La Fédération Française du Prêt-à-Porter (FPAPF) appelle Salih Halassi, CEO de Pimkie, à renoncer à sa joint-venture avec l’acteur chinois d’ultra fast fashion Shein.
Mardi 16 septembre 2025, Quentin Ruffat, porte-parole de Shein, et Salih Halassi, CEO de Pimkie, ont annoncé la création d’une joint-venture entre les deux structures pour permettre à Pimkie de figurer sur la marketplace de Shein. Le but : toucher un marché international via le digital, tout en conservant le parc de boutiques physiques. Fin juillet 2024, cette enseigne, qui cible une clientèle féminine jeune, comptait encore 1 303 salariés et 154 magasins affiliés (source AFP).
À l’occasion de la conférence de presse, Salih Halassi, actionnaire unique de Pimkie, a salué cette collaboration contractuelle comme une opportunité de croissance à l’international. Pour mémo, la marque a bénéficié, en novembre 2024, d’un plan de sauvegarde de deux ans par le tribunal de commerce de Lille. Celui-ci lui permet de restructurer la société et de repartir sur de meilleures bases, tout en organisant le remboursement de ses dettes dans le temps.
Un choix stratégique qui n’est pas du goût de la FFPAPF
Mais, la réaction de Yann Rivoallan, président de la FFPAPF et fervent pourfendeur de l’ultra fast fashion ne s’est pas fait attendre, qualifiant ce partenariat d’ « association de malfaiteurs ». Dans un communiqué publié ce mercredi 17 septembre, il exprime son aberration : « « Associer une marque française historique comme Pimkie à Shein, c’est donner raison à un modèle qui nie les droits sociaux, piétine les enjeux environnementaux et désorganise l’industrie. Ce choix est une faute stratégique, industrielle et morale. »
Le partenariat est présenté comme un « non-sens » au regard des principes que défend la filière textile : respect des droits humains, conditions de travail décentes, production encadrée, concurrence loyale, transition responsable.
Shein est décrit comme incarnant un système fondé sur : l’exploitation sociale, la surproduction, l’opacité, le contournement des normes européennes.
Pour la FFPAF, ce partenariat a un effet délétère sur la filière française. Il fragilise les efforts des PME qui relocalisent, innovent et créent des emplois en France. Dans un contexte de faillites successives d’enseignes historiques, ce rapprochement envoie un « signal négatif » et trahit les engagements envers salariés, consommateurs et territoires.
Le communiqué inscrit aussi cette critique dans une mobilisation européenne contre l’ultra-fast fashion : dénonciation de la concurrence déloyale et des pressions subies par les PME, demande de mesures fiscales et réglementaires (taxation des petits colis, TVA, représentants légaux en Europe), volonté de porter une voix commune face aux autorités chinoises.
Autorités chinoises qui, dixit François Chimits de l’Institut Montaigne à l’occasion du Forum de la Mode 2025, se satisfont pleinement des plateformes d’ultra fast fashion : « Ces plateformes baissent les coûts et rapportent des devises au pays. Cela convient au gouvernement chinois. »