REPORTAGE – Alors que le métro parisien ne circule qu’aux heures de pointe et que plusieurs lignes de RER sont ralenties, la journée de grève nationale a commencé. Entre trains bondés dès l’aube et souterrains étonnamment calmes, les usagers racontent comment ils ont dû s’organiser.

Dans les souterrains de la gare Montparnasse menant aux lignes de métro, les couloirs étaient bien plus calmes qu’à l’ordinaire ce jeudi matin. De nombreux voyageurs semblent avoir anticipé les perturbations en choisissant d’autres itinéraires. Jonathan, 36 ans, informaticien habitué de la ligne 13, s’attendait à une journée sans grandes difficultés et reconnaît ne s’être renseigné qu’au dernier moment : «J’ai pensé d’emblée que ce serait comme le 10 septembre, c’est-à-dire presque aucune perturbation.»

Devant les grilles fermées de la ligne 12, Marion, elle, tombe des nues : «J’avais regardé les prévisions il y a deux jours, j’avais vu que le trafic serait très perturbé, mais je n’avais pas compris qu’il n’y aurait carrément pas de métro sur ce tronçon.» Cylia, 22 ans, aide-soignante, devait prendre la ligne 6 puis la 14 pour rejoindre l’hôpital où elle devait prendre son service à 7h. «Je suis très en retard… Je vais devoir passer par la ligne 4 puis là 7, ça va être la galère», souffle-t-elle.


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À Châtelet – Les Halles, dans le grand hall qui relie RER et métros, peu de voyageurs circulaient vers 7h30. Estelle, 31 ans, partie plus tôt pour une réunion au cabinet d’avocat où elle travaille, précise : «j’ai de la chance, je prends la ligne 14, il n’y a personne ce matin.» Les lignes de métros automatiques (1, 4 et 14) fonctionnent ainsi normalement, contrairement aux autres lignes, qui ne circulent qu’aux heures de pointe, de 6h30 à 9h30 puis de 16h30 à 19h30. Dix stations, dont Bastille, République, ou encore Opéra resteront fermées toute la journée.

Côté RER, trois trains sur quatre roulent en heures de pointe sur la ligne A, un sur deux sur la B, tandis que les lignes D et E sont fortement perturbées. Les lignes de Transilien sont aussi affectées, en particulier le H, N et U. Les bus roulent à 70% en moyenne et les tramways sont relativement épargnés. Du côté de la SNCF, neuf TGV sur dix sont maintenus, un train Intercités sur deux et trois TER sur cinq circulent. Les perturbations dans les transports franciliens ce mercredi matin étaient néanmoins «conformes aux attentes», a indiqué la RATP, en ouverture d’une nouvelle journée de mobilisation sociale.

Des usagers déboussolés, d’autres ont anticipé

Dans le train reliant Rambouillet à Paris-Montparnasse et arrivé à 6h25 en gare, l’affluence était bien plus importante que d’ordinaire. Beaucoup de voyageurs ont choisi de se lever aux aurores pour sécuriser leur trajet, de peur de manquer leur correspondance. Madeleine, 29 ans, confie : «Ça va être vraiment difficile aujourd’hui, vu les perturbations ce matin je n’ose pas imaginer ce que ce sera ce soir». Elle vient de commencer un nouvel emploi comme chargée de communication, sans possibilité de télétravailler durant ses premiers mois. Partie très en avance de Saint-Quentin-en-Yvelines, elle arrivera au bureau avec plus d’une heure d’avance. «Je n’étais pas sûre d’avoir un bus à temps, j’ai préféré prévoir très large», précise-t-elle. 

Entre Meudon (Hauts-de-Seine) et Montparnasse, l’ambiance restait calme malgré la foule. Romain et Juliette, 26 et 27 ans, ont planifié depuis longtemps leur voyage à Rennes pour rendre visite aux parents de Romain. «Heureusement pour nous, nous partons tôt donc nous avons pu avoir un transilien facilement, mais nous avons quand même pris beaucoup d’avance pour arriver une heure avant notre TGV», expliquent-ils. Au réveil, ils ont hésité à commander un VTC, avant d’opter pour la ligne N : «Ça avait l’air de fonctionner en heure de pointe, donc on a préféré cette option». Du côté des grandes lignes, la SNCF prévoit 90% des TGV en circulation : ce matin, tous semblent à l’heure et les voyageurs se disent plutôt confiants.

Si la régie estime que le trafic est maîtrisé, sur le terrain, beaucoup de voyageurs restent désorientés. Comme l’écrivait un usager sur X mardi soir : «Demain, il y a une grève ? Ça va être une vraie grève ou comme la dernière fois niveau transport ?»