Des drapeaux verts flottaient ce jeudi 18 septembre dans les rues de Marseille. Comme les croix des officines, éteintes à 95% aux quatre coins des rues des Bouches-du-Rhône. À l’appel des deux syndicats de la profession (USPO, FSPF), les pharmaciens de la région (venus aussi du Vaucluse et du pays d’Arles) se sont largement engagés pour exiger le retrait du texte qui prévoit une baisse de 40 à 30% des remises sur les achats de médicaments génériques. Une mesure qui menacerait de disparition un tiers des officines (6 000 à travers l’Hexagone).
1 500 pharmaciens ont défilé hier de la préfecture au Vieux-Port pour défendre l’accès aux soins de proximité. / Photo Gilles Bader
En blouse blanche, Marine avait sorti la panoplie de la manifestante : gilet vert, casquette verte et mégaphone. « Si nous sommes aussi nombreux dans la rue c’est que la situation est critique, témoigne la jeune docteure en pharmacie. Après les déserts médicaux, les déserts pharmaceutiques. La chaîne de l’accès aux soins va s’écrouler. »
« On a de gros crédits et des salaires à payer »
De la préfecture au Vieux-Port, ils étaient 1 500 à défendre sous le soleil la survie de leur maillage territorial et l’accès aux soins pour tous : 20 000 pharmacies en France, 2 000 en Provence-Alpes-Côte d’Azur dont 720 dans les Bouches-du-Rhône. « On a de gros crédits et des salaires à payer, nous sommes inquiètes, confiaient Delphine et Marion, titulaires associées. Si on réduit nos marges, on devra revoir nos horaires, licencier et travailler à la chaîne. L’humain disparaîtra et on deviendra des épiciers qui font de l’abattage d’ordonnances ! »
La profession refuse la destruction de notre modèle social quand chaque jour, environ cinq millions de personnes poussent la porte d’une officine. « Si je m’associe aux syndicats, c’est que l’heure est grave. Le projet de l’État est une attaque frontale qui met en péril notre équilibre », résumait Stéphane Pichon, président de l’Ordre des pharmaciens Paca-Corse, au moment où le CEPS (Comité économique des produits de santé) se réunissait pour s’accorder sur de nouvelles baisses de prix.
« On ira jusqu’au bout »
« Nous demandons le retrait immédiat du texte et le gel des tarifs des médicaments. On ira jusqu’au bout : la grève des gardes et des astreintes continue et nous fermerons entre Noël et le Jour de l’An si on n’est pas entendus », prévenait Patrick Raymond, président de l’USPO 13.
Pour éviter que les fermetures soient définitives, les étudiants se mobilisaient aussi. Parmi eux, Thomas et Inès, craignent un « effondrement du système de santé ». En tête de cortège, ils chauffaient leurs collègues en multipliant les slogans : « Lecornu retire l’arrêté, les patients sont en danger », « Pharmacies trahies », « Ruptures, fermetures, vous soigner devient trop dur ! ». Ensemble, ils montraient leur unité et détermination. « Chaque jour en France, une pharmacie ferme, rappelait Valérie Ollier, présidente de la FSPF 13. Si ça continue, il n’y aura plus de soins de proximité et ça retombera sur les urgences alors que l’hôpital se meurt déjà… »
Un mouvement très suivi, à l’appel de l’intersyndicale USPO et FSPF, soutenu par le président de l’Ordre des pharmaciens Paca-Corse, Stéphane Pichon. / Photo Gilles Bader
À peine visibles, cinq orthophonistes souriantes et deux kinés s’associaient au mouvement, revendiquant une revalorisation de leurs actes et la généralisation de l’accès direct à leur spécialité.