Plus de trois ans et demi après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, les pourparlers pour mettre fin au conflit sont dans l’impasse, tant les positions de Moscou, qui exige que l’Ukraine lui cède des territoires, et de Kiev semblent inconciliables. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a estimé jeudi qu’il fallait « accentuer la pression » sur Vladimir Poutine. D’autant que la semaine dernière, l’intrusion d’une vingtaine de drones russes en Pologne a mis à l’épreuve la défense anti-aérienne du flanc Est de l’Otan. Les Etats-Unis ont annoncé jeudi 18 septembre avoir approuvé la vente de missiles antichars Javelin et leurs lance-missiles à la Pologne, un membre de l’Otan frontalier de l’Ukraine, pour un montant de 780 millions de dollars
Les infos à retenir
⇒ Les Etats-Unis ont annoncé avoir approuvé la vente de missiles antichars à la Pologne
⇒ Donald Trump a exprimé sa déception à l’égard de Vladimir Poutine sur la guerre en Ukraine
⇒ Protéger les infrastructures énergétiques, le « plus gros défi », selon la ministre de l’Energie ukrainienne
Washington approuve la vente de missiles antichars à la Pologne
Les Etats-Unis ont annoncé jeudi 18 septembre avoir approuvé la vente de missiles antichars Javelin et leurs lance-missiles à la Pologne, un membre de l’Otan frontalier de l’Ukraine, pour un montant de 780 millions de dollars. « Cette vente proposée soutiendra la politique étrangère et la sécurité nationale des Etats-Unis en améliorant la sécurité d’un allié de l’Otan qui constitue une force de stabilité politique et économique en Europe », a déclaré dans un communiqué l’Agence américaine de coopération pour la défense et la sécurité (DSCA).
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Le département d’Etat américain a approuvé la vente et la DSCA a fourni la notification requise au Congrès, qui doit encore valider la transaction.
La Pologne est un partenaire clé de l’Ukraine depuis que la Russie a envahi ce pays en février 2022. Craignant la menace russe, la Pologne s’est lancée ces dernières années dans un programme de modernisation rapide de son armée, signant plusieurs contrats d’achat d’armement, principalement avec les Etats-Unis et la Corée du Sud. La Pologne consacrera l’année prochaine 4,8% de son PIB à la défense, comparé à 4,7% prévus cette année.
Donald Trump se dit déçu par Poutine
Donald Trump a exprimé jeudi sa déception à l’égard de Vladimir Poutine sur la guerre en Ukraine, lors d’une conférence de presse avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui a lui appelé à « accentuer la pression » sur le président russe.
Le président américain a quitté le Royaume-Uni en fin d’après-midi, après sa deuxième visite d’Etat dans le pays, marquée par un accueil fastueux du roi Charles III et des entretiens avec Keir Starmer. Elle s’achève sans annonce majeure au niveau politique ou diplomatique. Sur l’Ukraine, le dirigeant républicain a semblé admettre être dans l’impasse. Le conflit « que je pensais être le plus facile à résoudre était » la guerre en Ukraine, « en raison de mes relations avec le président Poutine, mais il m’a laissé tomber. Il m’a vraiment laissé tomber », a-t-il déclaré.
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Nous devons « accentuer la pression » sur Vladimir Poutine, a redit Keir Starmer, qui se positionne depuis des mois comme un intermédiaire entre Donald Trump et les Européens sur ce sujet. « Ce n’est que lorsque le président (Trump) a exercé une pression sur Poutine que celui-ci a réellement montré une certaine volonté d’agir », a affirmé le chef du gouvernement britannique.
Protéger les infrastructures énergétiques, le « plus gros défi »
« La protection » des infrastructures face aux attaques russes « quotidiennes » est le « plus gros défi » du secteur de l’énergie en Ukraine qui s’achemine vers un 4e hiver de guerre, a déclaré la nouvelle ministre ukrainienne de l’Energie, Svitlana Gryntchouk, en visite à Paris.
« Chaque saison de chauffage, chaque hiver durant la guerre pour l’Ukraine, est un grand défi », a souligné Mme Gryntchouk rencontrée par l’AFP en marge d’une réunion de l’Agence pour l’énergie nucléaire de l’OCDE. « Le plus grand défi est de protéger et de sauvegarder les installations énergétiques contre les attaques quotidiennes, avec des centaines de drones et de missiles », a indiqué la ministre qui a récupéré ce portefeuille stratégique en juillet. « Nous avons réparé beaucoup de nos équipements énergétiques après les attaques, mais nous constatons que la Russie continue d’attaquer », souligne Mme Gryntchouk.
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L’Ukraine protège ses installations énergétiques, en recourant à de la protection « physique » (par exemple, des gabions), « avec différentes défenses techniques contre les drones et les missiles, et bien sûr, nous cherchons à renforcer notre défense aérienne ». « L’ennemi a changé de tactiques et nous devons aussi changer notre protection », ajoute-t-elle.
Malgré les mesures, l’année a été « extrêmement difficile pour les infrastructures gazières ». « C’est un défi supplémentaire de (savoir) comment réparer rapidement avant la période froide », dit-elle. Même si l’Ukraine espère avoir dans ces stockages au moins 13,2 bcm (milliards de m3 de gaz) pour passer l’hiver, elle aura besoin d’importer plus de 4,5 bcm supplémentaires, selon la ministre. L’Ukraine prévoit par ailleurs d' »avoir tous ses réacteurs en opération », soit les 9 unités qui sont encore en activité depuis l’occupation par les Russes de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, Zaporijjia, composée de six réacteurs tous mis à l’arrêt.
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En cas de besoin, le pays peut importer pour 2,1 GW d’électricité à travers ses lignes à haute tension connectées au réseau européen. « Notre tâche n’est pas seulement de résister, nous construisons également les bases d’un avenir énergétique plus solide, plus propre et plus sûr », avait déclaré un peu plus tôt la ministre devant des représentants d’Etats et de l’industrie nucléaire.
Avec la guerre, le pays s’est tourné à marche forcée vers la transition énergétique en installant éoliennes et panneaux solaires, de petites unités de production électrique, offrant plus de « stabilité » au système électrique car elles sont « plus difficiles » à cibler, a indiqué la ministre. L’Ukraine veut étendre ses capacités nucléaires, y compris avec de mini-réacteurs, tout en développant les renouvelables et le stockage par batterie ou en barrages.