Seulement quelques mois après la sortie de son premier casque Bluetooth, Nothing poursuit sur sa lancée en dévoilant les Ear (3), nouveaux fleurons de sa gamme d’écouteurs true wireless. Cette appellation peut paraître curieuse, mais la marque était bel et bien entrée sur le marché de l’audio avec les Ear (1) et Ear (2), avant de les décliner en Ear (a) et Ear. Elle a donc simplement souhaité revenir à sa nomenclature initiale.
Pour cette troisième itération, Nothing ne se contente pas d’un simple affinage. Les Ear (3) introduisent une architecture acoustique repensée, un kit mains-libres inédit intégré au boîtier et une construction plus soignée. Ils embarquent également une réduction du bruit active annoncée comme plus efficace, ainsi qu’une autonomie revue à la hausse.
On espère donc que Nothing a profité de cette montée en gamme pour corriger les défauts de ses écouteurs précédents, plutôt que de simplement proposer un produit plus onéreux pour surfer sur le succès du Headphone (1).
Prix & disponibilité
Les Ear (3) sont sortis en septembre 2025 au prix de 179 € dans des finitions noir et argent.
Conditions de test
Les Ear (3) ont été testés avec la version 1.0.1.51 de son micrologiciel et l’app Nothing X en version 3.4.5.
Construction & ConfortDu poids pour le prestige
Alors que bon nombre de fabricants misent sur la miniaturisation et la légèreté, Nothing justifie le positionnement premium de ses écouteurs par le choix de matériaux raffinés. Si les coques opaques des Ear (3) sont identiques à celles des modèles précédents, ses tiges transparentes mettent désormais en valeur des pièces de métal poli. La plus imposante d’entre elles, jouant le rôle d’antenne isolante, contribuerait selon Nothing à une connexion plus stable. Elle recouvre partiellement la carte électronique, également visible à travers la tige.
Sans véritable évolution esthétique, les Ear (3) adoptent une construction plus dense, renforçant leur impression de solidité en main. Toutefois, ils conservent la marque d’assemblage visible au centre des coques, un détail peu élégant qui tempère légèrement l’enthousiasme. Comme tous les écouteurs de la gamme, les Ear (3) sont certifiés IP54, ce qui leur permet de résister sans problème à une fine pluie.
Si les dimensions restent proches, l’emploi de métal a cependant une incidence sur le poids. Chaque écouteur passe de 4,6 g à 5,2 g, augmentation qui se ressent une fois portés, mais heureusement sans nuire au confort. Inchangés par rapport aux Ear, leurs embouts souples fixés sur des canules plates viennent délicatement sceller l’entrée du conduit auditif sans créer d’intrusion désagréable. Le maintien est aussi très bon, les écouteurs ne donnant jamais l’impression de tomber, mais l’on prendra évidemment soin de tester les différents embouts fournis (XS, S, M, L) pour bénéficier des meilleures sensations.
Boîtier
Bien que le boîtier conserve les dimensions compactes de celui des Ear, son poids passant de 51,9 g à 77,4 g se ressent lors de la prise en main. Nous avons la sensation de tenir un objet plus dense, indéniablement beau et réussi, mais aussi potentiellement plus sensible aux chocs. Outre l’idée de lui conférer un aspect premium, cet alourdissement découle de divers raffinements techniques.
Le couvercle en plastique reste le même, mais une partie du châssis principal est désormais conçue en aluminium. Cette nouvelle architecture, qui laisse d’ailleurs moins de place à la transparence qu’avant, a permis de faciliter l’intégration du kit mains-libres Super Mic. Ce dernier se matérialise par l’ajout d’un bouton Talk, d’une led témoin d’enregistrement, ainsi que de deux microphones placés sur le flanc et sous le boîtier. Dans un souci de minimalisme, le bouton d’appairage migre de la tranche vers l’intérieur, tandis qu’un emplacement pour dragonne fait son apparition pour plus de praticité.
