Ne lui demandez pas s’il est « divers droite ou divers centre », car il « refuse énergiquement les étiquettes ». « Je viens avec une démarche citoyenne » et « en dehors des partis politiques ». Ne le qualifiez pas non plus « d’économiste libéral ». « C’est quoi d’abord l’économie libérale ?, rétorque-t-il. Je suis réaliste, c’est tout. »

L’économiste Philippe Dessertine, universitaire habitué des plateaux télévisés, a officiellement lancé sa candidature à la mairie de Bordeaux ce mercredi. S’il enseigne à Paris, le Bordelais répète qu’il a toujours « vécu à Bordeaux », et n’a « jamais envisagé de déménager ».

« Des années que je me prépare »

Son épouse, Laurence Dessertine, a été adjointe d’Alain Juppé de 2008 à 2020, et occupe toujours un mandat de conseillère départementale sous l’étiquette Gironde Avenir (union de la droite et du centre). S’il ne veut pas être étiqueté, ce n’est pas non plus faire injure à Philippe Dessertine de dire que sa candidature vient plutôt étoffer l’offre au centre et à droite, où le député Renaissance Thomas Cazenave, la ministre démissionnaire du Tourisme Nathalie Delattre, ou encore le conseiller municipal Pierre De Gaétan Njikam, se sont déjà déclarés.

L’économiste bordelais assure qu’il n’est pas dans une logique de calcul, et qu’il « n’entrera pas en négociations » avec ces autres candidats, mais des rapprochements ne seront-ils pas, à un moment, inévitables, alors que le maire sortant, l’écologiste Pierre Hurmic, patiente pour annoncer qu’il briguera sa succession ?

« Cela fait des mois que nous nous préparons avec mon équipe, et à titre personnel cela fait même des années que je me prépare » assure Philippe Dessertine, qui explique que c’est « le moment » pour lui de briguer la mairie, et qu’il ira « au bout » de sa démarche. « Il n’y a qu’un sondage qui m’intéresse, c’est celui du 15 mars », au premier tour du scrutin.

« La ville va entrer dans l’hiver des finances publiques »

S’il affirme qu’il présentera son projet « petit à petit », il a déjà levé le voile au cours de sa conférence de presse ce mercredi, sur les thèmes qui lui sont chers. Et s’il ne veut pas être enfermé dans un rôle de « contrôleur de gestion », l’économie sera évidemment le socle de ce projet.

« Nous allons être confrontés, de plus en plus, à une crise économique, Bordeaux peut-être plus qu’ailleurs », notamment en raison « de la crise du vin, pilier économique de la ville », qui pourrait s’aggraver, assure-t-il. La ville, comme d’autres, va par ailleurs « entrer dans l’hiver des finances publiques » annonce-t-il. « Et, dans un pays biberonné à l’argent public, je regarde avec beaucoup d’attention les finances de Bordeaux et de l’agglomération, et je vois les non-capacités d’investissement que nous allons avoir dans les prochaines années. »

Solliciter le financement privé pour les crèches

Faute d’argent public, « il va falloir aller chercher l’argent privé, et ça, je sais faire » clame-t-il. Il souhaite ainsi solliciter le financement privé pour la réalisation de crèches, « même s’il faudra conserver un fort contrôle de l’activité », ou encore pour relancer par ce biais les Girondins de Bordeaux, « un club extrêmement important pour la ville. » « Il n’y a pas d’autre choix que de se tourner vers l’argent privé, ce n’est pas libéral que de dire cela, c’est regarder la réalité. »

En revanche, il écarte déjà le projet de métro qui fait tant débat : « pas les moyens. » « Il faut arrêter de promettre des choses aux gens, sachant qu’aucune société privée ne financera ce métro, en plus avec les difficultés techniques qu’il soulève. » Il aura certainement l’occasion d’en débattre avec le candidat de « Bordeaux, nouvelle voie », Mickaël Baubonne, qui avait relancé l’idée d’un métro pour l’agglomération. Si la décision ne relève pas du maire de Bordeaux, Philippe Dessertine adopte la même approche pour le prolongement de la LGV vers Toulouse et Dax. « On est incapable de financer cela, d’autant plus que, la Cour des comptes l’a souligné, les bouts de lignes sont déficitaires. »

« L’immobilisme commence à nous faire reculer »

Comme les autres candidats de droite et du centre, il assure que les questions de sécurité et de propreté seront aussi au cœur de son programme. Et comme eux, il veut relancer « l’attractivité de Bordeaux ».

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« Je pense qu’Alain Juppé, Jacques Chaban-Delmas, tous les grands maires de Bordeaux, ont rendu cette ville incroyablement attractive, mais que nous n’avons pas utilisé cette attractivité, analyse-t-il. Aujourd’hui, toutes les villes en Europe sont en concurrence entre elles, et je constate que Bordeaux décroche sur le plan économique et scientifique. » Et de conclure que « l’immobilisme n’est plus possible, car il commence à nous faire reculer. »