (ETU) a intégré le théâtre du Grand Rond. Seule école et France et en Europe à former des comédiens professionnels, elle est à son tour menacée.

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Cette saison, des spectacles pour enfants et pour tout public seront encore joués en langue des signes.

Théâtre du Grand Rond (23, rue des Potiers) à Toulouse. Tél. 05 61 62 14 85.