Cependant, l’intégration des micros a une légère répercussion sur sa résistance aux éléments. Doté d’une certification IP54, contre IP55 pour celui des Ear, le boîtier bénéficie alors d’une protection moindre contre les jets d’eau à haute pression.
Malgré cela, le boîtier des Ear (3) reste une belle réussite sur de nombreux points. Il se montre assez facile à ouvrir d’une seule main, tandis que ses charnières sans le moindre jeu reflètent une conception soignée. Enfin, grâce à de puissants aimants, le positionnement des écouteurs est intuitif, même dans l’obscurité.
Expérience utilisateurÀ un clic du sans-faute
Commandes
Côté commandes, Nothing reste fidèle à sa formule avec les Ear (3). Le contrôle s’effectue via des pincements successifs (un, deux ou trois), un pincement long ou deux pincements suivis d’un pincement long, effectués sur les surfaces tactiles des tiges. L’ensemble est toujours aussi réactif, limitant les erreurs de manipulation, tandis que les cliquetis et tonalités de confirmation sont agréables. Les alertes liées à l’isolation passive et à l’ANC ont d’ailleurs été revues pour s’harmoniser à celles du casque Headphone (1).
Si le simple pincement dédié à la lecture/pause reste non modifiable, toutes les autres commandes sont personnalisables, à droite comme à gauche. On peut alors facilement expérimenter pour trouver le réglage parfait.
En revanche, bien qu’on apprécie les commandes accessibles simultanément, dommage que le réglage du volume ne puisse toujours pas se faire via un balayage tactile, comme c’était le cas sur les Ear (1). L’utilisateur est donc tenu de recourir à des appuis longs peu pratiques. Le plus problématique dans tout cela demeure que Nothing semble avoir oublié d’assigner une tonalité à cette commande. À la place, nous avons le droit à un clic électronique plutôt étrange.
Connectivité
La puce Bluetooth multipoint des Ear (3) passe d’une version 5.3 à 5.4, sans changement côté codecs. En plus des classiques SBC et AAC, on retrouve toujours une compatibilité LDAC, au grand bonheur des propriétaires d’un smartphone Android compatible. Nothing met toutefois en avant la présence d’une antenne métallique isolante de 0,35 mm, visible dans la tige et censée améliorer la connexion. Dans les faits, rien ne démontre une véritable évolution par rapport aux Ear, qui profitent déjà d’une excellente connectivité, tant sur le plan de la stabilité que de la réactivité.
Que cela soit lié ou non à cette antenne, la latence Bluetooth baisse légèrement. Nous avons mesuré un délai de 225 ms en natif, réduit à 175 ms grâce au mode faible latence. Une amélioration discrète, mais insuffisante pour un usage gaming sans décalage. Google Fast Pair et Microsoft Swift Pair sont toujours présents pour un appairage rapide.
Application
Bien qu’elle ne foisonne pas autant que celles de Sony ou JBL, l’app Nothing X a le mérite d’être intuitive, claire et agréable à l’usage. On note même un effort d’évolution, car le nombre de fonctionnalités augmente. Les Ear (3) introduisent tout d’abord un nouveau mode audio spatial. Statique, contrairement à celui du Headphone (1) qui autorise le suivi des mouvements de la tête, cette fonction dégrade le rendu dans un cadre musical. La réverbération appliquée est telle que nous ne le conseillons même pas dans un cadre vidéoludique.
Parmi les autres nouveautés, on relève l’activation automatique du mode Transparence lors des appels et la personnalisation des microphones du boîtier. L’utilisateur peut totalement désactiver le Super Mic s’il ne l’utilise pas, ou activer simultanément les micros du boîtier et des écouteurs d’une simple pression sur le bouton Talk. Hors appel, il est également possible de programmer le boîtier afin d’accéder à l’assistant vocal du smartphone.
En outre, on retrouve toujours les réglages habituels, comme un bass boost sur cinq niveaux, la gestion des capteurs de port, l’adaptation du rendu en fonction de l’audition, etc. Reconnu pour sa précision, avec la possibilité de régler la fréquence et la largeur de chaque bande, l’excellent égaliseur paramétrique huit bandes est toujours présent.
