« Accueillir le sublime » : c’est le slogan de la saison 2025-2026 du Théâtre Joliette, scène conventionnée pour les écritures contemporaines, dirigée par Nathalie Huerta : « Dans un monde qui va mal, le théâtre a aussi pour mission de rendre les choses belles, d’apporter de la lumière », affirme-t-elle. Sa programmation s’articule autour de trois axes : ouvrir des fenêtres sur le monde en accueillant des troupes internationales, la jeunesse et ses luttes, et enfin, les écritures documentaires qui interrogent la société contemporaine.
Brésil, Palestine, Burkina Faso… des créateurs venus d’ailleurs
En ouverture, la chorégraphe brésilienne Lia Rodrigues, notre coup de cœur au Festival de Marseille l’été dernier, jouera à guichets fermés Borda samedi 27 et dimanche 28 septembre, en co-accueil avec le festival Actoral. « J’ai eu la chance de visiter son centre d’art à Maré, l’une des plus grandes favelas de Rio en 2009, raconte Nathalie Huerta. C’est pour moi l’une des plus grandes artistes d’aujourd’hui. »
Le Théâtre Joliette accueillera également la voix singulière de l’artiste rwandaise Lisette Ma Neza, avec The Weight of a Woman le 22 novembre, une œuvre qui explore le rôle des femmes dans la réparation après les traumatismes du génocide tutsi. L’artiste burkinabé Aristide Tarnagda s’inspirera du magnifique roman de Mohamed Mbougar Sarr, La plus secrète mémoire des hommes, prix Goncourt 2021, à voir du 27 au 29 janvier.
Cap sur le Chili avec Minga de una casa en ruinas, une pièce qui évoque les traditions des maisons flottantes en Patagonie, accueillie les 19 et 20 mars en ouverture de la Biennale des écritures du réel.
Les récits du monde arabe ont toujours leur place à la Joliette. Invitation est faite notamment aux metteurs en scène palestiniens Bashar Murkus et Khulood Basel avec Yes Daddy, huis clos radical salué au Festival d’Avignon l’été dernier.
Enfin, le théâtre sera l’un des partenaires importants de la saison Méditerranée qui se déroulera partout en France entre le 15 mai et le 31 octobre 2026 et sera inaugurée à Marseille.
Jeunesse rebelle
« Taire » de Tamara Al Saadi, dans la peau d’une ado placée en foyer, à voir les 7 et 8 octobre. / Photo Christophe RAYNAUD DE LAGE
La jeunesse occupe une place centrale dans cette saison : « Les pièces invitées, telles que Immortel, Taire, nos jardins, sont incarnées par de jeunes acteurs. » Les 7 et 8 octobre, Taire de Tamara Al Saadi fait entrer dans la peau d’une ado, Eden, enfant de la Ddass (Direction départementale des affaires sanitaires et sociales) qui cherche sa place dans un monde qui la rejette, ballottée de famille d’accueil en famille d’accueil, de foyer en foyer. Dans nos jardins, du 4 au 6 février, comme dans La dernière, éclate la colère des adolescents face aux chemins imposés par les adultes.
« Mizu », duo entre une acrobate et son double de glace, mis en scène par Elise Vigneron, sera joué hors les murs du 19 au 21 octobre sur l’esplanade du Mucem (gratuit sur réservation). / Photo JM Coubart
Le théâtre de marionnettes tout public s’invite également. Connue pour ses marionnettes de glace, Élise Vigneron présentera son nouveau spectacle, Mizu, qui signifie « eau » en japonais, du 19 au 21 octobre sur l’esplanade du Mucem (gratuit), dans le cadre du festival En Ribambelle : « Il s’agit d’un duo entre l’acrobate et son double de glace suspendu à une structure en bois », poursuit Nathalie Huerta. Dans Spécimen de Gwendoline Soublin, les 10 et 11 mars, une femme licenciée bascule dans une faille temporelle : elle retourne à l’époque préhistorique, explorant avec humour notre lien à la nature et aux origines.
Spectacles engagés
Les écritures documentaires et les récits intimes sont le troisième fil rouge de cette saison. Du 4 au 8 novembre, La stupéfaction de Marie Provence, autrice-metteuse en scène marseillaise, coproduite par La Criée, explore avec humour et poésie les trajectoires de trois personnages confrontés à un traumatisme. Grâce à l’imaginaire et à la musique, ils trouvent des chemins de réparation.
Le théâtre mène l’enquête avec Non-lieu : la pièce explore le dossier d’instruction sur la mort du militant écologique Rémi Fraisse, lors d’affrontements avec les forces de l’ordre en 2014. Dix ans après les faits, le Moukden théâtre rouvre le dossier, les 28 et 29 novembre.