Par Le Figaro avec AFP
Le 18 septembre 2025 à 15h38
Originaire d’Asie, le moustique tigre est désormais implanté dans la quasi-totalité du territoire métropolitain.
Gordon Zammit / gordzam – stock.adobe.com
Développées depuis les années 2000, elles ont fait l’objet d’une expertise de l’Agence de sécurité sanitaire pour étudier leur capacité à diminuer les populations de moustiques et à réduire les épidémies.
Dengue, chikungunya, Zika… Autant de maladies qui nous sont transmises par les moustiques et qui, à la faveur du réchauffement climatique, s’implantent progressivement dans l’Hexagone. À ce jour, il n’existe pas de vaccin parfaitement toléré et efficace, et le meilleur moyen de lutte est celle contre les vecteurs eux-mêmes de ces maladies, en particulier le moustique tigre Aedes albopictus, ainsi que ses « cousins » Aedes aegypti et Aedespolynesiensis. Pour limiter le recours aux insecticides et mieux protéger la santé humaine et l’environnement, des techniques de « lâcher de moustiques » modifiés ont été développées ces dernières années. Mais avec quelle efficacité ? L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a entrepris de faire le tri. Et elle montre, dans un rapport publié ce jeudi, que l’efficacité de ces techniques pour réduire les populations de moustiques ou leur capacité à transmettre les virus est variable et mériterait d’être mieux explorée.
Trois techniques ont été développées, résume l’Anses. D’une part, des lâchers de moustiques mâles rendus stériles par irradiation : les femelles qui s’accouplent avec eux pondent des œufs non viables. D’autre part, le lâcher de moustiques porteurs de la bactérie Wolbacchia : soit on relâche des mâles porteurs d’une souche particulière de la bactérie, qui s’accouplent avec des femelles saines ou porteuses d’une autre souche, et donnent naissance à des œufs non viables («technique de l’insecte incompatible») ; soit on relâche des mâles et des femelles porteurs d’une souche sélectionnée pour que les moustiques deviennent moins compétents pour transmettre un virus donné (« technique de remplacement »). Les deux premières techniques peuvent être combinées pour renforcer leurs effets.
Des lâchers depuis les années 2000
Des lâchers ont été testés à partir des années 2000 pour lutter contre les moustiques du genre Aedes, dont le moustique tigre, en diminuant leurs populations ou en réduisant leur capacité à transmettre certains virus.
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Après analyse des études scientifiques internationales disponibles, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) relève, pour la technique de l’insecte stérile, « un niveau de preuve avéré pour la réduction du taux d’éclosion des œufs chez Aedes albopictus et probable chez Aedes aegypti ». La technique de l’insecte incompatible permet de « réduire le taux d’éclosion des œufs et le nombre de femelles des trois espèces d’Aedes étudiées ». En revanche, les preuves « manquent pour déterminer si ces techniques peuvent effectivement réduire l’incidence des maladies vectorielles », selon l’agence. Quant à la technique du remplacement, elle a un effet « avéré » pour diminuer l’incidence de la dengue et « possible » pour réduire celle du chikungunya.
Surveiller les « effets non intentionnels »
Pour consolider cette évaluation, l’agence souhaite que soient collectées des données supplémentaires. Par ailleurs, l’Anses alerte sur la nécessité de surveiller d’éventuels « effets non intentionnels » des lâchers de moustiques (apparition de phénomènes de résistance chez les insectes, perturbation des chaînes alimentaires, modification des dynamiques de transmission des virus à l’être humain, etc.), jusqu’alors « peu documentés ».
Comme ces lâchers ne sont actuellement pas encadrés par une réglementation spécifique, l’Anses recommande aussi de créer un statut réglementaire pour les insectes irradiés ou porteurs de Wolbachia, de rendre obligatoire leur déclaration auprès d’une autorité compétente, mais aussi d’évaluer leur acceptabilité sociale. Quoi qu’il en soit, ces lâchers « ne peuvent pas, à eux seuls, supprimer les nuisances dues aux moustiques Aedes ni les risques de transmission », souligne l’agence : « Il s’agit de techniques préventives qui, pour pouvoir être efficaces, doivent être déployées sur le long terme et lorsque les densités de moustiques sont au plus bas. Elles doivent donc être mises en œuvre dans le cadre d’une stratégie de lutte antivectorielle intégrée ». Chacun doit par ailleurs s’efforcer d’éliminer les lieux de ponte en traquant tous les points d’eau stagnante, et de se protéger des piqûres.