AudioEntre éclat et excès
Au sommet de la gamme d’écouteurs Nothing, les Ear (3) promettent monts et merveilles en matière de qualité sonore. La marque britannique annonce l’introduction de transducteurs dynamiques de 12 mm, dotés d’une membrane à dôme PMI associée à un contour en TPU, censés offrir un meilleur contrôle du grave. Cette nouvelle architecture permettrait un gain de 6 dB dans les basses et de 4 dB dans l’aigu, ainsi qu’une “absence de masquage des médiums”.
Sur ce dernier point, Nothing ne se trompe pas, et cela constitue d’ailleurs le principal défaut des Ear (3). En effet, le fabricant a été trop loin dans cette direction en axant leur tonalité sur un haut-médium beaucoup trop prononcé. À titre de comparaison, même si leurs aînés Ear ne faisaient pas non plus dans la dentelle dans cette région afin de rendre l’écoute engageante, l’effet était assez maîtrisé pour ne pas compromettre l’équilibre sonore.
Partant du principe qu’il s’agit d’un choix délibéré et non d’une maladresse, cette forte accentuation des fréquences comprises entre 2 et 4 kHz intervient manifestement pour compenser une accentuation de près de 10 dB dans les basses. Cette région pâtit d’ailleurs d’un véritable manque de précision car, outre un excès de présence, l’extrême grave est trop favorisé. Par conséquent, en présence d’un bas-médium creusé, l’upper-bass manque de définition et souffre d’un excès de rondeur. En outre, des grondements audibles autour de 40 Hz peuvent à eux seuls causer une fatigue auditive.
Ce caractère à la fois énergique et boomy rappelle celui des produits Bose, mais sous une forme encore plus exagérée et moins maîtrisée. L’excès de présence des éléments sonores de premier plan est tel qu’il peut parfois nuire à la clarté des graves, ainsi qu’à la finesse des aigus. Cette forte coloration sonore dénature avant tout les timbres : les voix sont nasillardes, criardes et réverbérantes, tandis que les caisses claires sont à la fois trop fines et agressives. Cela rend l’écoute à haut volume rapidement fatigante, d’autant plus que la sibilance vocale se fait à la fois métallique et dure sur les enregistrements qui en possèdent déjà.
Malgré un haut-médium très présent renforçant la clarté, le rendu n’est pas brillant pour autant, notamment à cause d’une extension limitée dans l’extrême aigu. Les charleys sont plutôt fidèles en intensité, mais les morceaux riches en médiums manquent d’aération. Les subtils détails aigus, habituellement doux à l’oreille, sont parfois noyés derrière l’énergie débordante des instruments les plus intenses.
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Signal carré 50 Hz
Signal carré 500 Hz
Si l’on devait trouver un point positif aux Ear (3), bien que la scène sonore ne soit pas des plus larges et que la dynamique se montre assez contenue, ce serait sans doute leur niveau de précision louable. Dans l’absolu, ce déséquilibre semble davantage provenir d’un mauvais réglage que d’un défaut technique des transducteurs. Si une réduction drastique des fréquences autour de 3,5 kHz et un léger rééquilibrage des basses via l’égaliseur améliorent un peu la signature, l’exacerbation reste trop ancrée. De plus, cette atténuation vient hélas brider le volume des écouteurs.
Autre point positif, contrairement aux Ear, les Ear (3) proposent une réponse en fréquences similaire, quel que soit le mode d’isolation (ANC, Transparence ou isolation passive).
IsolationEn progrès, mais toujours perfectible
Réduction du bruit
Si les Ear étaient loin d’atteindre les 45 dB d’atténuation du bruit annoncés, les Ear (3) réitèrent cette promesse, mais une fois de plus sans la tenir. Néanmoins, ils restent globalement plus performants que leurs aînés, notamment dans le grave et le bas-médium. Ils parviennent ainsi à mieux à occulter les bruits de ventilation et les composantes graves des moteurs. L’extrême grave restant malgré tout trop peu réduit, les résonances des bruits de nos pas dans une cage d’escalier, ou encore les vibrations d’un bus en stationnement, persistent.
