Éviter à l’enfant de répéter sans cesse son récit, et donc de revivre son traumatisme. C’est l’un des principes fondateurs des unités d’accueil pédiatrique enfance en danger (Uaped), qui se déploient progressivement en France.
Après une première unité l’an dernier au sein des urgences pédiatriques de Mulhouse , une seconde vient d’ouvrir à l’hôpital de Hautepierre à Strasbourg. Elle permet aux mineurs victimes de violences et de maltraitances de témoigner dans un environnement protecteur.
Créée en partenariat avec la justice, les forces de l’ordre et les hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), l’Uaped rassemble dans un même lieu médecins, puéricultrices, assistantes sociales, psychologues, et enquêteurs. « L’enfant n’est pas transbahuté d’un site à l’autre, à l’hôpital, puis à la police, etc. Ce sont les professionnels qui viennent à lui », résume Éric Bolli, commissaire divisionnaire.
Une vitre sans tain pour les auditions
L’unité strasbourgeoise se compose de plusieurs espaces. Une salle dite “de mise en confiance” est décorée d’un tapis coloré, d’une étagère débordant de jeux de société, de poupées et de puzzles. On trouve aussi dans un coin quelques barres chocolatées. « Ici, les victimes renouent le lien de confiance avec l’adulte », souligne Alexis Walch, médecin référent.
La pièce attenante est plus sobre pour « capter l’attention de l’enfant » : des canapés blancs, une table basse, une caméra dans un angle et une grande vitre sans tain. Les enquêteurs, gendarmes et policiers, y recueillent la parole des victimes. « Ces entretiens sont menés par des professionnels formés, insiste Clarisse Taron, procureure de la République. Il faut utiliser les bons mots, car s’il a peur, un enfant peut se rétracter. Il éprouve aussi des difficultés à se repérer dans le temps et dans l’espace. »
Des examens médico-légaux
Une autre salle est réservée aux examens médico-légaux. « Sur réquisition, nous pouvons procéder à des prélèvements ADN, des examens gynécologiques. Un poupon nous aide à désigner les différentes parties du corps », précise Alexis Walch. Une psychologue prend ensuite le relais. Une assistante sociale est également présente. À chaque étape, le mineur peut être accompagné d’une puéricultrice.
« Cette unité est un lieu de répit, de protection pour que l’enfant amorce, nous l’espérons, un chemin de reconstruction », résume Samir Henni, directeur général des HUS.
Entre janvier et septembre, 600 enfants ont été examinés au sein de l’Uaped de Strasbourg, une vingtaine ont été auditionnés.
L’ouverture de l’Uaped a représenté un investissement de 91 000 € pour les HUS, subventionné par l’Agence régionale de santé, la Collectivité européenne du Bas-Rhin et le ministère de la Justice.