Par

Antoine Grotteria

Publié le

3 avr. 2025 à 18h30

Ils escortent le deuil des familles. De la morgue au cimetière, ils œuvrent à la préparation des obsèques. Leur discrétion jure avec la lumière portée sur un secteur en forte croissance du fait des mutations démographiques en Île-de-France, leur conférant un rôle prépondérant. Pourtant, les agents funéraires ne disposaient jusqu’à présent d’aucune certification validant leurs compétences spécifiques. Un vide comblé par la Ville de Paris et le rectorat et officialisé mercredi 2 avril 2025, à l’occasion d’une cérémonie. actu était présent.

« Un métier unique »

Dans le décorum majestueux des salons de l’Hôtel de Ville, la première promotion de techniciens de convoi funéraire a été diplômée en présence de la présidente des Services Funéraires de la Ville de Paris (SFVP) et adjointe à la maire de Paris, Pénélope Komites, et de l’adjointe à la maire de Paris chargée des sociétés d’économie mixte et des sociétés publiques locales, Sandrine Charnoz.

L’assistance était composée de quatre des cinq élèves du lycée Diderot (19e), ayant contribué durant près de deux ans à la constitution d’une grille de compétences propres à ce métier. L’augmentation du solde des décès a mis en lumière leur mission. Des habillages du corps à l’ornementation du cercueil en passant par l’écoute des familles meurtries, les convoyeurs funéraires doivent conjuguer santé physique et mentale.

« On ne fait pas que transporter les morts », explique à actu Paris Éric Baudin. Âgé de 50 ans, cet ancien pompier est le doyen de la bande des cinq. Entre les accidents mortels et les meurtres, son quotidien s’avère particulièrement chargé émotionnellement.

« C’est un métier unique. Il faut du courage, de la résilience et un accompagnement important. Et il faut faire abstraction »

Éric Baudin
Convoyeur funéraire diplômé

Si le quinquagénaire perçoit des ponts entre son ancien et son nouveau métier, certains parcours sont plus chaotiques. Pour Fabien Fournier, les petits boulots se sont succédé : vendeur, distributeur de presse… Puis, à 29 ans, il postule à une offre d’emploi dans les pompes funèbres. « Un peu par hasard », reconnaît-il. Quinze ans plus tard, il continue d’écumer le crématorium de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne). « J’adore l’aspect humain de ce job. On côtoie des familles dans le deuil. Mais ça reste plus intéressant que de rester derrière un ordinateur », confesse-t-il.

Un besoin de main-d’œuvre, mais des difficultés à recruter

Cette pensée a traversé l’esprit de Mickaël Letailleur en 2014. L’actuel agent au crématorium d’Antony (Hauts-de-Seine) était seulement âgé de 18 ans. « J’ai commencé en bas de l’échelle. Mais j’avais envie de découvrir ce métier et je savais que le secteur était en pleine expansion », expose-t-il. Rapidement, le jeune homme a grimpé les échelons, jusqu’à devenir chef d’équipe.

« Je ne me vois pas partir. Je me sens bien dans mon métier »

Mickaël Letailleur
Technicien de convoi funéraire diplômé

Or, la profession ne suscite pas d’engouement particulier. Pire, le nombre d’employés est en baisse, en contraste avec la hausse des établissements. Selon les chiffres communiqués par la Fédération nationale du funéraire (FNF), le secteur a perdu 4 % de salariés entre 2016 et 2019. Pourtant, les besoins explosent. La crise sanitaire liée au Covid-19, qui s’est matérialisée par une accélération des décès, représente un tournant pour le monde funéraire.

Mais les failles professionnelles restent béantes. Avant la création de ce diplôme, les salariés ne pouvaient pas se projeter. Et pour cause, leurs compétences n’étaient pas reconnues. Dans ce cadre, impossible de se reconvertir. Désormais, le champ des possibles est ouvert pour les aspirants convoyeurs. Plusieurs villes, comme Lyon ou Toulouse, seraient déjà intéressées pour proposer ce type de certification.

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