Avec une atténuation maximale d’environ 25 dB entre 60 et 300 Hz, les Ear (3) parviennent tout de même à bien effacer les ambiances urbaines… jusqu’à ce que des sons plus intenses interviennent. Même si l’on note une légère amélioration dans le médium, les sons du quotidien, tels que les propos des conversations environnantes et les bruits de la circulation, restent intelligibles.
De plus, utilisant les mêmes embouts que leurs devanciers, la réduction du bruit dans l’aigu et le haut-médium n’évoluent pas. Bien qu’un léger voile atténue leur agressivité, les voix aiguës, cliquetis métalliques et sirènes demeurent totalement perceptibles. En plus de trois niveaux de réduction du bruit, les Ear (3) proposent toujours un mode adaptatif. Ce dernier, qui n’exerce jamais l’isolation maximale en environnement bruyant, peine à convaincre.
Écoute des sons environnants
Loin d’atteindre celui des Apple AirPods Pro 2, le mode Transparence laisse également à désirer. Comme sur les Ear, l’amplification perd en efficacité dès les médiums, nous laissant face à des sons intenses et aigus voilés. La voix d’un interlocuteur à proximité, bien qu’un peu trop grave par rapport à la réalité, reste toutefois assez naturelle pour tenir une conversation. En revanche, pour suivre une discussion à distance, il vaut mieux retirer les écouteurs.
Kit mains-libresUn boîtier talkie-walkie
L’ADN des Ear (3) est fortement axé sur la qualité des appels. Outre trois microphones directionnels, les écouteurs utilisent désormais une unité de conduction osseuse pour transformer les vibrations de la mâchoire et du conduit auditif en signaux électriques afin de “mieux capter la voix”. En complément, Nothing innove en intégrant des microphones MEMS au sein du boîtier afin de l’utiliser à l’instar d’un talkie-walkie, au plus près de la bouche. Bien sûr, tous ces micros sont aidés par des algorithmes de réduction des bruits ambiants.
Un article détaillé consacré aux performances du Super Mic sera publié prochainement. Ici, nous nous concentrons uniquement sur la captation sonore des écouteurs eux-mêmes.
Malgré l’intégration de la conduction osseuse au sein des écouteurs, l’évolution par rapport aux Ear est très maigre. Bien que légèrement plus présente, notre voix reste très étouffée en milieu urbain bruyant. Dans ce cadre, les nuisances extérieures sont pourtant bien effacées, la voix n’est pas saccadée et les artefacts créés par l’algorithme sont discrets. Si les performances sont globalement inchangées dans un environnement calme, on note tout de même une légère amélioration de l’intelligibilité. Dans tous les cas, notre voix paraissant robotique et nasillarde, la restitution manque de naturel.
Points forts
- Rendu sonore clair et énergique.
- Construction soignée.
- Excellentes sensations de confort.
- Usage intuitif, fonctionnalités nombreuses.
- Kit mains-libres du boîtier efficace.
Points faibles
- Signature déséquilibrée sur l’ensemble du spectre.
- Haut-médium agressif, basses trop lourdes.
- Réduction du bruit perfectible.
- Réglage du volume peu pratique.
- Autonomie un peu juste en ANC.
Conclusion
Note globale
Comment fonctionne la notation ?
Avec les écouteurs true wireless Ear (3), Nothing soigne toujours autant l’ergonomie et les fonctionnalités, tout en progressant légèrement sur la réduction du bruit. La construction plus raffinée de l’ensemble et l’intégration du Super Mic au sein du boîtier sont réussies, sans nuire au confort d’utilisation. En revanche, leur signature sonore déséquilibrée, à la fois agressive et trop lourde en basses, gâche totalement l’expérience. À moins de chercher spécifiquement leur esthétique ou leur kit mains-libres original, les Ear présentent un meilleur rapport qualité-prix, notamment pour leur rendu sonore bien plus maîtrisé.