Par
Julie Bossart
Publié le
18 sept. 2025 à 18h04
La transparence des élus a été l’un des chevaux de bataille d’Anne Hidalgo dès son arrivée à la tête de la Mairie de Paris en 2014. Un code de déontologie basé sur les « valeurs d’exemplarité, d’éthique et de transparence » a même été institué, rappelle Mediapart dans un article publié mardi 16 septembre 2025. Sauf que l’élue PS elle-même s’est montrée « fâchée » avec cette exemplarité, poursuit le média d’investigation.
Des documents difficiles à obtenir
Il a fallu en effet plusieurs années (2018-2023) de bataille administrative au journaliste néerlandais Stefan de Vries pour obtenir les notes de frais et de représentation engagés par la maire pendant l’année de l’obtention de l’organisation des JOP 2024. Comme il a fallu plusieurs années de mêmes procédures à trois associations pour accéder au détail des dépenses effectuées en 2020, alors que la Ville était endettée à hauteur de 7 milliards d’euros.
Cette fois-ci, c’est Transparence Citoyenne qui a fait du forcing pour consulter les notes de frais de déplacement, de restauration et de représentation d’Anne Hidalgo. Malgré une validation de la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada, autorité indépendante chargée de veiller à la liberté d’accès aux documents administratifs et aux archives publiques), l’association a saisi le tribunal administratif de Paris pour les obtenir. Mediapart a en a révélé une partie.
Quelque 200 000 euros de frais entre 2020 et 2024
Entre 2020 et 2024, Anne Hidalgo a dépensé 84 200 euros en frais de représentation. BHV, Repetto, Dior ou Gérard Darel font partie des enseignes auprès desquelles la maire s’est fournie en vêtements et accessoires. Des achats compris entre 500 euros et 1000 euros, avec quelques exceptions, comme pour cette robe Dior (6320 euros) ou ce manteau Burberry (3067,50 euros). Son budget a été tenu, la maire disposant d’une enveloppe annuelle de 20 000 euros pour sa garde-robe.
En ce qui concerne ses frais de déplacements, pour ceux effectués entre juillet 2020 et décembre 2023, ils se sont élevés à 125 000 euros, avec deux voyages plus coûteux que les autres : New York en 2022, pour une cérémonie environnementale et pour rencontrer son homologue américaine (10 034 euros), et Tahiti en octobre 2023, pour la visite du site olympique de surf à Teahupoo (12 687 euros). Un dernier voyage qui avait fait polémique en raison notamment d’un hors forfait téléphonique monumental et, surtout, du fait que la maire avait rendu visite à sa fille au lieu d’honorer son rendez-vous sur le site olympique.
Ces frais mis au grand jour n’ont pas tardé à susciter l’indignation. Sur les réseaux sociaux, des élus d’opposition se sont offusqués d’achats réglés « avec des fonds publics », comme Aurélien Véron, conseiller (LR) de Paris, ou encore Paul Hatte (Union capitale).
Contacté par Mediapart, le cabinet d’Anne Hidalgo a justifié ces frais de représentation en indiquant « qu’elle incarne la France à l’étranger ». Et en a profité pour viser Rachida Dati, maire du 7e arrondissement et ministre de la Culture soupçonnée d’avoir dissimulé pour 420 000 euros de bijoux : « La maire de Paris n’utilise pas ses frais de représentation pour s’offrir des bijoux et tout est déclaré. »
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Une association « proche de l’extrême droite »
Le cabinet de l’élue socialiste a également mis en cause l’impartialité de Transparence Citoyenne, soulignant que l’association était « financée par le milliardaire Pierre-Édouard Stérin » et la jugeant « proche de l’extrême droite ». Le discret chef d’entreprise, connu pour avoir fait fortune grâce à Smartbox, est sorti de l’ombre en affichant clairement son soutien à l’extrême droite et, surtout, son ambition de la financer via son projet Périclès (pour Patriotes, Enracinés, Résistants, Identitaires, Chrétiens, Libéraux, Européens, Souverainistes). Le but du projet : investir plus de 150 millions d’euros en dix ans pour permettre à l’extrême droite d’arriver au pouvoir.
Interrogée à ce sujet par Mediapart, Transparence Citoyenne, par la voix de son président, Guillaume Leroy, reconnaît avoir reçu 10 000 euros de Pierre-Édouard Stérin à travers le projet Périclès, mais « seulement par opportunisme, pour financer [ses] actions et sans contrepartie ». Depuis mars 2024, l’association a sollicité les 1025 communes de plus de 10 000 habitants pour obtenir les notes de frais des maires. Son but : les analyser pour identifier les abus éventuels et proposer des améliorations concrètes du cadre juridique.
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