Il devait avoir lieu ce jeudi. Finalement, le transfert de la tapisserie de Bayeux a été reporté. Mais ce ne sont pas les nombreux experts, scientifiques et amateurs d’art qui se sont élevés contre le projet de prêt de l’ouvrage de la France au Royaume-Uni, qui ont réussi à le repousser. Les mouvements sociaux et les forces de l’ordre mobilisées pour encadrer cette mobilisation sont à l’origine de ce report.
« En raison de la mobilisation attendue la journée de demain dans le département du Calvados, le préfet ne s’estime pas en mesure d’assurer la sécurité d’un transfert aussi médiatique et […] d’une œuvre aussi coûteuse », explique Philippe Bélaval. C’est lui qui est chargé par l’Elysée du prêt de cette œuvre au British Museum. Ce n’est, selon lui, que partie remise. L’opération se tiendra « dans les prochains jours ».
Direction le British Museum, de septembre 2026 à juin 2027
Inscrite au registre « Mémoire du Monde » de l’Unesco, cette œuvre, longue de 70 mètres sur 50 centimètres de hauteur, est une broderie de fils de laine sur toile de lin. Elle met en mémoire et en images la conquête du trône d’Angleterre par Guillaume duc de Normandie (devenu le Conquérant), lors de sa victoire à la bataille d’Hastings en 1066. Pour de nombreux spécialistes, la fragilité de l’œuvre devrait interdire son déplacement.
Mais Emmanuel Macron, s’appuyant sur d’autres avis, a estimé en juillet que le transfert de la tapisserie était bien possible. Et le moment opportun pour tenir sa promesse de prêt faite aux Britanniques en 2018. Le musée de Bayeux est en effet fermé pour des travaux de rénovation jusqu’en octobre 2027. Le British Museum accueillera la tapisserie de septembre 2026 à juin 2027 avant son retour en Normandie.
« Début avril 2025 une simulation de l’extraction de la Tapisserie hors de son local technique a permis d’anticiper chaque geste du futur déplacement réel, explique de son côté le musée de Bayeux. Décrochage sécurisé, installation sur un paravent de transport, cheminement vers une réserve temporaire… Tous les scénarios ont été joués dans des conditions réelles. » Des essais réalisés sur un fac-similé.
Ils ont permis « de tester et valider les protocoles de sécurité et de repérer les points sensibles, comme les virages étroits, les changements de température ou les vibrations liées au transport. » La mobilisation sociale étant passée par là, il faudra attendre au minimum quelques jours afin de passer des tests à la mise en pratique.