Un mur trop haut… et voilà les travaux qui prennent six mois de retard!

Les 46 familles des gens du voyage qui résidaient jusqu’en 2019, sur les terrains de l’ancien camping Caraïbes, chemin des Salles, à Cagnes-sur-Mer ne pourront intégrer le lieu que dans un an. « En gros, le chantier a six mois de retard dû à la conformité du mur », soupire Géraldine Dumas, directrice régionale chez Erilia. C’est ce bailleur social qui construit 46 unités d’habitation sur le terrain en cours de réaménagement. Terrain que la communauté avait dû quitter en catastrophe il y a six ans, à cause des intempéries. Chaque unité disposera d’un emplacement pour une caravane, ainsi que deux autres pour des voitures.

Un mur trop haut de 1,10mètre

Louis Nègre confirme: « Le permis n’a pas été respecté, mes services ont dressé un PV, il a été transmis au parquet. Et Erilia nous a écrit pour nous dire que l’erreur serait rectifiée ». Une erreur d‘1,10mètres sur le mur le long de la route. « Une partie du mur va être arasée, une partie démolie, c’est une erreur de chantier, on assume, on va le remettre en conformité. Et on assumera aussi financièrement », ajoute Géraldine Dumas. « Ensuite le mur sera habillé », précise-t-elle. « Ah oui, parce que là, il ne manquait plus que des barbelés et des miradors, c’est monstrueux », peste un voisin.

Des recours

Depuis le début, la vie de ce chantier n’est pas un long fleuve tranquille. En décembre 2023, le tribunal administratif a rejeté un recours contentieux formé par l’association France nature environnement 06. Il visait le permis d’aménager le terrain des Caraïbes, parcelle communale jusqu’en 2022, alors cédé au bailleur social pour un euro symbolique. En juillet dernier, c’est l’élu d’opposition Philippe Touzeau-Menoni qui s’est tourné vers la justice administrative. Pointant des « irrégularités » et « une erreur d’appréciation manifeste du maire », il espérait faire stopper immédiatement le chantier.

En mars, l’élu qui n’a eu de cesse de dénoncer la cession du terrain à Erilia – cadeau de la mairie aux gens du voyage selon lui – a été pris à partie à la terrasse d’un café par deux individus qui l’auraient entraîné à l’écart, en dehors du champ de vision des caméras, essuyant un coup de poing et des menaces. Philippe Touzeau-Menoni le jure: il s’agissait de deux figures de la communauté: Régis, dit « Moustique », pasteur du campement des Caraïbes et Franck Aspinas, qui siège à la commission départementale des gens du voyage.

Le ton monte

Au milieu des riverains et des gens du voyage, Philippe Touzeau-Menoni a, lui aussi, des questions à poser. Et le ton monte… « S’il y avait moins de harcèlement raciste, ça fait longtemps que le chantier serait fini », lance un membre de la communauté sédentarisée yeux noirs vers l’élu. « La dernière fois que je vous ai vu, vous utilisiez les poings », rétorque Touzeau-Menoni.

Louis Nègre souffle. Et siffle la fin de partie. « Dès lors qu’une communauté est un peu différente, une partie de la population réagit. Et là vous rejetez des gens qui étaient là avant vous. (…)Vous êtes là et vous jetez de l’huile sur le feu. Ce n’est pas votre loi qui doit s’imposer », soupire le maire de Cagnes en direction de son opposant. « La vôtre non plus », répond l’opposant.