Un compromis fragile. C’est en ces termes que l’on pourrait qualifier le terrain d’entente trouvé par les pays européens ce jeudi sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
L’accord, obtenu après des négociations tendues à Bruxelles, vise à éviter que l’Union européenne arrive sans proposition claire à la prochaine Assemblée générale de l’Onu et à la COP30 qui se tiendra au Brésil en novembre prochain.
« Pour sauver la face »
Au lieu d’un objectif précis, les vingt-sept se sont accordés sur une fourchette de réduction des émissions comprise entre -66,25 % et -72,5 % d’ici à 2035, par rapport à 1990. Si ce chiffre reste provisoire et devra être affiné dans les semaines et mois à venir, le Danemark (qui assure la présidence tournante de l’UE) veut voir en ce compromis un signal fort. L’Europe « est et restera un leader mondial en matière de climat », a affirmé Copenhague.
Simon Stiell, le patron de l’Onu Climat, a salué une décision « importante » tout en soulignant que l’enjeu sera désormais de transformer cette « déclaration d’intention » en mesures concrètes. « Si ces objectifs sont atteints rapidement », l’Europe « a beaucoup à y gagner ». Pour de nombreux observateurs, cet accord permet surtout à l’Union de « sauver la face » sur la scène internationale, en attendant de régler ses différends internes.
Report au 23 octobre
L’absence de consensus sur l’objectif climatique pour 2040 reste un point de blocage majeur. La Commission européenne propose une réduction de 90 % des émissions d’ici cette date. Mais la Hongrie, la République tchèque et d’autres pays, inquiets pour leurs industries, s’y opposent. À l’inverse, le Danemark, la Suède et l’Espagne défendent une approche plus ambitieuse.
La semaine dernière, la France et l’Allemagne ont demandé que la question soit débattue directement par les chefs d’État et de gouvernement lors du sommet du 23 octobre prochain : un report vivement critiqué par les Ong environnementales.
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Ce désaccord intervient dans un contexte politique compliqué : l’extrême droite progresse dans plusieurs pays européens et dénonce ce qu’elle appelle « l’écologie punitive » de Bruxelles.
L’Union européenne s’est déjà engagée à réduire ses émissions de 55 % d’ici à 2030. Mais jeudi, le service de surveillance européen Copernicus a rappelé l’urgence climatique en annonçant des records d’émissions de carbone en 2025, notamment à cause des incendies de forêts cet été. Pour l’instant, l’Europe demeure le quatrième plus gros émetteur mondial, derrière la Chine, les États-Unis et l’Inde. L’enjeu est donc double : maintenir un rôle moteur dans la lutte contre le changement climatique, tout en préservant une certaine unité politique.