Dans cette ambiance à la fois feutrée et grandiose, le milliardaire et ancien animateur de la série américaine The Apprentice a admis mercredi soir connaître là « un des plus grands honneurs de [sa] vie ». Avant d’assurer que « le lien de parenté et d’identité entre les États-Unis et le Royaume-Uni est inestimable et éternel. Il est irremplaçable et indestructible ».

Donald Trump assis à côté de Kate Middleton, menu en français et une bouteille spéciale : les détails du banquet en l’honneur du président américainIsolé des protestations

La promesse d’un séjour réussi ? Pas si vite. Quelques heures après son arrivée sur le sol britannique, les négociations sur l’abaissement de 25 % à 0 % des droits de douane imposés à l’importation d’acier britannique par la Maison-Blanche (contre des droits de 50 % pour l’Union européenne) ont été stoppées net par la partie américaine.

Ensuite, même si les autorités britanniques avaient tout fait pour isoler leur hôte des opposants à sa seconde visite officielle au Royaume-Uni, après celle effectuée en 2019, lors de son premier mandat, leurs actions ne sont pas passées inaperçues. Mardi soir, des photographies de Donald Trump avec le pédophile et proxénète Jeffrey Epstein ont été projetées sur les murs du château de Windsor. Mercredi, des manifestations ont été organisées à Windsor et surtout dans le centre de Londres, où cinq mille personnes ont marché pour exprimer leur opposition à la réception d' »un violeur et un raciste », comme nous l’y a expliqué l’une des responsables de la coalition anti-Trump, Zoe Gardner.

Le ministre britannique des Affaires étrangères a revu son opinion sur « le tyran Trump »

Enfin, le chef du parti libéral-démocrate Ed Davey a rejeté l’invitation de participer au banquet de Windsor en raison du manque d’action du président américain « pour empêcher la catastrophe humanitaire » à Gaza.

Promesses d’investissement

De fait, en difficulté au niveau national, où sa légitimité est remise en question après plusieurs scandales politiques et par la poussée du parti populiste anti-immigration Reform UK, largement en tête dans les sondages, le Premier ministre britannique n’a pas souhaité abîmer sa relation avec son « véritable ami », comme il l’a qualifié, en le poussant trop sur les sujets diplomatiques contentieux, tels que l’Ukraine, l’Otan et Gaza. Surtout que les deux hommes ne sont pas d’accord sur la reconnaissance de l’État palestinien par Londres, qui devrait survenir dans les prochaines heures. Il a donc mis en avant leur « accord de prospérité technologique », une gigantesque promesse d’investissement bilatéral de 250 milliards de livres sterling (290 milliards d’euros).

Le Royaume-Uni est le premier à conclure un accord commercial avec les États-Unis

Après avoir été le premier à signer un accord commercial avec les États-Unis en mai et à avoir obtenu des tarifs douaniers (de 10 %) parmi les plus faibles décrétés par la Maison-Blanche, Keir Starmer a enregistré jeudi 150 milliards de livres sterling (170 milliards d’euros) d’investissements américains dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), des centres de base de données et des constructions de puces, notamment par les groupes Microsoft, Google, Nvidia et surtout le fonds d’investissement Blackstone, qui s’est engagé sur 90 milliards de livres sterling (103 milliards d’euros) sur dix ans.

Ces apports considérables devraient créer 15 000 emplois selon le responsable travailliste. Ils s’inscrivent dans sa stratégie dévoilée en janvier « d’injecter l’IA dans les veines de cette nation entreprenante » pour faire « du Royaume-Uni le leader mondial de l’IA ». Les deux pays avaient déjà dévoilé en début de semaine la construction commune de douze petits réacteurs nucléaires modulaires d’une capacité de 960MW.

De son côté, Donald Trump paraissait jeudi après-midi aux anges, notamment après avoir assuré la promesse de nouveaux investissements britanniques aux États-Unis. « Nous avons l’intention d’être toujours le partenaire commercial le plus solide, le plus proche et le plus fiable du Royaume-Uni », a-t-il indiqué. « C’est très important pour nous. La relation est très importante. » De quoi soulager Keir Starmer.