Il est 9 h, ce jeudi 18 septembre 2025, à Châteaugiron, dans un champ non loin de la route de Nouvoitou, à 25 minutes au sud de Rennes. Sur le « Village des indignés », un groupe d’une cinquantaine de personnes est en pleins préparatifs en vue de la journée de mobilisation nationale. Ici, pas de parapluie ni cagoules, plutôt déguisements en tous genres et maquillage. « C’est pour montrer que c’est la fête. Le mot d’ordre, c’est discutez, amusez-vous », annonce l’un d’eux.
Les revendications sont les mêmes qu’en ville. « Ras-le-bol des inégalités sociales ». « Ras-le-bol de voir le dernier budget dans lequel on veut faire la guerre, mais où on ne donne pas de moyens pour l’éducation, la santé, le social, les services publics ». « Ras-le-bol de ne pas être entendus quand on met un bulletin dans l’urne ».
« Même s’il ne comprend pas tout, c’est convivial »
Mais ici, la grogne prend une autre forme et s’incarne par d’autres visages. Pas, ou peu d’étudiants, mais des artisans, agriculteurs, retraités… et des familles. C’est le cas de Louis, venu avec son fils de 4 ans, juché sur un tracteur pour la photo. « Je l’avais déjà emmené dans une manif contre la réforme des retraites au Mans mais jamais à Rennes où il y a souvent des affrontements avec la police. Ici, au Village des indignés, je l’emmène régulièrement depuis mercredi dernier quand il n’a pas école. Même s’il ne comprend pas tout, c’est convivial et on se sent en sécurité. » Louis n’emmènera pas son fils sur les routes départementales pour le défilé à vélo, tracteur et trottinette. « Mais on ira au pique-nique prévu à Janzé ».
Le fils d’Aude, lui, ne serait pas venu sans son vélo. Elle travaille dans le milieu culturel, et lui est collégien. Tous deux prennent part à cette boucle de 35 km en direction de Janzé, Piré-sur-Seiche puis Châteaugiron. « J’avais envie de venir, je n’avais que deux cours aujourd’hui », raconte le jeune garçon sur son vélo. S’il avoue venir d’abord « pour le tour à vélo », sa mère est heureuse de voir son fils se mobiliser. « C’est pour créer pour eux un nouveau modèle de société qu’on est là. On en parle à la maison, il ne comprend pas tout, mais il est sensibilisé. »
À 10 h 30, le convoi s’est donc élancé dans la campagne bretillienne. Certains équipés de gilets jaunes, « mais uniquement pour notre sécurité car on ne se revendique d’aucun mouvement », pointe l’un d’eux. Objectif : « Il faut que les gens des campagnes soient visibles. Le démantèlement du service public est plus prégnant en ruralité, martèle Louis. On veut montrer qu’en campagne, on n’est pas tous pour le Rassemblement national et on a aussi des revendications politiques. On n’est pas tous d’accord sur tout mais on a envie de faire ensemble. Et dans une bonne ambiance. Ça peut être ça aussi la démocratie. »