Deux heures de rencontre pour… peu d’information. Premiers reçus ce mercredi 17 septembre par le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu dans cette journée de consultation des oppositions, les socialistes sont «restés sur leur faim», a affirmé le premier secrétaire Olivier Faure à la sortie de l’entrevue. A en croire les dirigeants roses, l’ancien ministre des Armées est resté particulièrement flou sur ses intentions. «Pour l’instant, nous ne savons rien [de ce qu’il compte faire]», a répété le chef du PS devant les caméras posées rue de Varenne dans le VIIe arrondissement de Paris.

Pour l’heure, impossible donc pour le parti au poing et à la rose de se prononcer sur une éventuelle censure. «On verra ce que le Premier ministre est prêt à entendre», a expliqué Faure. Face aux journalistes, le député de Seine-et-Marne dit avoir prévenu le chef du gouvernement que si son passage à Matignon consistait à «refaire du François Bayrou, les mêmes causes produiront les mêmes effets». Les socialistes ont surtout profité du rendez-vous pour répéter à Sébastien Lecornu ce qu’ils portent depuis la fin de l’été. A savoir un changement de politique basé sur plus de justice fiscale.

En janvier, les socialistes s’étaient distingués du reste de la gauche en acceptant de négocier un accord de non-censure avec François Bayrou. Estimant avoir obtenu des «victoires» et notamment un conclave sur les retraites qui était censé permettre de rediscuter de l’âge de départ, les roses avaient permis au Béarnais de survivre aux motions de censure déposées contre lui en ne les votant pas.

Mal leur en a pris. Au fil des semaines, le PS a fini par déplorer que les engagements pris par Matignon n’avaient pas été respectés par l’ex-Premier ministre. Cette fois, avec Lecornu, on ne les y reprendra plus, martelaient-ils dans la foulée de sa désignation. «Bayrou a bénéficié du doute, mais là non ça ne sera pas le cas», tapait du poing sur la table un haut dirigeant socialiste la semaine dernière. «On va demander beaucoup plus que la dernière fois. Lecornu n’a pas le choix, s’il nous dit “allez vous faire voir” il tombe», poursuivait le même.

Pour tenter de mettre la pression sur Sébastien Lecornu, et le convaincre de reprendre les principales mesures de leur contre-budget présenté à la fin de l’été à Blois, les socialistes ont sciemment rendu public mardi un sondage montrant que leurs propositions sont plébiscitées par les Français. Selon l’enquête d’Ifop, révélée par le Parisien, 86 % des personnes interrogées soutiennent l’instauration de la désormais célèbre taxe Zucman de 2 % sur les patrimoines de plus 100 millions d’euros. En outre, 79 % des sondés se disent favorables à une réduction des aides publiques «aux grandes entreprises».

Après le PS, les Ecologistes et les communistes seront reçus par le Premier ministre ce mercredi après-midi. Contrairement aux socialistes, les verts ont toutefois prévenu qu’ils ne se rendaient pas à Matignon pour négocier quoi que ce soit, mais par simple courtoisie républicaine. Leur décision, en effet, est déjà arrêtée : ils voteront la censure contre ce nouveau chef de gouvernement qu’ils jugent illégitimes. Ce week-end, à la fête de l’Huma, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a prévenu l’ancien ministre des Armées que ses députés pourraient, à terme, prendre la même décision. «Il y a besoin de ruptures claires et franches et nous ne transigerons pas dessus. Sans cela, nous appuierons sur le bouton de la censure», a-t-il lancé lors de son discours.

Les insoumis, enfin, ont décidé de ne pas perdre leur temps du côté de la rue de Varenne. Contactés en début de semaine pour rencontrer Sébastien Lecornu ce mercredi, les mélenchonistes ont refusé l’invitation. «Nous ne participerons pas à sauver ce qu’il reste de la macronie : tous ceux qui tenteront de sauver Macron tomberont avec lui», a justifié la présidente du groupe LFI à l’Assemblée sur France Info.